Mensuel internet des micro et nano aquariums récifaux

édiTo : Novembre 2006

nanoZine numéRo 8 !

Le numéro de novembre est marqué par la suite de l'article fleuve de Steve (alias vonvon) consacré aux agressions du corail, ou comment le placer dans nos bacs. Un sujet souvent négligé, traité ici en profondeur et abondamment illustré.
La visite de l'écloserie de Pierre-Yves (alias clown974) sur l'ile de la Réunion permet d'espérer qu'enfin nos actes puissent être en conformité avec nos convictions. La préoccupation d'un impact minimal sur l'environnement passe en effet par des initiatives de cette qualité.
27-L dresse le bilan d'une année d'un... 27L, le partage d'une expérience positive.
Enfin le développement du projet K2 continue même s'il n'est pas commenté dans ce numéro. Le prototype est planifié pour Noël.

Jean-louis Cuquemelle (alias JLC)

Au sommaire du numéro de novembre :
  • 27 litres, un an de vie (27-L)
  • Une procédure d'acclimatation rapide en 4 étapes (jlc)
  • Agression du corail, où comment le placer dans nos bacs 2ème partie (Vonvon)
  • Visite d'une écloserie à la Réunion (jlc)
  • Nourriture, préparation 'maison' (jlc)

27 litres 1 an de vie

Rubrique : Nanorécif
Auteur : 27-L
Niveau : Débutant

Introduction:

Il y a un an débutait comme une expérience, l'idée folle de maintenir des coraux durs dans un nanorécif.
Je vous propose aujourd'hui de faire le point sur la méthode et d'observer cas par cas les évolutions et les echecs.

Pour commencer deux vues générales espacées d'un an:



Une technique en dehors des normes habituelles:

Qui dit SPS dit fort brassage ici 2500l/h ,soit pret de 100X le volume réel par heure, et fort éclairage assuré par un HQI 150W en 10000K.

Un chauffage de 25W et une sonde thermique couplée à un ventilateur assure une température constante de 26.1° les mois non caniculaire une montée à 27° a été constatée cet été.
L'osmolation est assurée par une pompe bridée au goutte à goutte sur un timer electronique (pas de capteur de niveau).

90% des pierres introduites étaient des PV mortes, celles-ci sont aujourd'hui totalement colonisées par la microfaune, par des vermets, des vers tubicoles et autres éponges

Pour maintenir une qualité d'eau suffisante pour des SPS se posait le problème de la filtration dans un si petit volume, 27 litres brutes moins d'une vingtaine de litres d'eau réelle!
Ne pouvant pas accueillir une décantation pour des raisons de place et d'esthétisme il restait les possibilités d'une méthode naturelle ou physicochimique.
Un jaubert ou un dsb auraient encore sacrifié des litres utiles, et se posait en plus la problèmatique de peupler correctement le dsb en microfaune.
Il ne restait plus qu'une filtration physicochimique, j'aurais pu m'orienter vers une filtration sur charbon actif couplé à des résines antiphosphate mais je n'ai jamais "accroché" avec le charbon actif, je sais ce n'est pas un argument objectif...

Que me restait-il ? Chez n'importe quel poissonnier on trouve diverses filtrations à base de Zéolithes, pourquoi ne pas tenter l'expérience ?

Mon choix c'est porté sur une simple Clinoptilolite, "ZEOLITH HOBBY" dans mon cas.
J'y voyais deux avantages:

  • composée de cristaux ceux-ci offrent une trés bonne surface de colonisation aux bactéries
Nitrosantes: amoniaque vers nitrite
Nitratantes : nitrite vers nitrate
et pourquoi pas ?
Dénitrifiantes: nitrate vers azote gazeux

  • Les propriétés d'adsorbtion des zéolithes assureraient des fonctions d'épuration de l'eau

Cette méthode de filtration a été mise en oeuvre par un filtre externe comportant 2kg de Clinoptilolite.

Les seuls ajouts se bornent à :
  • des changement d'eau réguliers, hebdomadaire au début puis bi mensuel et mensuel aujourd'hui.
  • L'osmolation passe par un Reacteur A Hydroxyde de calcium
Les constats:

Cette méthode est suffisante pour obtenir un milieu propice au maintient de certaines espèces de SPS et LPS.

La zéolithe se sature au bout de 4 à 5 mois par prudence un changement de 50% de celle-ci tout les 3 mois est recommandé.

