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Contrôle des algues indésirables dans un aquarium récifal 1ère partie

par Mike Paletta
Rubrique : Technique
Traduction : vonvon
Niveau : Débutant

INTRODUCTION

Après avoir été dans le hobby pendant plus de 20 ans et ayant gardé des aquariums récifaux pour la plupart, une question toujours posée à Mike Paletta est : comment éliminer les algues indésirables. Alors que quelques amateurs trouvent la présence d’algues dans les confins de leur bac comme une bonne idée, c'est maintenant plus de l'exception que la règle. Non seulement ces algues ne sont pas esthétiques, mais cela augmente également le temps qui doit être passé à les contrôler, car si leur croissance n’est pas maîtrisée elles peuvent réduire l’état de santé des animaux présents. Dans le meilleur des cas, les algues relâchent des composés qui jaunissent l’eau du bac, dans le pire des cas elles envahiront les colonies de coraux qui finiront par mourir étouffées. Pour qu'un bac récifal ou marin soit réussi, la quantité d'algues doit être maintenue à un niveau minimum strict pour ne pas mettre en danger les autres habitants du bac. Ceci ne s'applique pas seulement aux microalgues mais également aux algues supérieures prétendus souhaitables, par exemple les algues telles que Caulerpa et Halimeda. Les seules algues considérées comme souhaitable sont les corallines, principalement parce qu'elles empêchent ou retardent la croissance d’autres types d’algues moins souhaitables. La plupart des algues indésirables présentent dans nos bacs sont des « passagers clandestins » présents sur les pierres vivantes et supports de boutures de coraux introduits dans l’aquarium. Il est impossible d'empêcher des algues d'être présentent dans nos bacs, cependant il est possible d’en contrôler la croissance.
Halimeda :

Corallines :
Pour comprendre comment se débarrasser des algues indésirables, il est nécessaire de comprendre exactement ce qu’elles. Les algues sont les formes les plus simples de la flore sur la planète, elles sont présentes sous divers aspects et ce depuis plus de 200 millions d'années. Les microalgues sont unicellulaires et ne peuvent être déterminées qu’au microscope avec l’aide d’un bon guide de référence. Les macroalgues sont de type bien plus grand dont l'observateur non averti peut les confondre avec les plantes terrestres. En fait ces algues sont légèrement plus avancées que les microalgues du fait qu’elles sont définies par des structures telles que les stolons pour s’accrocher au substrat et des frondes qui ressemblent à des feuilles. C’est le fait qu’elles soient si primitives qu'il est difficile de les supprimer complètement, même lorsque aucune algue n'est visible il en reste toujours assez pour que des conditions favorables leur permettent de se développer rapidement.

Microalgues :



On peut se demander pourquoi dans un aquarium on cherche à se débarrasser de macroalgues telles les caulerpes, d’autant que leur utilité à extraire les nitrates et leur esthétisme dans un bac n’est pas discutable. D'abord il n'est pas normal que les macroalgues se développent autour des coraux, dans leur milieu naturel la plupart sont limitées à une zone d’herbiers et ne sont pas une partie du récif en lui-même. De plus, les coraux sont réellement gênés par les algues parce que ces dernières finiront par les envahir par la suite le corail, leur croissance rapide étant problématique pour la concurrence de l’espace disponible. Les algues peuvent également produire des composés chimiques qui empêchent la croissance de corail. Pour ceux qui ont visité certains des aquariums publics logeant des algues, ils auront remarqué un aspect jaunâtre de l’eau, cela étant également le résultat des substances produites par les algues. Cette coloration réduit la quantité de lumière qui pénètre dans l'eau et limite la capacité du corail à prospérer. Il est donc recommandé, pour la réussite d’un bac récifal, de maintenir ces algues hors de l’aquarium principal et de les loger dans un refuge. Il faut savoir que la raison principale d’échec et d’abandon chez les récifalistes vient du fait d’un problème d’algues !

Diverses macroalgues :

Refuge :


La meilleure manière de se débarrasser des algues est de limiter leur introduction dès le début. En effet, dès l’introduction des premières pierres vivantes, il faut de suite essayer à limiter les conditions qui augmentent la croissance d'algues. Les algues exigent une certaines sources nutritives pour prospérer, celles qui prédominent sont les nitrates et phosphates. Ces aliments sont le résultat des processus du métabolisme et décomposition, mais peuvent également être trouvés dans le sel synthétique ou l'eau du robinet. Le soin devrait être pris en choisissant un sel de sorte qu'il ne contienne pas de phosphate ou de nitrate. Dans le cas de l'eau du robinet, si la présence de NO3 ou de PO4 est détectée, il s’avèrera nécessaire d'employer une méthode pour les enlever, par exemple l’osmoseur qui de plus permet de filtrer les métaux lourds. Les valeurs pour les nitrates et phosphates doivent être proches de zéro autant que possible.

