Mensuel internet des micro et nano aquariums récifaux

édiTo octobre 2007

nanoZine numéro 19 !

Au sommaire de ce numéro :
  • Histoires de Zoanthus - Géka
  • Le peuplement d’un bac de moins de 200 litres : un numéro d’équilibriste (2/3) - Kactusficus
  • Les relations hétérospécifiques dans nos aquariums - JLC
  • Visite de Océanopolis (Brest) - N_Dadou
Bonne lecture

JLC

Histoires de Zoanthus

Rubrique : Vivant
Auteur : Géka
Niveau : Tous

Qui ne s’est jamais émerveillé devant une magnifique colonie de Zoanthus, exposée dans un bac de vente ou d’exposition ?

Les petites anémones coloniales, grâce à leur facilité de maintenance, leurs différences de formes et leurs couleurs magnifiques, sont des habitants « clé » de nos nano-récifs, que l’on soit novice ou très expérimenté. Certains vont même jusqu’à concevoir des bacs peuplés exclusivement de Zoanthus spp., mélangeant leurs différentes couleurs. Cependant, malgré une facilité certaine, nos très chers Zoanthus sont compliqués à comprendre. Ils changent de couleurs sans que l’on sache réellement pourquoi, au plus grand désarroi du récifaliste qui aurait aimé conserver ses Zoanthus tels qu’il les avaient observés chez son poissonnier. Nous essayerons ici de d'expliquer pourquoi nos chers amis changent de couleur et nous expliquerons comment réagir afin de leur faire retrouver une couleur éclatante…
Facilité de maintenance
En effet, les Zoanthus spp. sont des habitants de choix pour les débutants. En milieu naturel, la plupart des colonies de Zoanthus vivent dans les milieux turbides, c'est-à-dire dans les milieux où il y a une forte concentration en nutriments. Il arrive fréquemment qu’à marée basse, les immenses colonies soient frappées de plein fouet par l’écume. C’est pourquoi, dans un bac de novices, dépourvu d’écumeur, les Zoanthus prospèreront et coloniseront rapidement le substrat, à condition toutefois que l’éclairage y soit adéquat…
Importance de l’éclairage
Bien que les Zoanthus soient assimilés le plus souvent à des coraux mous, ayant peut être un besoin moindre en luminosité, il n’en n’est pas de même pour les Zoanthus, qui ont des besoins précis en matière de brassage (nous le verrons plus tard) ainsi qu’une qualité d'éclairage optimale.
A l’heure actuelle, je privilégie les T5 ou les fluo-compacts (avec un ratio blanc bleu de l’ordre de 50/50) pour maintenir Zoanthus car, à mon sens, et à contrario des USA, nos ampoules HQI n’ont pas un spectre réellement adapté. Si nos HQI ne sont pas associés à de nombreux T5 bleus, nos Zoanthus vont progressivement changer de couleur et devenir marrons. C’est donc pour pallier à ce changement que j’ai décidé de faire quelques tests depuis le début de mon bac en décembre 2006, qui m’ont permis de comprendre un peu mieux mes habitants…
La théorie : basée sur l’observation
Depuis que mon bac tourne, un phénomène m’a frappé et je pense que certains d’entre vous l’ont déjà observé. J’ai divisée en deux une colonie de Zoanthus que j'ai placées à deux endroits différents dans mon bac. Les colonies se sont développées mais j’ai remarqué que les deux colonies filles évoluaient et n’avaient pas la même couleur.
Je me suis donc posé la question : Qu’est ce qui avait pu influer dans ce changement de couleur? Ce ne pouvait pas être les paramètres et la composition de l’eau car elles se trouvent toutes les deux dans le même bac. J’ai donc supposé que cela devait venir de la différence d’emplacement. Une d’elle se trouve dans le bas du bac avec un faible brassage et l’autre se trouve deux centimètres plus haut que la première mais avec un brassage plus important.
Par cette observation j’ai constaté que le brassage pouvait jouer sur la couleur de nos protégés.

J’ai donc essayé avec une autre colonie de Zoanthus et j’ai constaté que celle –ci avait d’autres besoins. En effet elle perdait sa couleur rose « flashy » avec un brassage plus fort et un éclairage plus puissant, je l’ai donc baissée de 5cm, profitant également d’une baisse de brassage (protégée par une autre pierre).
J’ai observé cela en l’espace de quelques mois, et désormais je peux affirmer que chaque Zoanthus sp. a des besoins propres en matière d’éclairage et de brassage afin de nous émerveiller de leurs plus belles couleurs.
La pratique :
Assez facile à mettre en place, vous avez deux possibilités :
  1. Vous disposez votre bouture à un endroit de votre bac en prenant en compte les niveaux de brassage et d’éclairage :
    • Fort brassage Faible éclairage
    • Fort brassage Fort éclairage
    • Faible brassage Faible éclairage
    • Faible brassage Fort éclairage

    • Si au bout d’un mois, vous constatez un changement apparent, par exemple une augmentation de la couleur, c’est que vous avez trouvé le bon emplacement mais si en revanche la couleur s’estompe, changez de place votre bouture à un endroit ou l’un des paramètres change.
      Ici, la bouture a été déplacée d’un brassage fort à un brassage modéré, le bleu est plus prononcé.

  2. Je place quatre boutures (un ou deux polypes suffisent) d’une même colonie à quatre endroits différents (paramètres éclairage / brassage différents) que je fixe sur les vitres avec des ventouses.

    Je les laisse vivre leur vie pendant quelques temps et observe les changements. Lorsque j’ai pu juger du meilleur emplacement pour cette variété de Zoanthus, je place la colonie mère à un endroit où les paramètres sont les mêmes que l’endroit où la bouture « cobaye » a donné sa plus belle couleur.
Intéressons nous ici à la bouture du milieu, une autre photo de la même bouture à un endroit différent.
Le bleu est plus profond sur la deuxième, le centre qui allait légèrement sur le marron sur la première a laissé place au bleu sur la deuxième…Verdict : Cette variété de Zoanthus a besoin de plus de lumière et d’un brassage moyen.

