Mensuel internet des micro et nano aquariums récifaux

édiTo Avril 2008


Nanozine n°22

Nanozine revient! C'est avec un grand plaisir que nous vous offrons ce premier numéro de l'année.
Nanozine est resté exceptionnellement quelques mois en hibernation, nous étions très occupé à mettre en place le nouveau FNR. Nous reprenons du service pour satisfaire votre soif de savoir, vous apporter des informations variées sur différents sujets récifaux et partager des connaissances sur notre passion commune.
Si vous avez des articles à nous proposer pour Nanozine, n'hésitez pas à nous en faire part, nous les étudieront avec attention.

Au sommaire de ce numéro 22:

- Alerte sur les récifs coralliens par Systemc
- La photographie d'aquarium: de belles photos pour tous! (1/3) par Kactusficus

Bonne lecture,
Systemc

Alerte sur les récifs coralliens

Auteur: Systemc
Rubrique: vivant
Niveau: tous

Créés au cours d'une évolution de plus de 50 millions d'années, les récifs coralliens constituent l'un des systèmes les plus riches et les plus complexes de la biodiversité. Les naturalistes ont dénombré plus de 800 espèces de coraux et 4000 espèces de poissons vivant sur les récifs mondiaux. Ce sont des milieux extrêmement productifs et d'une grande richesse biologique. La productivité des récifs coralliens fait vivre un ensemble très riche d'espèces interdépendantes, qui représente la principale source de nourriture et de ressources vitales pour de nombreuses communautés insulaires et côtières depuis l'aube de l'humanité.
Dégradés par la pollution, la pêche intensive et le réchauffement de la planète, les récifs coralliens dépérissent à un rythme préoccupant.

Une biodiversité étonnante (Grande barrière)
Un bulletin de santé alarmant

Les différents experts en biologie marine ont estimé que 25% des récifs coralliens dans le monde ont déjà été détruit par l'activité humaine dans les dernières décennies.
Au rythme actuel, au moins encore 50% de ces chatoyantes forets sous-marines vont disparaitre d'ici un demi-siècle. Cette destruction aura des conséquences immédiates sur la vie de 500 millions de personnes en Asie du Sud-est et du Sud, en Afrique de l'est et aux Caraïbes. Les récifs coralliens sont une part importante du revenu des populations côtières et un récif sain fournit plusieurs tonnes de denrées alimentaires par kilomètre carré, représentant une source alimentaire vitale.
Les habitants du littoral ont besoin de leurs récifs pour développer la peche, attirer les touristes, protéger les cotes de l'érosion et des tempêtes.
Aux iles Vierges britanniques, dans la mer des Antilles, le tourisme représente 45% des revenus et plus de la moitié des emplois. En Malaisie, Vietnam, en Indonésie et aux Philippines, la pèche intensive a eu des effets désastreux. Le prélèvement massif d'espèces de poissons végétariens a entrainé une prolifération d'algues. Elles ont envahi certains récifs coralliens et les ont dominés. De plus, la pèche à l'explosif a gravement endommagé les coraux en Afrique de l'est. Tout comme la pèche au cyanure qui facilite la prise des poissons tropicaux en les rendant lents et maladroits, et qui détruit les coraux et de nombreux autres animaux du récif. Même si ces types de pêches ont diminué, elles perdurent encore dans certaines zones géographiques.
Mais la pêche intensive est loin d'être la seule cause du déclin de nombreux récifs coralliens. Ils souffrent aussi des pollutions industrielles, de l'étouffement par les sédiments que charrient les fleuves suite au déboisement ou encore de la diffusion des engrais agricoles.
Le réchauffement climatique joue aussi un rôle de plus en plus préoccupant. Fragiles, les coraux sont très sensibles aux variations de température. En 1998, El Nino, ce phénomène climatique périodique propre au Pacifique a entrainé une augmentation inhabituelle et anormale de la température des eaux tropicales. L'Afrique, le Pacifique, l'Indonésie et les Philippines ont été affectés. Le réseau mondial de surveillance des réseaux maritimes estime qu'en 1998 El Nino a détruit 15% des coraux du total mondial.
Dans l'Océan Indien, aux Maldives, au Sri-Lanka et sur les cotes ouest de l'Inde, il a eu un effet dévastateur sur les récifs déjà dégradés par l'apport de sédiments, la pollution dus à l'industrie et au déboisement qui eutrophisent les milieux récifaux.
Si comme on s'y attend, aux nuisances connues s'ajoute le réchauffement climatique, les récifs coralliens auront disparu dans 30 ou 50 ans.