La zéolithe devient le filtre biologique principale, toute panne du filtre devient un danger réel de perte du bac.

Au bout d'un an le milieu devient suffisamment stable pour des changements d'eau mensuel voir supérieur.

Le milieu pauvre est problématique pour les gastéropodes ne trouvant plus les algues nécessaires à leur alimentation. Ceux-ci étant en plus concurencés par une importante colonie d'amphipode et polychétes.



















Evolutions reussies:

Caulastrea:














Les seriatoporas également se portent bien dans cette configuration:







































Le royaume du montipora, herbe folle de mon nano:





















Acropora résultats en demi teinte:

Les acroporas à trés petits polypes sont un echec: peu de croissance et perte de deux boutures.

Les acroporas à plus gros polypes style millepora poussent correctement.

Les autres espèces en vrac:

Galaxéa: une croissance rapide, il a doublé en 6 mois encore un problème de place en perspective.

Pavona cactus:


















Pocillopora:


Euphyllia glabrescens pousse rapide et va jusqu'à pondre:

























Favia et fungia sont maintenus avec succés.

Les crustacés se plaisent ponte de Thor amboinensis et Lybia tessellata:











Aujourd'hui ce nano me donne pleine satisfaction , au détail pret que la croissance des coraux et le nombre important d'espèces entrainent des compétitions pour l'espace... j'ai du me séparer de l'euphyllia et réagencer la disposition de certains coraux.

Je recommanderai pour ceux qui voudrait tenter l'expérience de n'introduire que des coraux à faible croissance... rendez vous, je l'espère, dans un an pour faire un nouveau point sur cette expérience.

Une procédure d’acclimatation rapide en 4 étapes

Rubrique : Astuce
Auteur : JLC
Niveau : Débutant

Avertissement. Cette procédure d’acclimatation est adaptée aux animaux, poissons et invertébrés, achetés et transportés jusqu’à l’aquarium en moins de deux ou trois heures maxi. En effet, lors d'un transport de plus longue durée, il y a un risque de production d'acide carbonique par dégagement du CO2 de la respiration animale qui entraine par conséquence une baisse du pH. Simultanément les excréments produisent de l'ammoniaque (NH3). pH et toxicité de l'ammoniaque sont liés. Un pH bas (inférieur à 7) favorise la formation des ions ammonium (NH4+) or l'ammonium est beaucoup moins toxique que l'ammoniaque et finalement les animaux tiennent le coup alors que l'eau de transport est polluée. Le risque est qu'un goutte à goutte remontant le pH ne reforme à nouveau l'ammoniaque toxique. La procédure décrite ci-après ne peut plus être appliquée sans risque. Il est alors nécessaire de préparer une solution à température, salinité et pH identiques à ceux de l'eau de transport (le pH est ajusté par ajout de CO2) puis de transférer l'animal brutalement dans ce mélange sans ammonnium et enfin procéder à l'acclimatation sans risque au goutte à goutte décrite maintenant :

Introduction
S’il semble naturel d’équilibrer les températures avant d’introduire un poisson dans l’aquarium il est également indispensable :
  • D’équilibrer également la salinité pour éviter un choc osmotique,
  • De réduire les différences de pH, l’eau du sac de transport s’étant modifiée peu à peu pendant la respiration de l’animal,
  • D’appliquer ce protocole à tous les animaux et non pas aux seuls poissons. En effet les invertébrés (mollusques, arthropodes, cnidaires, …) sont tout autant, et même plus, sensibles aux paramètres de leur environnent.
La préparation en vue du transport
Aussi, lors de la préparation en vue du transport insister auprès du vendeur pour que :
  • Chaque animal acheté soit conditionné séparément,
  • Que chaque sac soit gonflé à l’oxygène pour réduire l’abaissement du pH,
  • Que les précautions thermiques soient efficaces. Pour cela, je vous conseille d’apporter votre propre glacière ou une grande boîte en polystyrène isotherme qui sera bien plus efficace qu’un sac en papier.
Prendre la précaution d'utiliser une simple glacière pour le transport atténue fortement le stress thermique