Un autre changement de couleur entre ces deux colonies issues de la même colonie mère.
Sur la photo de gauche (fort brassage, éclairage moyen), la bouche est rose avec un cercle marron puis un panache rosâtre alors que sur la photo de droite (fort brassage, fort éclairage) le cercle marron à laissé sa place au rose vif.

Donc le but de cette technique est de pouvoir à plus ou moins long terme, déterminer et de référencer les besoins spécifiques de chaque Zoanthus sp. afin que chacun de nous puisse un jour contempler un magnifique Zoanthus Paradize.

Le peuplement d’un bac de moins de 200 litres : un numéro d’équilibriste (2/3)

Rubrique : Vivant
Auteur:Kactusficus

Niveau : Tous

Seconde partie: Petit panorama des possibilités selon le litrage :

Note: les volumes indiqués referent au volume brut de bac, selon ses mesures, et non en volume d’eau net, car ces repères seront plus faciles à mémoriser.

En dessous de 30 litres, la maintenance d’un poisson est fortement déconseillée. Peuplez votre bac d’une ou deux crevettes, de quelques escargots et Bernard l’Hermite, éventuellement d’un crabe Mithrax ou d’un ou deux Lybia Tesselata… Tout aussi passionnants !

En dessous d’une soixantaine de litres, le peuplement en poisson est une question qui divise les aquariophiles. Les plus intransigeants d’entre nous diront « pas de poissons sous 60 litres ». Mais nous sommes humains, et nous savons tous comme il est difficile de résister à la tentation. D’après les centaines de points de vues et expériences que l’on peut lire sur internet ou entendre lors de conversations, il semblerait que la maintenance d’un petit Gobie sp. (voire d’un couple) et selon les espèces, de sa crevette Alpheus sp. symbiotique, soit tout à fait concevable, et ne nuise pas au bien être des animaux.

Les gobies:
* Genre Amblyeleotris sp. d‘environ 6 à 8 cm (Randalli, Periophthalma, Fasciata, Guttata, Aurora…) tous à associer avec une crevette alpheus (crevette pistolet)

* Genre Cnenogobiops sp. (Feroculus, Crocineus, Tangaroai… dans les 5/6 cm) idem que précédents

* Genre Amblygobius sp. (Hectori, Rainfordi, Nocturnus, et tous ceux dont la taille 5 à 8 cm adulte)… Mais pas le Phalaena, ni le Sphynx, beaucoup plus grands à l’âge adulte (plus de15 cm). Les amblygobius ne sont pas commensaux des alpheus, car ils ne vivent pas en terrier. Certains, comme le Rainfordi, sont réputés très délicats et difficiles à acclimater à la nourriture de substitution. Si le gobie ne mange pas de la nourriture donnée par le soigneur, et qu'il doive compter sur un faible volume pour trouver son comptant de micro et macro-faune, alors ses chances de survie seront faibles. Ne prendre que des individus acclimatés à la nourriture de substitution est un minimum requis, dont il faut s'assurer avant l'achat.

* Genre Stonogobiops sp. (Nematodes, Dracula, Yasha, Xanthorhinica…). De petite taille (environ 5 cm), il est permis, voire recommandé, d’avoir un couple de poisson avec une crevette Alpheus. Très timides, vous gagnerez beaucoup à les prendre en couple, ce qui les encourage à sortir.



* les Cryptocentrus Cinctus ou Leptocephalus (8 cm), à maintenir avec une crevette alpheus. Les autres Cryptocentrus (Cyanotaenia, Fasciatus), plus grandes, seront à réserver à partir de 80/100 litres.

* les gobies du genre Eviota sp., et du genre Trimma sp. portant parfaitement leur nom de Gobies Pygmées, avec leur taille moyenne de 2cm, sont assez rares. Sans souci en petit volume, en raison de leur taille minuscule, bien sûr, voir même déconseillés aux gros volumes, sous peine de ne jamais les apercevoir ! Ils semblent avoir une espérance de vie très réduite.

* idem pour tous les représentants du genre Gobiodon sp. (Okinawea, Histrio, Rivulatus, Quinquestrigatus…). Ils sont tous de taille lilliputienne (3 cm de moyenne) sauf Gobiodon Citrinus, qui atteint 6 cm. Attention cependant, pour les amoureux de coraux SPS : les Gobiodons habitent dans la nature dans ce genre de coraux, et il arrive (notamment lors du frai) qu’ils en attaquent les pieds pour faire leur nid.

* les Gobiosoma sp. (aussi appelés Elacatinus sp.), gobies évoluant en pleine eau, ne s’associent pas avec les Alpheus. Leur taille, d’environ 4 à 5 cm, est parfaite pour les petits volumes.

* On pourra aussi se tourner vers Signigobius biocellatus (7 cm environ), dont la maintenance est quasi obligatoire en couple, sans alpheus. Poisson timide. Ses exigences alimentaires délicates n’en font pas un poisson pour débutant.



Autres poissons possibles :
Une autre possibilité est d’introduire un Assessor sp. (Flavissimus le jaune, et McNeilli le bleu), extrêmements rares à trouver en Europe, ils sont petits (4 à 6 cm) et paisibles. Timides, ils vivent à proximité d’une grotte. Il semblerait que ce soit des incubateurs buccaux. Ils sont de la famille des poissons comètes, et donc, des mérous.

Les exceptions:
*Proscrire les Valenciennea Strigata et Wardii en dessous d’un volume de 200 litres, en raison de leur taille adulte (14 cm). Les Valenciennea Puellaris ou Randalli, d’une moyenne de 8 /10 cm, seront quand à elles à éviter dans un volume de moins d’une centaine de litres. Attention elles ont toutes la réputation de sauter hors du bac et de semer un peu partout le sable qu’elles déplacent avec leur gueule, il existe donc un risque qu’elles stressent les coraux, surtout en petit volume.

* Labroides Dimidiatus est à éviter en petit volume, et à mettre en compagnie de gros poissons seulement. Il prend son rôle de nettoyeur de poisson très au sérieux, et s’il rend de fiers services aux grands poissons, il fait souvent peur aux petits et les stresse en les harcelant.