Récif corallien encore préservé (Grande Barrière)

Différentes causes de dégradation des récifs

Réchauffement climatique

La Grande Barrière de corail australienne pourrait perdre 95% de ces coraux vers 2050 si la température océanique croit de 1,5°C dans les décennies à venir, ce qui entrainerait des retentissements socio-économiques profonds et des impacts économiques importants.
La Grande Barrière est le récif le plus grand du monde, s'étendant sur 2300km le long de la cote nord-est australienne. Composée d'environ 2900 récifs isolés les uns des autres et approximativement de 900 iles, la Grande Barrière abrite plus de 1500 espèces de poissons et 400 de coraux, ce qui en fait un des écosystèmes les plus important de la planète. Les scientifiques la considèrent comme le plus grand organisme vivant de la terre et le seul etre vivant visible de l'espace.
Bien que la Grande Barrière soit un des récifs les plus sains au monde, les récifs coralliens sont particulièrement de fragiles écosystèmes, notamment à cause de leur sensibilité à la température ambiante de l'eau. Quand la physiologie des coraux est stressée, ils peuvent perdre leur algue symbiotique, évènement connu sous le nom de blanchiment du corail. Les coraux peuvent se remettre d'un blanchiment temporaire, mais prolongé, le blanchiment peut provoquer des dommages irréversibles allant jusqu'à la mort.
En 1998, l'année d'El Nino, la température de surface des eaux tropicales ont atteint des records historiques et les coraux autour du globe n'ont jamais autant souffert. 48% des coraux de l'Océan Indien occidental ont souffert du blanchissement, tandis que 16% du total mondial sont morts fin 1998. En 2002, 60 à 90% des récifs sur les 284 000 km2 de la Grande barrière ont souffert du blanchissement et bien que la plupart des écosystèmes coralliens récupèrent jusqu'à un certain degré, il est certain que des températures plus élevées dans le futur puissent avoir un impact néfaste durable et irréversible.
Une augmentation de la fréquence des attaques de blanchissement corallien peut etre considérée comme l'un des premiers effets tangibles du réchauffement global. Le problème est que, passé le seuil de blanchissement, les récifs coralliens ne puissent plus se régénérer.

Acidité des océans

Si il est vraisemblable que l'élévation de la température de l'eau ait le plus grand impact sur les récifs dans le futur, il y a d'autres facteurs qui affecteront la santé des coraux tels que les changements du niveau des mers, l'augmentation de la fréquence et de la force des tempêtes, les variations des précipitations, l'érosion des littoraux et l'acidification des océans.
L'acidification des océans est un souci majeur qui aura un impact direct sur le processus de formation du corail. En effet le corail et d'autres organismes marins utilisent les ions carbonates libres dans l'eau de mer pour construire leurs squelettes calcaire. Avec la monté des taux de dioxyde de carbone, les océans en absorbent plus, entrainant une acidification croissante de leurs eaux entrainant un affaiblissement de la concentration d'ions carbonates. Cette baisse ralenti la formation des squelettes des coraux et des organismes marins, les rendant plus vulnérables aux prédateurs et aux conditions environnementales. En septembre 2005, une équipe de scientifiques a estimé que vers 2100, la concentration de carbonates disponibles pour les organismes marins pourrait chuter de 60%. Dans les eaux de surface, d'où part l'acidification avant d'atteindre les couches inférieures, il se pourrait qu'il y ait trop peu de carbonates pour permettre aux organismes de constituer normalement leur squelette dès 2050. Une concentration de CO2 atmosphérique de 500ppm est la limite extrême pour les récifs coralliens. Au delà, les récifs coralliens pourraient ne plus exister. La concentration actuelle de CO2 dans l'atmosphère se tient autour de 380ppm, mais au rythme actuel d'acidification, la concentration pourrait atteindre 450ppm vers 2050. La plus grande partie de l'Océan Pacifique deviendra inhospitalière aux coraux au fur et à mesure que la concentration en carbonates diminuera.