L’acclimatation
  1. Si pendant le transport l'eau s'est bien refroidie, laissez flotter le sac dans l’aquarium environ un quart d’heure pour que les températures se stabilisent.
  2. Retirer le sac, l’ouvrir, le placer sous l’aquarium. Vider la partie d’eau de transport non utile aux animaux et avec un tube de faible diamètre munit d’un robinet de réglage remplir le sac par un goutte-à-goutte, au moins jusqu’au ¾. Cette étape doit être faite posément et prend environ entre vingt minutes et une demi-heure pour adapter en douceur l’animal aux paramètres de l’aquarium, en particulier la salinité et le pH et plus finement la température. La température ne doit pas chuter de nouveau, aussi il faut placer le sac dans un bain marie maintenu à température de l'aquarium.
  3. Jetez avec précaution l’eau du sac pour ne conserver que ce qu’il est nécessaire pour l’animal (le volume du départ) et recommencer l’étape 2 avec un rythme légèrement plus rapide. A la fin de cette étape l’eau de transport est remplacée par celle de l’aquarium à au moins 90%.
  4. Jetez à nouveau l’eau du sac avec précautions pour ne conserver à nouveau que le minimum. Si l'animal n'est pas venimeux, le saisir délicatement pour le placer doucement dans l’aquarium. Dans le cas d'échinodermes ou de spongiaires, refaire un cycle pour que l'eau soit changée à 99%, vider le sac en prenant la précaution de laisser l'animal totalement immergé, puis le transférer en plongeant dans l'eau mais sans que l'organisme ne soit exposé à l'air.
Autres conseils
Une nouvelle introduction est aussi un risque potentiel d'introduire involontairement une maladie ou un parasite en passager clandestin aussi minimisez les introductions dans un aquarium établi. Pour éviter tout risque de contamination de l’aquarium, l’idéal est de disposer d’un aquarium de quarantaine, mais seuls les amateurs les plus prudents disposent de cela.

Le meilleur moment pour relâcher un nouvel animal est le repas du soir (aussi calculez le moment de votre achat pour synchroniser cela). Le nouveau ne mangera probablement pas mais cette diversion fera que les autres poissons le laisseront tranquille. Dans tous les cas, poissons ou invertébrés, extinction de la lumière pour permettre une nuit de récupération au nouveau venu.

La nourriture ne sera probablement pas acceptée immédiatement. Un jeûne de quelques jours n’est pas un problème. Bien que vous essayerez d’apporter le régime alimentaire compatible avec le nouveau pensionnaire celle-ci ne sera tolérée qu’au bout d’une période allant de quelques jours à une ou deux semaines. Les Artemia vivantes (ou les nauplies) sont un met auquel peu de poissons résistent longtemps. Peu à peu de nouvelles nourritures seront acceptées : Nourritures sèches, végétaux terrestres, etc.

Un nouvel hôte, poisson ou invertébré, doit faire l’objet d’une surveillance accrue pendant quelques semaines. Pour bien interpréter les signes d’une inadaptation ou d’un problème, évitez les introductions multiples ou se succédant trop rapidement. Certains poissons comme les Acanthuridae développent fréquemment une dermatose (points blancs) après l’introduction. Il faut privilégier les médecines douces : Les crevettes nettoyeuses Lymata amboinensis et Lysmata debelius sont très utiles pour aider les poissons à se débarrasser de leurs parasites.

Agression du corail ou comment le placer dans nos bacs 2 ème partie

Rubrique : Animaux
Auteur : vonvon
Niveau : Confirmé


Introduction

Suite à de nombreuses recherches effectuées par Ates (1989) et Paletta (1990), la clef de réussite pour maintenir dans de bonnes conditions les hôtes maintenus dans nos aquariums, est l’observation méticuleuse de leurs réactions à l'introduction d'un nouveau spécimen.

Si vous demandiez quel est l’emplacement idéal pour qu’un corail prospère dans de bonnes conditions, à 80% la réponse serait « beaucoup de lumière avec un brassage modéré », 10% « vers le fond avec peu de brassage », et les 10% restant « au feeling ». Dans la plupart des cas toutes ces réponses étaient correctes, et ce du fait que la majorité des bacs (à l’époque…) étaient équipés de tubes fluorescents d'une part, et que d’autre part les seuls types de coraux hébergés étaient des coraux mous, LPS et anémones robustes. Les seules précautions prises vis-à-vis de l’agression des Coraux entre eux étaient de maintenir les Alcyonaires (coraux mous) assez éloigné des filaments mésentériques de certains coraux comme l’Euphyllia ancora ou des tentacules répulsives du Catalaphyllia jardinei pour éviter les brûlures. Mise à part cela, on ne prêtait guère attention au placement judicieux du corail pourtant crucial à long terme pour son bien-être.