* A noter que le gobie Lythrypnus dalli, ou Gobie de Catalina, n’est absolument pas conseillé en récifal. Malgré sa petite taille et sa beauté éclatante, ne craquez pas pour cette petite merveille, qui, vivant en eau tempérée, ne supporte pas les températures de plus de 22 degrés, et mourra rapidement en milieu récifal classique (où nos températures sont plus élevées). A moins de ne créer un micro-récif spécialement tourné autour de ce petit poisson ?



A partir de 80/100 litres, de nouvelles familles peuvent venir peupler le bac, à condition de rester très raisonnable sur le nombre de pensionnaires.

Quelques possibilités:
- De nombreuses personnes font l’expérience du bac spécifique dédié au trio vedette de l’aquariophilie marine : couple d’Amphiprion sp. et leur anémone-hôte. A condition qu’ils soient les seuls poissons du bac, s’il y a introduction de l’anémone, pour éviter la prédation de l’anémone sur d’autres poissons qui se feraient très certainement attraper par les tentacules, si le volume du bac est modeste. Une anémone atteint couramment un diamètre de 50 centimètres, aussi il convient de rester prudent sur les animaux introduits en sa compagnie (et attention aux pompes de brassage !). Les espèces d’Amphiprion seront à votre convenance, sans restriction (sauf peut être eviter le Premnas de près de 18cm une fois adulte), puisque seuls, et en compagnie d’une anémone, ils ont un comportement très « casanier », et ne sortent que peu de leur hôte. Il n’en est pas de même si vous souhaitez introduire un couple dans un bac sans anémone, car les clowns auraient alors un comportement beaucoup plus « aventureux », surtout s’ils ne trouvent pas d’hôte de substitution à leur goût. Il faudra alors se canonner aux espèces de taille modeste, et au comportement pacifique : Ocellaris, Percula, Peridaion.




- Dans un bac d’une centaine de litres, quelques petits poissons peuvent cohabiter en harmonie, si vous choisissez une option récifale classique. On peut aller vers :
* les Apogon sp. (Pterapogon Kauderni, Sphaeramia Nematoptera – l’ « apogon pyjama », Apogon Leptacanthus…), dont la taille varie entre 5 et 7 cm, est dont le comportement très paisible, voire statique, en fait un poisson idéal pour les volumes modestes.

* les Pseudochromis sp. : diadema (jaune dos magenta), fridmani (violet), porphyreus (magenta), paccagnellae (mi jaune mi magenta), fuscus (beige), springeri (bleu et noir), de taille comprises entre 5 et 7 cm, sont des espèces paisibles, sauf les paccagnellae et diadema appelé communément Vanille-fraise, qui peuvent se montrer assez teigneux envers les nouveaux arrivants.

* les Nemateleotris, decora, magnifica ou helfrichi (très rare), petit poisson fléchette de 6 à 7 cm, paisible avec les autres espèces, agressif intra communautairement (n’en maintenir qu’un ou un couple etabli, dans le cas d’un volume réduit, car il y a risque de les voir se battre). Attention poisson sauteur…

* les petites Blennies du genre Ecsenius sont un excellent choix pour le micro-récif, à partir d’une centaine de litres. Elles peuvent être très petites, comme la Bimaculatus (4 à 5 cm), ou la Gravieri (5 cm) ou relativement grandes, d’une douzaine de centimètres, comme la Midas et la Bicolor. Ce sont des poissons calmes et sympathiques, qui aiment à trouver un trou de roche d’où ils pourront observer l’ensemble du bac. La Midas se différencie par un comportement beaucoup plus sociable, puisqu’elle aime nager en compagnie de poissons ayant un peu les mêmes teintes qu’elle (dans la nature, avec des Anthias), et se comporte quasiment comme un poisson de pleine eau.



* les Pseudochromidés du genre des Liopropoma sont enfin un autre bon choix, mais ils sont rares à trouver, et donc chers. Dans la littérature, ils sont souvent préconisés pour de plus grands bacs, mais la pratique montre que dans les aquariums assez vastes, on a très peu de chance d’apercevoir ce poisson très timide. Centrer un bac d’une centaine de litre autour de la maintenance d’un couple de ces ravissants poissons peut donc être une idée à retenir. C’est un poisson casanier, qui nage peu, et aime à rester devant une grotte. Il ne souffrira donc pas de l’espace réduit. Liopropoma Carmabi et Swalesi (autour de 5 cm), et Rubre, communement appelé Garde Suisse, un peu plus facile à trouver (6 cm). Attention, il semblerait que certains individus soient friands de crevettes…



On passe à 130/150 litres, et le choix commence à être vaste ! De nouvelles familles sont envisageables, en plus des précédentes. Mais toujours avec modération, bien sûr… Un seul poisson dépassant les 10 cm adulte est recommandé dans ce genre de volume.

* les Faucons, famille Cirrhitidae. Ces poissons sont très intéressants à observer, sympathiques, intelligents, ils reconnaissent très vite leur « maître ». Posé dans un corail ou sur une roche, ils observent les alentours avec attention, et sont très curieux. Leur gros défaut est de se nourrir, dans la nature, de crevettes, goût qu’il garde en captivité. Cela en fait des hôtes peu compatibles avec nos micro-récifs, puisque quasiment tous les micro et nano récifalistes ont la passion des crevettes. Cependant, Il existe des variantes assez importantes dans cette famille, et certaines espèces peuvent être maintenues en cohabitation de grosses crevettes adultes (Stenopus, Lysmata).

Cirrhitichthys falco, 7 cm, est par exemple plutôt compatible, car avec sa petite taille, il y a peu de chance qu’il s’attaque à une Lysmata de 5 cm. N’essayez cependant pas la cohabitation avec des crevettes juvéniles, ou encore des Thors ou des Periclimenes, surtout si celles-ci n’ont pas d’anémone-hôte !
Témoignages mitigés avec l’Oxycirrhites Typus, qui, avec son « bec » long et effilé, devra se contenter de regarder les grosses crevettes, mais qui d’un autre côté peut se révéler agressif. Idem avec Neocirrhites armatus, les témoignages divergent.
Par contre, Cirrhitichthys aprinus, sera quand à lui à éviter résolument, car il peut attraper une crevette adulte, et est particulièrement agressif.