Autres facteurs aggravants

Les cyclones jouent un rôle clé dans l'édification des iles coralliennes. Le dérèglement climatique du au réchauffement mondial a entrainé une augmentation de leur fréquence et de leur ampleur. Les cyclones entrainent une destruction des récifs par les houles et une forte sédimentation terrigène au débouché des rivières. Leur rôle est important dans les Mascareignes et sur la côte de Madagascar.
La déforestation dramatique des bassins versants, essentiellement pour l'agriculture, entraine une importante sédimentation sur les récifs dans certaines zones géographiques du globe. Ces apports induisent une dégradation des récifs frangeants par étouffement des coraux, augmentation de la turbidité et diminution de la lumière.
Les pollutions domestiques, agricoles et industrielles provoquent divers types de nuisance, dont l'enrichissement artificiel des eaux côtières en nutriments, qui induit une eutrophisation défavorable aux coraux. Ces phénomènes affectent essentiellement les zones de concentration urbaine.
Les risques de pollution accidentelle par les hydrocarbures ne sont pas négligeables, notamment dans le canal du Mozambique. Les mangroves sont très sensibles aux marées noires et sont en général détruites.
L'urbanisation côtière et l'aménagement du littoral (ports, aéroports, routes, remblais gagnés sur la mer) sont souvent réalisés au détriment des récifs coralliens et des mangroves. Les travaux se traduisent par d'importants rejets terrigènes qui étouffent les milieux environnants.
Les effets chroniques provoqués par une mauvaise gestion des effluents générés par l'industrie, l'agriculture, et divers polluants ménagers sont très préoccupants. Le ruissellement régulier de substances chimiques et de sédiments provenant de décharges mal gérées ou d'eaux usées mal traitées produisent des effets écologiques significatifs.

Foisonnement de vie (Grande Barrière)

Impact mondial

La dégradation et la perte des écosystèmes coralliens auront vraisemblablement une large répercution sur le monde économique. Des millions de personnes vivent autour des récifs dont ils tirent leur subsistance quotidienne. Si les récifs coralliens sont détruits à l'avenir, on verra des vagues de sinistrés écologiques en quete d'assistance.
De plus les récifs jouent un role important en protégeant les cotes de l'action des vagues, de l'érosion, des effets de tempètes. Par exemple la Polynésie française a des marées de faible amplitude grace à la protection de sa barrière corallienne. Si le récif se dégrade et que le corail croule, les structures en bord de mer courront un risque. Par ailleurs en brisant l'action des vagues, ils créent des zones post-récifale de calme agissant en obstacle infranchissable pour les bancs de poissons pélagiques, réduisant ainsi le risque de prédation des espèces récifales proies.
L'Australie pourrait etre le meilleur exemple impliqué dans les conséquences potentielles dues à la mortalité de ses récifs. Bien que l'Australie soit parmi les nations les plus développées au monde, la perte de sa Grande Barrière pourrait se traduire par un fort impact négatif dans son économie.
Chaque année 1,8 million de touristes visitent le site, dépensant plusieurs millions de dollars. Les activités induites par l'environnement (plongée, navigation de plaisance, séjours sur site) génèrent un revenu supérieur à celui du secteur commercial ou de la peche de plaisance.
Le tourisme a incité le gouvernement australien à préserver le récif. Il a récemment interdit toute activité d'extraction sur 1/3 du parc marin de la Grande Barrière, la rendant ainsi la plus grande réserve marine protégée du monde. Cette protection est aussi bénéfique à la peche industrielle, puisque la réserve redevient une nursery qui va repeupler le récif entier.
Les récifs coralliens constituent non seulement une richesse écologique et biologique immense, ils ont également une valeur économique non négligeable qui peut contribuer aux développement des pays pauvres. Ainsi la recherche qui met en lumière la valeur des récifs constitue un mécanisme d'une importance vitale pouvant inciter à la protection des ressources marines par la promotion et l'appui de campagnes de sensibilisation, le renforcement des institutions, le controle de la pollution et la gestion des programmes de conservation.
Les récifs coralliens du monde entier sont soumis à des pressions tellement intenses qu'ils sont gravement menacés à l'heure actuelle et que, si rien n'est fait pour enrayer leur dégradation, ils pourraient disparaitre au cours du 21ème siècle.