Petite invasion d'algues :

Il est recommandé de garder des niveaux de nitrate et de phosphate aussi bas que possible, de préférence à zéro. Même lorsqu'un seul de ces composés sort de l'équilibre, un type particulier d'algues peut commencer à prédominer. Dans le système de Mike Paletta, ce dernier a constaté un rapport suivant les niveaux nutritifs et la croissance d'algues. Quand le niveau de phosphate est plus élevé comparé aux nitrates, les Bryopsis prédominent, inversement ce sont les algues filamenteuses formant un gazon qui prospèrent. Puisque aucun amateur ne peut maintenir un biotope comparable à celui de l'océan, il est nécessaire d'utiliser des moyens spécifiques pour ramener le taux de nitrate et de phosphate suffisamment faible, permettant ainsi de garder le contrôle sur la croissance des algues. Pour réduire le niveau de nitrates plusieurs méthodes peuvent être utilisées, comme l'utilisation de filtres pour dénitrifier, de refuges de boue avec caulerpes, dénitrateur sur soufre (DAS pour Dénitrateur Autotrophe sur Soufre), lits de sable épais (DSB pour Deep Sand Bed) ou effectuer des changements d’eau plus conséquents sur une période plus courte. Les filtres de dénitrification ont été utilisés en aquariophilie marine et récifale pendant longtemps, les filtres à débit continu pouvant de manière significative réduire le niveau de nitrate. Ces filtres utilisent les bactéries anaérobies pour convertir le nitrate en azote. Ces bactéries sont maintenues dans une chambre exempte d'oxygène et leur source d’énergie est fournie sous forme d'alcool ou de solution de sucre pour nourrir leur activité. Les deux méthodes les plus utilisées sont les DSB et les refuges algales annexes comprenant des caulerpes sur lit de boue. L’utilisation du DAS basé sur le soufre sur lequel la population des bactéries anaérobies s’alimente vient des Etats-Unis, sa popularité s’est vite répandue en Europe pour sa simplicité d'utilisation mais plus en adéquation avec les aquariums marins où ne sont maintenus que des poissons (FO pour Fish Only).

Bryopsis :

Lit de sable épais (DSB) :

Dénitrateur autotrophe sur soufre (DAS):


Malheureusement aucune de ces méthodes pour la dénitrification n'a beaucoup d'impact sur l'enlèvement de phosphate. Le phosphate est un composé problématique parce que c'est non seulement une source nutritive pour les algues, mais il agit également en tant qu'inhibiteur pour la calcification, ce qui empêche la croissance du corail. Le phosphate est présent dans l'aquarium sous deux formes : inorganique (orthophosphate) et organique. Malheureusement il est difficile de mesurer cette dernière forme avec les kits de mesures traditionnels. De plus, elle peut être consommée par des algues aussi rapidement qu'elle est libérée, ainsi à la lecture d’un test on mesure un niveau bas voire nul alors qu’il y a toujours une présence significative de phosphates. Par conséquent, pour la plupart des amateurs, le meilleur moyen de déterminer la présence de phosphates est d'observer la croissance des algues.

Heureusement on trouve sur le marché divers produits permettant de réduire le taux de PO4. Ces produits sont à base d’oxyde d’aluminium sous forme de billes ou bien sous forme de résine d’alumine. Mike Paletta a employé plusieurs de ces composés pour pouvoir faire une étude comparative. Selon sa propre expérience et en raison des résultats de ces études, il utilise exclusivement RowaPhos. Ce composé est une forme traitée d'hydroxyde ferrique, dans ses bacs c'est le seul produit qui lui a permis de contrôler les algues Bryopsis malgré une charge organique élevée et une alimentation lourde. Il est facile de prévoir le remplacement du produit, sa saturation de capacité de traitement se traduit par l’apparition de blocs minuscules de Bryopsis, après remplacement du produit l’algue finit par disparaître au bout d’une semaine ou deux.
Pour plus d’explications il est intéressant de lire ce topic et cet article : topic / article.


Comme mentionné ci-dessus, il est nécessaire de garder le niveau des sources nutritives très bas dès le début, en effet il est plus facile de le maintenir bas que de le réduire une fois que les sources nutritives ont atteint un niveau critique. Cela commence par les pierres vivantes, elles ne doivent pas être immédiatement introduites dans le bac, à moins que les déchets qu'elles produisent puissent être facilement enlevés. En effet, suite au long voyage souvent à sec qu’elles parcourent, une partie des animaux présents sur les pierres vivantes meurent ce qui engendre une pollution et par ce biais une manne nutritive pour les algues indésirables. Ainsi, la première étape est de permettre à ces pierres d’être « traitées », de sorte que les animaux morts puissent être enlevés pour ne pas apporter une pollution au bac. Pour conditionner les pierres vivantes il faut les placer au préalable dans un récipient, une bassine voire une grosse poubelle suivant la quantité, où de l'eau de mer neuve et à température a été préparée. Le récipient ne devra pas recevoir un éclairage trop fort pendant cette période d’acclimatation et l'eau doit être brassée avec une ou plusieurs pompes. En outre, tout animal mort trouvé sur la roche devra être enlevé avec une brosse ou en soufflant dessus avec le rejet d’une pompe. Pendant cette période les pierres vivantes peuvent avoir une légère ou forte odeur de décomposition. Après deux semaines, un changement d’eau de l’ordre de 20% devrait être entrepris pour enlever les détritus qui se sont déposés sur le fond. Une fois que le niveau de nitrates a chuté à zéro, normalement au bout de deux à quatre semaines, et qu’il n’y a plus rien en décomposition sur la roche, l’introduction des pierres vivantes dans le bac peut être fait. Maintenir un taux bas de NO3 pendant cette période d’acclimatation, enlever les détritus accumulés et sédiments produits par les pierres vivantes permet un développement minimum des microalgues sur la roche. Après introduction des pierres dans le bac et au bout de 2 semaines, un gros changement d’eau peut être effectué et l’emploi de résine anti-phosphate peut être effectué pour maintenir les niveaux de NO3 et PO4 aussi bas que possible.

Pierres vivantes prêtes à l'inspection :



FIN DE LA PREMIERE PARTIE


Origine des textes :


« Controlling Problem Algae in the Reef Aquarium » par Mike Paletta


Liens :


http://www.marinedepot.com/homepage.asp

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