* Certaines demoiselles. En l’occurrence, celles qui sont à maintenir seules ou en couple, et non en groupe. Il existe cinq grands genres, au sein de cette famille (hors Amphiprion, qui sont aux aussi de la famille des Pomacentridae) : le Abudefduf, les Chromis, les Chrysiptera, les Dascyllus et les Pomacentrus. Les Abudefduf sont trop grandes pour le micro récif (15 cm minimum). Les Chromis sont à maintenir en banc, ainsi que les Dascyllus, et sont donc peu adéquates à un volume réduit. Reste les deux autres, qui s’accommoderont d’une maintenance en solitaire ou en couple.
Les Chrysiptera, peu délicates, faciles à nourrir et à maintenir, sont souvent un choix de référence pour les débutants. Attention, leur agressivité n’est souvent pas légendaire, et est accrue par le manque d’espace. Leur taille varie entre 6 et 9 cm. Les plus répandues sont C. Cyanea, C. Taupou (plus pacifique), C. Springeri (à maintenir en couple) et C. Parasema (la plus agressive de ce genre, déconseillée). Chrysiptera Rollandi est au contraire particulièrement pacifique.
Certaines Pomacentrus, comme P. Moluccensis, d’un beau jaune, P. Amboinensis, aux reflets multiples, ou P. Aleni, bleu métallique, se maintiennent en solitaire. P. Similis, elle, est à garder en couple.

* les Ptereleotris sp., ou poisson fléchette. A maintenir seul ou en couple, car si, jeunes, ils sont en groupe, ils deviennent solitaires une fois adultes. Ce sont des poissons de pleine eau, actifs et moins timides que leurs cousins Nemateleotris. Taille adulte : Ptereleotris Evides 12 cm, P. Zebra 10 cm. A maintenir dans un bac proposant une bonne couche de sable et de nombreuses possibilités de cachette. Attention poisson très sauteur…




* les Gramma sp. (Loreto, moitié magenta et moitié jaune, Melacara, entièrement violet à « capuche » noire, et Brasiliensis, ressemblant au Loreto de très près), sont des poissons assez territoriaux, mais plus menaçants que réellement dangereux. Taille de 8 à 10 cm adulte. Ouvre une gueule démesurée pour faire fuir les autres poissons. A recommander seulement à partir de 150 litres, car du fait de leur territorialité, les autres poissons ne se sentiraient pas à l’aise s’ils subissaient cette intimidation permanente, en cas d’espace trop réduit.



A partir de 200 litres, le choix selon la taille des poissons ne change pas tellement. On gardera une population de petits poissons, de taille maxi adulte de 12 cm environ. Les grosses nouveautés, dans ce groupe de peuplement, viennent d’autres facteurs que la taille des spécimens. A partir de 200 litres, on pourra tenter le petit banc de demoiselles, et la maintenance de petits nageurs de pleine eau, car l’espace, s’il est correctement aménagé, le permet.

* Comme nous le disions, d’autres membres de la famille des Demoiselles deviennent accessibles. Il s’agit de celles qui s’introduisent en groupe, sachant qu’un groupe n’est maintenable qu’à partir d’un certain litrage, bien sûr ! On considère qu’un groupe de 5 individus est un bon départ. A ce nombre, on comprendra qu’il est délicat après de trouver de la place pour d’autres espèces, dans un volume réduit… Il faudra donc bien réfléchir, car les limites de densité de population seront vite atteintes. L’introduction d’un nombre plus réduit d’individus peut provoquer une crise de dominance chez les demoiselles, elles risquent alors de se battre jusqu’à la mort de plusieurs d’entre elles, à fortiori si le nombre de cachettes disponible est réduit. Un décor bien aéré avec plusieurs grottes, ou de grandes pièces de coraux branchues sauveront, dans la majorité des cas, la situation. Le groupe est à introduire dans le bac en même temps, et plutôt en dernier, ces poissons ayant parfois du mal à tolérer de nouveaux venus.

Quelles sont ces demoiselles grégaires ? Les Chromis dont la taille varie amplement: 5 cm pour les Chromis Retrofasciata, 7/ 8 cm pour Chromis Cyanea et C. Viridis, jusqu’à 10 cm (C. Caerulea et C. Iomelas), voire 17 cm (C. Analis) ! Il est donc très important de savoir différencier les espèces, et ne pas prendre n’importe qui !
Les Dascyllus, qui ont l’air mignonnes, comme ça, mais ne le sont pas souvent, en réalité. Agressives envers leur espèce, envers les autres poissons, envers la main qui les nourrit… Un choix à méditer, d’autant plus qu’elles ont besoin d’espace. Selon toute vraisemblance, un groupe de ces demoiselles semble peu compatible avec un système de moins de 300 litres.
Enfin certaines Pomacentrus, comme P. Coelistis, sont elles aussi de mœurs grégaires.




* Les petits Labres. Nageur émérite, Pseudocheilus Hexateania se plaira, à partir de 200 litres, dans un bac leur réservant un maximum de parcours de ballade. Plus timide et moins sportif, Macropharyngodon Bipartitus, d’une petite dizaine de centimètre, est un hôte magnifique, il peut donc être maintenu en volume modeste. Attention à son goût potentiel pour les petites crevettes. Il se nourrit, en outre, beaucoup sur la micro-faune disponible du bac, et picore inlassablement sur les roches du bac. Prévoir un refuge annexe pour cultiver les copépodes et amphipodes. Idem pour son cousin Macropharyngodon Meleagris. Ils consommeront tout de même avec entrain la nourriture de substitution, s’ils ont été bien acclimatés par votre revendeur.

Rare et cher, et tout à fait compatible en micro recif à partir de 150 litres, Wetmorella triocellata ou W. albofasciata, d’une taille de 5cm, ainsi que le Wetmorella Nigropinnata, le cousin d’environ 7 cm, sont des poissons timides mais très sympathiques.

D’autres petits labres comme Cirrhilabrus Rubripinnis (moins de 9 cm), sont parfait en un tel volume, si l’on désire maintenir un couple, voire un trio. Il est à noter que la plupart des représentants du genre Cirrhilabrus sont rares dans le commerce, donc onéreux, et assez difficiles à acclimater. A réserver plutôt aux récifalistes chevronnés. Après la période d’acclimatation, ce sont cependant des poissons assez solides, sociables et tout à fait magnifiques. Attention les labres peuvent sauter hors du bac.