La photographie d'aquarium: de belles photos pour tous! (1/3)

Rubrique : Vivant

Auteur:Kactusficus

Niveau : Tous

Première partie: Les bases * Vocabulaire * Concepts * Technique * Réglages

Nous aborderons ici les différents aspects techniques de la maîtrise photographique, et plus particulièrement les contraintes liées à l’aquarium, afin que chacun puisse obtenir de superbes clichés de son bac et de ses habitants.

On pense souvent, lorsque l’on voit une belle image, qu’elle est forcement retouchée, loin de la prise de vue brute. Que nenni ! Une fois ces bases acquises, et sous réserve que toutes les conditions soient réunies pour que la photo puisse être prise de façon optimale, vous vous rendrez vite compte qu’un fichier brut peut être tout a fait joli, et exploitable tel quel. La retouche sera à réserver pour les clichés qui n’ont pu être obtenus de façon optimale (gros manque de lumière élément parasite qui oblige a un recadrage…)

A – Les paramètres de réglage : quoi, comment, pourquoi ?

Dans ce premier « épisode », nous aborderons les notions techniques générales. Cela peut sembler fastidieux et superfétatoire, compte tenu du fait que nous ne parlons pas encore des spécificités liés à la photo aquariophile en tant que telle. Cependant, il est nécessaire de se familiariser avec les paramètres et les techniques utiles à tous les usages, afin de bien appréhender par la suite les réglages proprement liés à l’aquarium.

De plus, cela vous laisse un bon mois de pratique des exercices, avant d’aller plus avant !

Différents paramètres purement techniques participent à l’élaboration de l’image : la sensibilité ISO, la balance des blancs, la vitesse, l’ouverture, l’exposition, le choix du mode de calcul de l’exposition.

1. la sensibilité ISO

Vous souvenez vous des pellicules photo argentiques ? Elles étaient classées en fonction d’un nombre donne : 50, 100, 200, 400, 800, 1600 ou 3200 ISO. Ce nombre détermine la sensibilité de la pellicule, sa capacité à réagir avec plus ou moins de lumière. Le nombre le plus petit est le moins sensible, celui qui demande le plus de lumière ambiante pour réagir, et le plus grand nombre dénote une sensibilité très élevée, un potentiel fort, même en conditions de faible lumière.

Ce choix de la sensibilité se retrouve sur l’appareil numérique, sauf que l’appareil possède « en lui » toutes les sensibilités a la fois, et que c’est à l’utilisateur de la déterminer. Il est également possible de laisser ce choix en automatique, choix qui se révèle possible en condition normale d’utilisation, mais qui est souvent décevant en photo aquario, car de nombreuses situations demandent un apport de lumière important.

Donc, si vous avez bien suivi, vous allez me dire « rien de plus facile, suffit de mettre sur le plus grand nombre possible, pour garantir la plus grande sensibilité à la lumière ! » Oui, mais non. Car le revers de la médaille d’une grande sensibilité c’est l’apparition du « bruit », ce grain colore et flou, disgracieux, qui gauche toute la photo. Ce grain n’est pas rattrapable de façon tout a fait satisfaisante en retouche, donc autant dire qu’une image très bruitée est une image a jeter. Une belle image possède une netteté et une finesse importante, du moins sur une zone délimitée (le bruit n’a rien a voir avec le flou du a une grande ouverture de diaphragme, qui elle, est volontaire et tout a fait esthétique, si elle est maîtrisée, comme nous le verrons plus loin).

Bref, il faut apprendre a maîtriser et dompter la sensibilité ISO, aller au plus loin acceptable, à la limite de l’apparition du bruit, suffisamment haut pour avoir de bonnes possibilités d’exposition, mais pas trop haut pour que le bruit n’apparaisse pas.