Euphyllia ancora

Avec l'amélioration fulgurante et l'utilisation répandue de l'éclairage au HQI (lampes à iodure métallique ou MH pour metal halid), et la disponibilité croissante de nouvelles espèces de coraux, en particulier les coraux durs à petits polypes (SPS pour small polyp scleractinians), ces réponses stéréotypées aux questions du placement du Corail ne sont plus valides. Les trois principaux facteurs à considérer quant au placement des coraux sont : agression, éclairage et mouvement de l'eau.

Agression :

Types d'agression du Corail :

Tout d'abord je vous invite à lire la première partie de l’article publiée dans le nanoZine d’octobre.


Quelques observations ont été décrites par John Burleson de J.P. Burleson inc. Ce dernier a remarqué que peu de temps après avoir ajouté une colonie de Xenia dans son bac de 567 litres, son pré-filtre a commencé à s’obstruer beaucoup plus que la normale. Aussi, après quelques semaines, il a constaté que s'il enlevait la nouvelle colonie de Xenia ou son bénitier Tridacna derasa, le pré-filtre arrêtait de s’obstruer. Apparemment, le bénitier produirait des quantités énormes de mucus en réponse à la présence du Xenia dans l'aquarium, ce qui obstruerait son système de préfiltre ! Le Xenia doit avoir produit quelque chose que le bénitier a trouvé agressif.

Tridacna derasa

L’étude de la question concernant les composés toxiques produit par les Coraux est relativement nouvelle. Paletta (1990) suggère de ne pas placer les coraux mous en amont des autres spécimens, il serait même préférable de faire un bac spécifique.
En outre, reste à prouver si les composés toxiques produits dans un aquarium s'accumuleront ou s’ils peuvent se décomposer dans le temps. Peuvent-ils être enlevés par filtration chimique ou s’accumulent-ils inexorablement dans l'eau ? C'est un sujet préoccupant particulièrement quand on héberge une population fortement diverse et/ou des spécimens sensibles.
Peut-être ceci pourrait expliquer pourquoi il est difficile de maintenir certains coraux en dépit d’une qualité d'eau plus qu’acceptable. Par exemple Goniopora est réputé difficile à maintenir sur le long terme dans un système fermé. Cependant, ces coraux sont maintenus avec succès dans un système ouvert à l'aquarium de Waikiki (Sprung). Une explication possible peut être qu’ils sont exposés à l'effluent toxique d'autres coraux qui peut s'accumuler dans un système fermé. Ce ne serait pas un problème dans un système ouvert car ils seraient constamment « rincés ».

Employer l'espacement correctement :

Nos « récifs miniatures » ne contiennent pas la richesse de la biodiversité des grands récifs coralliens, des dispositions spécifiques doivent donc être prises pour tenter de réduire au maximum l'agression des coraux entre eux. Cela peut être accompli en fournissant un espace libre et proportionné aux exigences et particularités de chaque espèce de corail maintenue.

Coraux durs :

- Parmi les coraux LPS (large polyp scleractinians) les plus agressifs on retrouve le Catalaphyllia jardinei, Euphyllia ancora, Euphyllia divisa et Plerogyra sinuosa. Tous ces coraux peuvent avoir de longues tentacules répulsives, chargées de cellules urticantes. Ces tentacules se prolongent habituellement la nuit. Pour cette raison, il est recommandé de laisser une zone libre d’au moins 15 centimètres dans toutes les directions, taille approximative des tentacules répulsives (Sheppard, 1982). Un autre LPS ayant une particularité : le Trachyphyllia geoffroyi. Il est nécessaire de ne pas placer des « coraux cerveau » tel le Trachyphyllia sur les pierres vivantes. En effet, si la chair couvrant le squelette balaye une roche, celle-ci peut se déchirer et entraîner la mort du corail. Ces coraux se trouvent en général sur le substrat, que ce soit dans leur milieu naturel ou dans nos bacs. D'ailleurs, ils leur arrivent de laisser échapper de la boue chargée de nématocystes s'ils sont dérangés. Ceci peut être un problème, si cette boue se retrouve transportée par les mouvements de l’eau, elle peut se déposer sur un autre corail provoquant brûlure voire la mort.