* les Centropyges, sont tout à fait acceptables dans 200 litres, du moment qu’ils disposent de nombreuses cachettes et de grands espaces de nage, sans pour autant que ce soient des poissons d’eau libre. En fait, ils adorent virevolter entre les pierres. Ils seront à maintenir en solitaire, malgré le fait que certains d’entre eux vivent en groupe dans la nature. Les plus petits, entre 6 et 7 cm, sont l’Argi, l’Acanthops, le Resplendens (rare), puis, un peu plus grand, environ 10 cm, il y a C. Aurantonotus, et C.Heraldi parmi les plus connus. Egalement adéquat, si vous le trouvez, C. Aurantia, rare.

C. Eibli, quand à lui, est un peu plus grand (13 cm environ), et semble de plus avoir, selon divers témoignages, un sérieux penchant pour la dégustation de polypes. C. Flavissima est aussi grand, mais semble plutôt friand d’algues filamenteuses.
Même si le risque de grignotage des coraux est toujours un risque chez les individus de la sous-famille des Centropyge, certains sont réputés particulièrement gourmands en polypes, comme C. Bispinosus, C. Bicolor, C. Potteri, et le pourtant « best seller » Loriculus… Cependant, il se peut que votre Centropyge n’ait jamais l’envie d’y toucher, les « personnalités » diffèrent entre specimen. Une introduction à réfléchir, si vous êtes du genre « acro aux acroporas »...

Les cas particuliers
Poisson de petite taille ne veut pas forcément dire poisson adéquat au micro-récif.

Par exemple :
* Les petits Serrans, comme Serranus Tortugarum (7 cm) ou Serranus baldwini (12 cm) ne sont pas recommandés en micro recifal, du fait de leur goût pour les crevettes, voire même les petits poissons…

* Les Salarias Fasciatus, au régime ultra spécialisé, ne survivront généralement pas en petit volume, ayant un gros besoin en algues filamenteuses, et refusant assez souvent la nourriture de substitution.




* Les Synchiropus (Spendidus, Ocellatus, Picturatus), communément appelés Mandarins, ont, de même, un régime très spécifique, composé quasi uniquement de petits animalcules benthiques, copépodes, amphipodes… La grande majorité des spécimens refusent la nourriture de substitution, et même s’ils acceptent, il est dit que leur organisme ne profite pas de la même façon d’une nourriture de substitution, et que les animaux finissent de toute façon par mourir, carencés. Il est donc considéré que le minimum requis pour la maintenance de cette espèce est un bac de 300 litres très mûr, et donc offrant de la micro faune à profusion. Cependant, des expériences réussies de maintenance en micro-récif sont avérées, si le poisson acheté a été sélectionné avec soin (mangeant obligatoirement de la nourriture de substitution), et si le bac profite de certains aménagements : refuge annexe, culture de caulerpe servant à la prolifération de la micro faune, ajout de copépodes vivants achetés dans le commerce.

Enfin, chaque bac est unique, et sa population le sera aussi. Nous recommandons de bien réfléchir, en amont, à celle-ci, de ne pas se décider sur tel ou tel animal avant de s’être documenté sur lui, ses besoins et son comportement, et de toujours bien articuler chaque ajout avec la population en place. Chaque animal acheté est un être vivant qui a été prélevé dans la nature, ou le fruit d’un élevage qui « fabrique » des poissons pour que nous puissions les contempler dans nos bacs. Le respecter et faire en sorte qu’il vive le plus longtemps possible dans des conditions optimales est le minimum que l’on puisse faire en contrepartie.



Rendez vous le mois prochain, avec la fin de l'article, sous forme d'un tableau récapitulatif des espèces, leurs caracteristiques et le litrage conseillé.

Les Associations hétérospécifiques dans nos aquariums

Rubrique : Vivant
Auteur : JLC
Niveau : Tous

L’incroyable biodiversité des zones récifales a multiplié les interactions et les évolutions des animaux le peuplant. Dans ces circonstances exceptionnelles, en parallèle des composantes classiques du réseau trophique, liant les producteurs, consommateurs et décomposeurs dans des relations prédateurs-proies ou de concurrences, ce sont aussi développées des liens de coopérations durables entre espèces ou associations hétérospécifiques. Ces liens se nouent à des niveaux physiologiques ou comportementaux, vont de relations temporaires, ou facultatives, à des coopérations indispensables à la survie d'une espèce, les avantages peuvent être réciproques entre partenaires ou n'être profitables que pour un seul. Voici un petit topo sur ces comportements fascinants.

Généralités
Les relations symbiotiques présentent nécessairement des bénéfices pour la survie des espèces ayant développées ce comportement, principalement :
  • Les apports nutritionnels qui vont du partage, parfois involontaire, des repas à des liens physiologiques, par exemple ceux unissant des algues (producteurs autotrophes) aux coraux (animaux hétérotrophes, consommateurs primaires),
  • L'élimination des parasites et des infections (par les animaux familièrement appelés 'nettoyeurs'),
  • La protection contre la prédation.
Ces relations sont cataloguées en fonctions des divers aspects d'union entre espèces (interspécifiques).

Union indispensables et durables entre espèces
  • Les symbioses ou associations symbiotiques ont été décrites par De Bary dés1879. Le terme de symbiose est souvent utilisé pour citer toutes les associations hétérospécifiques alors qu'il signifie seulement celles où un partenaire ne peut mener une existence indépendante en dehors de la cohabitation symbiotique. Une symbiose peut être profitable qu'à une espèce, l'autre ne subit cependant pas de préjudice, il s'agirait de parasitisme dans le cas contraire. En résumé, une symbiose désigne précisément une association bénéfique et obligatoire entre deux partenaires ou symbiotes.

  • Le mutualisme est une association similaire mais précise que les deux partenaires tirent un profit réciproque (mutuel) et ne peuvent survivre que par cette union.
Relations non vitales entre espèces
  • La carpose est le terme général qui désigne les associations facultatives, non physiologiques, profitables pour une espèce partenaire.