EXERCICE : Pour cela, je vous encourage à prendre en photo le même sujet à toutes les sensibilités possibles sur votre APN, sous les mêmes conditions d’éclairage et de situation, afin que vous voyiez par vous même la latitude possible de ce paramètre. Ensuite, sur l’ordinateur, agrandissez chaque cliché pris à 100%, pour observer l’apparition progressive du bruit, au fur et à mesure que vous montez dans les ISO. Selon les APN, ce bruit est décelable dès 200ISO, mais sur un bon reflex, il est acceptable jusqu'à 400ISO, et sur les toutes dernières générations semi-pro (Nikon D300, Canon EOS400D), les derniers propres technologiques permettent de se lancer au delà du 800ISO sans trop de déperdition de qualité.

A noter que la notion de « bruit acceptable » varie d’un genre de photo a un autre: s’il est beaucoup moins visible et tout a fait acceptable sur une vue d’ensemble, il sera, à même sensibilité, très visible et laid sur un agrandissement a 100% d’une portion de vue macro.

ILLUSTRATIONS :
EX1 - Notez la montée graduelle de la luminosité au fur et a mesure que l’on grimpe les ISO

EX2 – Sujet macro agrandit a 100%, notez l’apparition du bruit


2. la balance des blancs

La balance des blancs est la façon dont l’appareil va calibrer la température de couleur du sujet à photographier. En général, cette balance des blancs est réglée sur « auto », permettant à l’appareil de gérer seul les différentes situations. La lumière du jour est très blanche, tandis qu’un éclairage en ampoules domestiques est jaune, un néon est vert et un éclairage au tungstène est bleu, par exemple. C’est par la balance des blancs que l’appareil compense les températures de couleur de la lumière ambiante, pour que les sujets soient optimisés (par exemple, que vous n’ayez pas l’air d’avoir le teint vert si l’on prend votre portrait sous un tube néon). Cette balance des blancs est donc capitale en photographie aquario, puisque vous savez bien que les couleurs, à cause du choix de température de couleurs des rampes HQI ou T5, y sont souvent bien plus bleues ou violettes qu’en lumière naturelle. Il s’agira de bien calibrer cette balance des blancs, pour éviter l’effet disgracieux d’un sable ayant viré au bleu sur l’image, ou pour saisir le plus précisément possible les nuances d’un corail. On conseillera donc d’apprendre à maîtriser sa balance des blancs manuelle, si l’option est possible sur votre APN, car les capteurs de balance automatique sont souvent assez perdus devant la lumière atypique qui se dégage d’un bac récifal.

La balance des blancs manuelle est modulable en fonction de pallier de degrés Kelvin, les mêmes unités de mesure que pour les ampoules et tubes de nos bacs. Chaque bac, selon les choix d’éclairage que nous avons fait, est donc unique et nécessite un calibrage de la balance des blancs différent.

EXERCICE : Régler l’APN sur Balance des blancs manuelle, et prendre des photos du même sujet à différentes températures de couleur, afin de noter les différences et choisir le réglage qui correspond le mieux à la température du bac, pour avoir des sujets ressortant de la manière la plus naturelle possible. Se baser sur une couleur blanche ou beige est l’idéal, pour calibrer sa balance des blancs. On peut par exemple choisir un cadrage montrant une portion de sable, et choisir la température qui donnera l’image du sable la plus fidèle a la réalité.

Parfois l’APN ne propose pas de balance des blancs manuelle, mais un réglage de personnalisation semi automatique. Il faut en ce cas lancer ce réglage semi automatique en tenant l’objectif devant un sujet blanc, dans le bac. Un morceau de plastique blanc immergé fera parfaitement l’affaire pour ce réglage. Une fois enregistré, il sera conservé en mémoire sur l’appareil, pour que vous vous en serviez comme réglage par défaut lorsque vous prendrez des photos de votre aquarium.

ILLUSTRATIONS :

EX1 : image en 2 500°K. Le sujet étant sensé être très jaune, l’appareil compense par le bleu.


EX2 : le même sujet en 10 000°K. De façon inverse, si l’on fait croire à l’appareil qu’il va devoir prendre un cliché de température ambiante très froide, il compense par le jaune.