  • Le commensalisme est une association entre deux espèces partageant une même source de nourriture (relation trophique). C'est généralement une petite espèce qui exploite avec avantage les miettes ignorées par une plus grande. Dans cet exemple cette dernière ne tire aucun intérêt dans cette association mais l'avantage peut également être commun, avec une véritable coopération.

  • La parécie est une forme de carpose où un des symbiotes bénéficie de la protection que lui apporte son hôte. Très généralement Les relations symbiotiques avec les anémones sont des parécies. L'entécie étant la forme d'hébergement interne de ce type de locataire.

  • La phorésie désigne les comportements dans lesquels une espèce est transportée par une autre. L’exemple type est celui des poissons rémoras, dans cet exemple le poisson hôte ne tire aucun bénéfice de son compagnon.

  • Le Symphorisme est une forme de phorésie ou l’hôte héberge durablement un (ou plusieurs) organisme(s) fixé(s) sur lui. Ces organismes sont alors appelés épibiontes.
Dans l'aquarium
Il ne fait aucun doute qu’observer un comportement symbiotique est captivant. Une association réussie en aquarium facilite la maintenance des symbiotes en leur offrant un environnement naturel sécurisant. Tenter de reproduire un comportement symbiotique est donc une excellente idée. Mais faut-il impérativement réunir les partenaires, est-ce indispensable ?

Les associations physiologiques, l'exemple des zooxanthellates
Dans le cas de mutualisme ou de symbiose véritable, comme celles des organismes associés aux algues zooxanthelles, oui, assurément. Il s’agit d’associations physiologiques et il est vital de réunir et d'assurer la survie des deux symbiotes. Ainsi les invertébrés que l’on nomme communément symbiotiques dans nos aquariums hébergent des algues dinoflagellés, les zooxanthelles, dans leurs tissus et cette symbiose est indispensable à leur métabolisme. L'association entre autotrophes et hétérotrophes, bien qu'invisible à nos yeux, est par ailleurs assez remarquable, elle apparait rapidement dans l'évolution des espèces, avec les métazoaires, et a permis la constitution des récifs. C'est l'origine d'un biotope excessivement riche malgré un environnement dépourvu de nutriments.

Il faut reconnaitre que cette association est aussi une chance pour l'aquariophile car une excellente source de lumière suffit pour répondre aux besoins trophiques de ces animaux en captivité. Ainsi l’éclairage joue un rôle fondamental dans la croissance, nourriture et calcification, des coraux et animaux symbiotiques des algues zooxanthelles.

L'excellence de la lumière n'est pas un facteur suffisant mais il est nécessaire aux invertébrés zooxanthellates comme Acropra spp.

Voici une liste non exhaustive d’invertébrés symbiotiques d'algues unicellulaires aptes à être conservés en aquarium. Attention, certaines espèces parmi ces familles sont dépourvues de zooxanthelles (elles sont aussi appelées non-symbiotiques ou azooxanthellates) et doivent recevoir des apports nutritionnels de phyto et zoo plancton, par exemple Tubastrea, Dendrophyllia, Dendronephthya, Acabaria, etc.
  • Scleractinaires (tous les coraux durs hermatypiques)
  • Zoanthaires (Zoanthus, …)
  • Corralimorphaires (Discosoma spp,…)
  • Actinaires (anémones)
  • Alcyonaires (Clavularia spp, gorgones, Sarcophyton spp, …)
  • Milleporinaire
  • Platheminthe (vers plats)
  • Mollusques Bivalves (Tridacna spp)
Autres comportements hétérospécifiques en aquarium
Malgré tout nos soins, l’aquarium modifie d’une manière assez radicale l’environnement naturel. La réduction de la biodiversité est dratisque, l'espace limité. Les prédateurs sont définitivement absents ou bien, au contraire, perpétuellement présents. Notez que dans cette dernière hypothèse, il peut s'agit d'une erreur dans le plan de population ou d'un défaut de maintenance, par exemple la présence involontaire d'une crevette mante (Odontodactylus scyllarus).
D'autre part le tarissement des nourritures naturelles, remplacées par les distributions d'aliments préparés, changent les habitudes alimentaires.
Dans ces circonstances les relations de carpose sont moins vitales, bien que, très probablement, leur accomplissement soit une source d’évacuation du stress, de bien-être et de longévité pour le(s) symbiote(s).

Quelques exemples :

Les nettoyeurs
Les crevettes barbier (Lysmata amboinensis, Lysmata debelius, Stenopus hispidus), les labres (Labroides dimidiatus), les gobies (Gobiasoma oceanops), etc. se nourrissent exclusivement des parasites portés par les poissons, ces derniers bénéficient en retour d'une remise en forme. En milieu naturel cela est du mutualisme. En aquarium il est exceptionnel que cela soit le cas, les parasites étant rapidement éradiqués. Aussi le comportement naturel va t-il être modifié jusqu'à faire accepter des nourritures de substitution aux 'nettoyeurs' qui perdront peu à peu ce rôle. Mais cela n’empêche pas de conserver ces animaux, toujours excessivement sociables avec les autres espèces (bonnes relations inter spécifiques) et généralement fort bien acceptés par les autres pensionnaires de l'aquarium.

Lymasta amboinensis. S'il est rare d'assister à une 'opération de nettoyage' dans un aquarium bien installé, c'est parfois le cas lors de l'introduction d'un poisson, le stress le rendant vulnérable aux parasites. C'est aussi un argument pour que ces crevettes soient introduites avant les poissons dans le projet de peuplement.

Stenopus hispidus (crevette barbier des Caraïbes), vit en couple qui assure le déparasitage de poissons de grandes tailles, totalement incompatibles avec nos micro-récifs. Il ne faut donc pas espérer observer ce comportement en aquarium.

Il est intéressant de noter que la blennie mangeuse d'écailles, Astidotus taeniatus, détourne la relation de coopération et utilise son mimétisme avec Labroides dimidiatus pour s'approcher d'un poisson mis en situation de confiance ce qui lui permet de dévorer un peu de son épiderme. Lors de l'achat de L. dimidiatus, soyez vigilant et ne vous faites pas tromper par ce tricheur à votre tour !