EX3 : le même sujet, avec la balance des blancs correcte (ici, 5 000°K)



3. la vitesse

Le réglage de la vitesse d’obturation est un autre paramètre crucial. La vitesse d’un obturateur peut aller d’un temps extrêmement court (1/8000e de seconde, par exemple), à une durée infinie (c’est la « Pause B », une fonction spéciale où l’obturation ne se ferme que lorsque l’on relâche le déclencheur). Le réglage de la vitesse détermine le laps de temps pendant lequel le capteur va être soumis à l’exposition, et pour l’évaluer, on est tributaire de la quantité de lumière disponible pour la prise de vue : Plus vous avez de lumière ambiante, et plus la vitesse d’obturation peut être courte, tout en gardant une exposition correcte du cliché. Plus l’ambiance est sombre, plus la vitesse nécessaire sera longue. D’un autre côté, plus le sujet est mouvant, plus il vous faudra augmenter la vitesse de prise de vues pour le capturer de façon nette et bien définie. Le gros problème vient des sujets à la fois vifs et vivant dans un environnement peu lumineux. Ce corollaire explique la nécessité du flash pour certaines prises de vues.

Deux informations à connaître :

- Sur une photo de plan assez rapproché, sans trépied, le flou de bougé apparaît dès 1/60e de seconde, 1/30e pour ceux qui maîtrisent exceptionnellement leur respiration et les mouvements quasi imperceptibles du corps. Essayer de ne pas aller en dessous, où, si le peu de luminosité le demande, il faudra mettre l’appareil sur pied.

- On estime qu’il faut, pour avoir une photo bien nette en macro sans trépied, ne pas descendre en dessous de la vitesse correspondant au chiffre de la longueur de focale. Par exemple, si l’on a un objectif macro de 105mm, il faudrait éviter de descendre en dessous d’1/100e de seconde.

Selon le sujet que vous souhaitez capturer, et le choix artistique qu’il vous faudra faire, les réglages différeront du tout au tout. Nous verrons ces choix précis plus en détail dans les parties suivantes, sur les spécificités de la photo aquario.


4. le diaphragme / l’ouverture

Enfin, le diaphragme est la dernière notion capitale pour comprendre comment se fabrique une photo. Accrochez vous, c’est la partie la moins facile à expliquer, et j’espère arriver à me faire comprendre…

Le diaphragme est cette pièce mécanique qui, se refermant en iris, quantifie la lumière venant illuminer le capteur. La mesure s’exprime en valeur d’ouverture, le nombre « f ». La gamme des valeurs d’ouverture est fixe, même si les fabricants d’APN en rajoutent souvent à la liste initiale, proposant des valeurs médianes. Les valeurs « normées » sont les suivantes :

f :1, f :1,4, f :2, f :2,8, f :4, f :5,6, f :8, f :11, f :16, f :22 f :32 et f :45. La plupart des APN permettent des réglages de f :2,8 à f :22.

Le principe est simple : l’on part de l’ouverture maximale (le plus petit chiffre), et chaque valeur resserre l’iris du diaphragme, laissant passer deux fois moins de lumière que le chiffre précédent. Par exemple, f :2,8 laisse passer deux fois plus de lumière que f :4. Et inversement, f :22 demande deux fois plus de lumière que f :16 pour exposer le même sujet à intensité égale.

Une autre notion est déterminée par le diaphragme : c’est la profondeur de champ. Grosso modo, sans rentrer dans des descriptions trop techniques, la profondeur de champ est régie à la fois par le choix du diaphragme et la longueur de focale (la focale, c’est pour schématiser la longueur de l’objectif choisi, par exemple 50mm, 105mm, 17mm). La profondeur de champ se matérialise par la zone de netteté qui entoure le sujet mis au point par le photographe. Plus le diaphragme est fermé, plus la profondeur de champ est grande, plus les différents plans de la photos sont nets (sujet mis au point, avant plan, arrière plan…). Plus le diaphragme est ouvert, plus a profondeur de champ est réduite et seul le sujet choisi pour être mis au point sera net, tout les alentours seront flous.

EXERCICE : régler l’appareil sur le mode A (priorité diaphragme) Choisir plusieurs valeurs de diaphragmes, pour un même sujet. Vous allez voir très clairement les différentes profondeurs de champ qui en résultent.