Anémone, une protection convoitée
Le pouvoir urticant des anémones est paradoxalement recherché par bon nombre d’espèces ; crabes porcelaines (Neopetrolisthes maculatus), pagures, gobies, crevettes (Thor amboinensis, Periclemenes brevicarpalis) et, bien entendu, poissons clowns (Amphiprion spp), ces derniers appréciant particulièrement Heteractis spp et se contenteront d'Entacmea quadricolor. Dans un aquarium dépourvu de prédateur cette relation perd son caractère vital. A l'inverse, la présence perpétuelle d’un prédateur peut forcer un animal, locataire inhabituel dans cette relation, à rechercher la protection assurée par une anémone (Stenopus hispidus par exemple).

Même en absence de prédateur un couple Amphiprion ocellaris ne s'éloigne jamais bien loin de son anémone symbiotique (ici Heteractis crispa), ce comportement perdure en aquarium.

Il faut peser avantages et inconvénients à placer une anémone dans l’aquarium, présence déconseillé au débutant car de maintenance délicate. Une anémone est aussi un animal souvent de grande taille, capable de se déplacer. Il est donc peu compatible avec les invertébrés sessiles et un petit aquarium. Aussi sans conditions très favorables pour sa maintenance, il vaut mieux s'en priver. Il est assez difficile de quantifier l'effet provoqué par le manque de cette relation pour le symbiote orphelin et il faut trouver un palliatif à son absence. Un hôte de substitution doit être proposé, comme un corail mou ou un LPS qui peut être accepté à défaut de mieux. Cependant cet hôte pourra aussi être importuné et il faut en conséquence prévoir d'en mettre en nombre et de tailles suffisantes. Les meilleurs choix sont les LPS (Euphyllia spp), les Sarcophyton spp, Sinularia spp, Pachyclavularia spp, Rhodactis spp, Ricordea spp. S'il n'est donc pas impossible de maintenir dans d'assez bonnes conditions un couple d'Amphiprion sp. ou un groupe de Thor amboinensis en absence d'anémone, l'idéal est de bâtir l'aquarium autour de cette symbiose et des besoins très spécifiques de l'anémone. CF nanoZine : Clowns et anémones

Thor amboinensis vit en toute quiétude dans un Phymantus sp.

Phymantus spp est une anémone de petite taille, robuste et facile à nourrir à condition de lui trouver un emplacement protégé d'un éclairement trop puissant. Une place dans un fond sableux à proximité d'une roche convient assez bien. Les partenaires sont de petite taille et conviennent bien aux nano-récifs. Malheureusement posséder ce type d'anémone est un coup de chance car elle est assez peu importée.

Si l'hôte de l'anémone retire un avantage évident dans l'association, l'anémone peut aussi bénéficier de débris de nourriture ramenés par son symbiote et de soins de nettoyage. Elle peut également en souffrir légèrement par le vol des proies qu'elle capture et même par une prédation partielle - Des crevettes Periclemenes brevicarpalis ont été surprises en flagrant délit de consommation d'Entacmea quadricolor - Une relation symbiotique n'est pas synonyme de camaraderie. Aussi pour éviter de soumettre les animaux à de 'coupables' penchants il faut toujours les nourrir avec soins et abondance.

Les crevettes sont expertes dans les relations de parécies, en particulier les Periclemenes sp. que l'on rencontre associées à des anémones, des échinodermes (oursins, étoiles de mer, crinoïdes), des nudibranches, des holothuries, ... En milieu naturel leur remarquable mimétisme fait qu'elles passent généralement inaperçues. L'inquilisme est le nom donné à cette relation de camouflage d'un partenaire par un autre.

Les très petites anémones utilisées comme armes défensives par les crabes (Lybia tessellata) ou les pagures (Dardanus spp) sont bien difficiles à conserver en aquarium alors que ces associations sont excessivement attractives. Il faut prévoir une maintenance difficile et des soins attentifs constants. Les anémones doivent être nourries régulièrement faute de quoi elles dépérissent. L'aquariophile attentionné est récompensé par le spectacle incroyable du crabe 'boxeur' Lybia tessellata. Cette maintenance est moins problématique avec les crabes porcelaines Neopetrolisthes maculatus ou crevettes Periclemenes spp symbiotiques d'anémones plus robustes (Cryptodendrum sp. pour ces dernières).

Les scléractiniaires autre abri recherché
Les coraux branchus fournissent un dédale où les petites espèces peuvent trouver refuge. Ce peut être des poissons vivants en frange des massifs coralliens comme les Chromis sp, se réfugiant à la moindre alerte dans les buissons d'Acropora spp ou pendant le repos nocturne. Ce peut être aussi des occupants permanents comme les poissons Bryaninops spp, Gobiodon spp ou encore des crabes trapèzes (Trapezia spp, Tetralia spp) toujours associés à des coraux branchus. Ces relations sont véritablement symbiotiques car si le corail fourni une excellente protection, il bénéficie en retour d'un entretien contre les algues, de l'élimination des parasites, de ses tissus nécrosés et d'apports de déjections organiques. Ce dernier point est utile dans ces eaux pauvres en nutriments pour fournir les composants organiques nécessaire à la croissance des algues zooxanthelles symbiotiques.
Les coraux massifs, comme Porites spp permettent à d'autres espèces de s'enchâsser dans la structure corallienne et d'être ainsi définitivement à l'abri de prédateurs. Cette technique est utilisée notamment par les vers polychètes (Spirobranchus giganteus), les mollusques (Tridacna spp), les crustacés bernard l'ermite (Paguritta spp). Le bénéfice n'est toutefois pas réciproque.