Retenons bien :

Ouverture maxi = + petit chiffre = le + lumineux = zone de netteté réduite

Fermeture maxi = + grand chiffre = le - lumineux = netteté de 0 jusqu’à l’infini

La valeur minimale du diaphragme est déterminée par la qualité de l’objectif (qualité qui se définit aussi sur plusieurs autres paramètres, comme la qualité des lentilles, la robustesse de la fabrication…) Un bon objectif, plus coûteux, sera très lumineux (f :1,4 ou f :2,8 par exemple), tandis qu’un objectif moyen de gamme le sera moins (f :4,5 ou f :5,6).

Un objectif ayant une ouverture minimale à f :5,6 ne permettra pas de descendre par exemple à f :2,8. Nous allons voir au paragraphe suivant l’importance d’un objectif lumineux, surtout pour le genre de sujets qui nous concerne.


5. la combinaison de la vitesse et du diaphragme détermine l’exposition correcte d’une photo.

Les réglages de la vitesse et de l’ouverture sont interdépendants. Pour une valeur d’exposition égale (par exposition, nous entendons : les réglages pour obtenir une photo correcte, ni surexposée, ni trop sombre), plusieurs combinaisons sont équivalentes, aboutissant au même résultat d’exposition, mais pas au même résultat photographique.

En effet, c’est très logique : si j’envoie au capteur moins de lumière en obturant avec une vitesse plus rapide, alors il faudra que je compense cette sous exposition à la lumière par une ouverture plus grande du diaphragme.

A l’inverse, si je choisis d’avoir par exemple une profondeur de champ plus importante (et donc une ouverture plus réduite, vous suivez ?), je devrais compenser cela par une vitesse d’obturation plus lente, qui fera passer la lumière plus longtemps sur le capteur.

Si je règle seulement l’un des paramètres sans modifier le second, alors l’image sera, dans les deux cas cités, sous exposée.

Si je choisis à l’inverse d’augmenter l’ouverture du diaphragme sans changer la vitesse, ou si je ralentis l’obturation sans modifier l’ouverture, l’image sera alors surexposée.

ILLUSTRATIONS : soit E l’exposition correcte. L’appareil est en mode automatique, pour prendre la mesure de E. Il me donne E = vitesse 1/125e de seconde et f :5,6 (EX.1). le poisson est un peu flou car la vitesse est relativement basse compte tenu de sa grande mobilité.


E sera aussi égal à : vitesse 1/60e et f :8 (pour donner plus de profondeur de champ, mais la vitesse plus lente fait que le poisson est encore plus flou) (EX.2)


E sera aussi égal à : vitesse 1/250e et f : 4 (pour saisir un sujet mouvant): la profondeur de champ est réduite, mais le poisson est bien net. (EX.3)


Si je n’ai pas un bon objectif, qu’il n’est pas assez lumineux, alors je n’aurai pas la possibilité, par exemple en ce cas particulier, de saisir avec netteté le sujet mouvant, car je ne pourrais pas descendre à f :4 et me permettre ainsi d’obtenir la vitesse appropriée.

Je pourrais toujours compenser en montant d’un grand la sensibilité, mais je risque de voir apparaître ce fameux « bruit » disgracieux (vous voyez, tout s’enchaîne, et vous percevez maintenant de quelle façon tous les réglages sont imbriqués)

En photo aquariophile, la lumière est souvent le problème principal, et une belle qualité d’objectif est souvent le détail qui fait la différence.


6. le choix du mode de réglage : Manuel vs. Auto et Priorité ouverture vs. Priorité vitesse

Selon le sujet que vous souhaitez photographier, les réglages ne seront pas du tout les mêmes. D’où la nécessité de jouer avec les modes de fonctionnement de l’appareil, pour sélectionner toujours le plus adéquat.

Le mode automatique (« P » sur la plupart des APN) est très bien pour faire une vue d’ensemble ou des instantanés qui seront toujours plus ou moins correctement exposés. Cependant, comme c’est l’appareil qui dicte quels sont les réglages idéaux, il se peut qu’il se trompe, bête machine qu’il est. L’appareil ne sait pas, lui, si ce qu’il cadre bouge ou non, si la photo serait plus jolie avec une grande profondeur de champ ou au contraire une zone de netteté réduite. C’est pour cela que les fabricants de bridge et de compacts ont inventé les « Scènes » programmes thématiques de réglages, qui guident le processeur à opérer les réglages les plus adéquats. En mode « paysage », par exemple, l’appareil privilégie une grande profondeur de champ, pour que le paysage en question soit bien net du premier au dernier plan, selon la luminosité ambiante. En mode « nuit », l’appareil va régler la balance des blancs automatiquement pour compenser les lumières artificielles, et essayer de compenser le manque de luminosité par une grande ouverture de diaphragme.

Les « Scènes » cela peut être utile, mais c’est franchement limité tout de même. Alors viennent les modes avancés, qui permettent d’affiner ses réglages personnellement, ce qui est nettement mieux, car finalement, qui mieux que vous peut savoir quelle image vous désirez obtenir ? Certainement pas un processeur d’APN, en tout cas.

Quoique, ce dernier peut se révéler d’une aide précieuse, en vous mâchant la moitié du travail… Nous allons parler des deux modes semi-automatiques, et nous allons voir en quoi ils vont devenir vos plus fidèles alliés pour obtenir de belles photos.

Le mode Priorité vitesse, nommé selon les fabricants "S" comme « Speed » ou Tv comme « Time value », permet, comme son nom l’indique, de choisir la vitesse d’obturation que l’on souhaite, puis le processeur se mettra alors à calculer automatiquement l’ouverture de diaph la plus appropriée, pour obtenir la bonne exposition du sujet cadré. Attention à ne pas lui demander non plus de vitesses trop éloignées des possibilités du contexte, car la luminosité ambiante nécessite une certaine gamme de réglages, certes modulables mais comprises dans certaines limites, et en cas de réglage trop discordant avec la réalité, l’on risque fort de se retrouver avec une image sur ou sous exposée. Si par exemple vous demandez une vitesse d’1/500e, pour un sujet assez sombre, vous n’obtiendrez pas de photo satisfaisante. En général, lorsque le processeur mesure une vitesse inappropriée, il ne donnera pas de chiffre d’ouverture correspondant, mais indiquera par exemple « Low » en cas de sous exposition probable ou « High » en cas de surexposition. Il faudra alors en tenir compte et régler une vitesse plus vraisemblable.

Le mode Priorité diaphragme, indiqué par "A" comme « Aperture », ou Av, permet au photographe, comme son nom l’indique aussi, de régler manuellement l’ouverture qu’il souhaite (selon s’il souhaite plus ou moins de profondeur de champ), et l’appareil se charge de calculer la vitesse adéquate pour exposer correctement le sujet choisi. Tout comme pour le mode Priorité vitesse, il s’agit d’être raisonnable dans son choix, et ne pas tenter de sélectionner une haute valeur d’ouverture (grand chiffre = diaphragme fermé = profondeur de champ maxi, rappelons nous) si l’on ne peut stabiliser l’appareil en cas de lumière ambiante relativement faible (car la vitesse nécessaire sera alors très lente, donc l’appareil tenu à main levé tremblera, et la photo sera floue).


Enfin, le mode "M", « Manuel » permet de régler l’exposition sans aucune intervention du processeur. Vous rentrez la vitesse et le diaphragme souhaité, vous cadrez, mettez au point et appuyez sur le déclencheur. Si c’est raté, ce n’est pas la faute de l’appareil… Ce mode peut être très utile surtout pour régler une exposition correcte dans des conditions de prise de vue difficile, par exemple pour un sujet dans la pénombre, à prendre au flash, il s’agira de régler les paramètres de l’exposition au préalable, pour qu’il dose correctement l’exposition quand le flash se mettra en marche…

Voilà pour les réglages de base, leur signification et leur implication dans la fabrication de l’image… Je vous donne rendez vous le mois prochain, afin de rentrer plus avant dans l’étude des réglages techniques qui vous permettront d’obtenir des images toujours réussies !


Si vous souhaitez nous montrer vos exercices et essais, si vous avez des questions sur le contenu de cet article, de petits problèmes techniques à régler, je vous donne rendez-vous sur le forum de FNR, dans la section Nanozine, sujet « Série technique photo – Partie #1», pour tenter d’y répondre ! ;)