Un couple surprenant
Les relations entre gobies (notamment Amblyeleotris spp, Cryptocentrus spp, Paragiobodon spp, Ctenogobiops spp, Stonogobiops spp) et crevettes pistolets (Apheus sp.) sont d'un intérêt particulier pour peupler les micro-récifs. Cette symbiose est remarquable et captivante : La crevette est chargée de creuser un terrier dans le substrat. La survie de celle-ci, qui est dépourvue d'organes sensoriels performants, dépend de la surveillance des abords effectuée par le poisson gobie. En retour celui-ci dispose d'un terrier parfaitement entretenu. Si cette symbiose est vitale pour la crevette dans le milieu naturel, ce l'est moins dans l'aquarium. Cependant elle ne présente pas de difficulté à être réalisée même dans un aquarium de dimension modeste pourvu d'un substrat épais composé de sable d'aragonite de granulométrie moyenne. Aussi la meilleure solution lorsque l’on achète un gobie symbiotique est de rechercher également son compagnon Alpheus sp. ou mieux d'acheter une paire déjà formé.

Conclusion
Bien d'autres formes d'associations hétérospécifiques peuvent être réalisées en aquarium, par exemple les juvéniles de Pterapogon kauderni et les oursins diadèmes, etc. Et très sûrement beaucoup échappent à notre curiosité. Cela renforce notre conviction de voir chaque animal non pas comme un élément isolé de l'aquarium récifal mais comme faisant partie d'un microcosme, riche, complet, équilibré*, surprenant malgré sa très petite taille au regard du milieu naturel et cela pour notre émerveillement d'aquariophile.

* NDR : Désolé, cela sonne comme une publicité pour un petit-déjeuner...

Pour aller plus loin... Les associations entre espèces du récif

Visite de Océanopolis ( Brest)

Rubrique : Chemins de traverse
Auteur :
N_Dadou
Niveau : Tous


Voici un petit reportage qui s'imposait après la visite de ce site merveilleux, qui en plus, nous a ouvert ses coulisses l'espace d'un instant pour voir la machinerie qui se cache derrière ces énormes bacs.

Evidement, il n'est plus question de "nano"au sein de ce parc, mais il montre des façons différentes de procéder à l'entretien des bacs.

Cette visite a été menée en compagnie d'Alex1 et de JM de FNR et la visite des coulisses nous a été permis par Mr Barthelemy, responsable du Pavillon Tropical, que nous tenons à remercier encore une fois pour cet agréable moment.

Tout d'abord, je vous propose quelques photos pour se mettre dans la peau du visiteur.

Le pavillon Polaire:





Le pavillon tempéré:








Enfin, le pavillon tropical:







Après toutes ces photos, quelques explications sur la maintenance de ces bacs avec quelques photos de "l'arrière boutique"...

Le grand bac présenté ci-avant a été réalisé avec des murs en escalier portant une armature en tube PVC sur laquelle est fixé un filet en plastique à l'aide de colliers auto serrant. Par dessus une bonne quantité de pierre vivante, elle même accrochée au filet plastique.

Ainsi, l'arrière du décors est vide et permet une bonne "respiration" des pierres vivantes mais aussi un refuge pour les nombreux poissons.

Côté maintenance:
  • 0 écumeur!!! En effet, Océanopolis, étant à coté de la rade de Brest, profite de l'eau de mer naturelle. Celle-ci est pompée, décantée et filtrée avant d'être stockée dans d'immenses réserves et alimente en permanence les bacs à niveau de 1% d'eau "neuve" par heure. Le stockage prévu permettrai en cas de pollution de la rade, une autonomie de ce musé mais aussi de pouvoir refaire de l'eau de mer synthétique dans les cuves si la pollution venait à durer...
  • Niveau éclairage, les bac récifaux profitent de 13 heures d'éclairage par jour originellement du 5400K Osram pour des raisons de budget, mais vu la baisse des prix des ampoules, elles sont peu à peu remplacées par du 10000K. L'éclairage de "la grande barrière de corail" est réalisé avec des HQI de 400 et 1000W. Les 400W ayant une pénétration insuffisante de la lumière pour une hauteur d'eau supérieure à un mètre et demi.
  • Niveau filtration, l'eau profite d'une filtration mécanique et biologique, les filtres étant automatisés ou en cours d'automatisation (flux inversé + rejet). Une filtration UV évite par dessus tout le développement des maladies.
  • Coté brassage, le grand bac récifal profite de la technologie du siphon auto-amorçant ( une cuve au dessus du bac se rempli puis se vide). Les autres bacs profitent d'une houle crée par des bacs basculants dès qu'ils sont pleins ( cette technologie introduisant beaucoup de bulles d'air)
Sur l'une des photos suivantes vous pourrez apercevoir à mes cotés une grande cuve noire, celle-ci permet l'aération de l'eau, à moitié pleine, l'eau est pulvérisée au dessus de petits rouleaux de grillage plastique et possède des bulleurs en son fond, pour augmenter la surface d'échange air/eau puisque le bac est très profond.




Lors de votre visite vous pourrez admirer l'énorme patate de corail dans le bac des poissons anges, sur laquelle il est tenté l'introduction de coraux vivants. (en cours d'aménagement)



Enfin je ne pourrai m'empêcher de parler des visites guidées:
Je trouve dommage que les poissons récifaux soient cantonnés à "Némo","Doris" et le "chirugien jaune", j'aurai aimé (réflexion totalement personnelle) que les guides prononcent au moins le nom français "poisson clown" sans forcement aller jusqu'à dire "amphiprion occelaris" cela étant comment réussir à intéresser les gens sans dire ses noms si évocateurs???

© Disney/Pixar

Je finirai cet article sur une note toute différente: je vous présente : acropora Palmata, que nous ne devrions pas trouver de si tôt dans nos magasins, originaire des Caraïbes cette espèce très fragile est aujourd'hui menacée, et à ce titre plusieurs aquariums ont été saisis pour essayer de l'élever en captivité, c'est chose réussie pour Océanopolis, les boutures de quelques polypes grandissent dans des bacs cachés du publique mais je tiens à les féliciter pour cette expérience!



Enfin une photo de la personne sans qui nous n'aurions pu visiter les coulisses : Mr Barthelemy!
Encore un grand MERCI!

Je tiens également à remercier mes comparses et notamment JM qui à activement participé aux photos.

L'intégralité des photos de la visite sont disponibles:
http://picasaweb.google.com/ndadou/Oceanopolis
http://picasaweb.google.com/ndadou/Oceanopolis2007ByJM

le site d'Océanopolis:
http://www.oceanopolis.com