Catalaphyllia jardinei

Euphyllia divisa Plerogyra sinuosa

Trachyphyllia geoffroyi


- Pour les SPS la distance n'a pas besoin d'être grande, une distance de 5-8 centimètre est habituellement suffisante. Cependant, il convient de noter que ces coraux sont ceux ayant la croissance la plus rapide de tous, ainsi il est préférable de permettre un espace supplémentaire pour ces derniers. Pour cette raison, Michael Paletta propose qu'une zone-tampon de 30% de la taille de la colonie soit employée. Ceci peut sembler extrême et faire paraître au début un bac peu peuplé, cependant, avec du temps et une bonne maintenance, cet espace sera presque totalement rempli dès la première année simplement du fait de la croissance des coraux. Si l'espace de croissance est respecté, il n'y aura pas un besoin constant de tailler un corail de peur qu'il ne brûle et tue un autre.
La plupart des SPS sont de nature sensible et tendent à ne pas survivre suite à des agressions perpétrées par des coraux plus agressifs. Du fait de leur système de défense inégale, ils se sont adaptés à prospérer sur les parties supérieures et externes des récifs, là où les courants sont plus fort et l’éclairement plus intense, à distance des coraux plus agressifs situés en arrière du récif, plus en profondeur ou sur les lagunes. Il est donc recommandé de maintenir exclusivement des SPS et d’éviter de les faire cohabiter avec les Alcyonaires ou LPS, incluant de ce fait tout type d’anémone.

Coraux mous :

Pour la plupart, l'espace entre coraux mous n'a pas besoin d'être grand au début, puisque les coraux mous ne se brûlent pas au même degré que les coraux durs. Cependant il faut tenir compte de ces indications :

- Lors de l’introduction d’un corail mou, si celui-ci a une croissance plus rapide que d’autres plus lente, ces derniers seront éclipsés et risquent de mourir suite à une insuffisance de lumière. De plus, ce que vous pensiez être une distance sûre entre coraux pendant le jour pourrait ne pas l’être pendant la nuit, cela due à l'expansion ou à la déflation du Corail, c'est particulièrement commun chez les coraux mous du genre Sinularia (D. Maier).

- Ces coraux devraient être placés de sorte que leur mucus et composés toxiques (terpénoïde, sarcophine) relachés n'entrent pas en contact direct avec leurs voisins. Il faut donc faire en sorte que les mouvements de l’eau soient bien étudiés, c’est-à-dire qu’après écoulement au travers du corail mou, le déplacement de ce volume d’eau aille directement à la filtration (écumeur et/ou charbon actif) où les composés nocifs peuvent être enlevés.

- Les coraux cuir libèrent des terpènes, composés chimiques libérés dans l'eau pour la défense mais aussi pour permettre de maintenir un espace vital. Ils affectent habituellement les coraux placés vers le bas mais plus particulièrement ceux situés en aval du courant. A noter que la plupart des coraux cuir apprécient un brassage et éclairage moyen.


- Les polypes des Zooanthus, Clavularia et Xenia n'ont aucune forme évidente pour la défense, ils produisent du terpénoïde, un produit chimique nocif qu’ils déposent sur les coraux durs à leur contact. Certaines espèces de Xenia peuvent même tuer un Acropora par contact. On évitera de placer les colonies trop près des SPS pour ne pas les voir entrer en contact.

- Les Coraux champignons (Actinodiscus, espèces de Ricordia) sont des coraux peu agressifs. Cela est peut-être dû au fait qu'ils se sont adaptés à la faible intensité lumineuse, au courant modéré et à la qualité de l'eau où d’autres coraux ne peuvent subsister, ainsi ils ont peu de concurrence pour l'espace.

- S'assurer qu’un nouveau spécimen introduit a un espace proportionné à son développement, particulièrement les coraux à forte propagation comme les espèces de Xenia, d'Anthelia, de Clavularia et de Zoanthus. Il peut s’avérer nécessaire d'équilibrer et séparer les spécimens qui se sont développés ensemble, particulièrement s'ils commencent à développer des interactions agressives.

Anthelia

Clavularia

Ricordia sp

Ricordia florida

Zooanthus


Anémones :

Les Anémones ont une piqûre plus forte que presque n'importe quel corail, excepté les coraux de l’espèce Euphyllia. Elles peuvent être une menace dans un bac récifal car elles ne sont pas sessiles. Elles ont la faculté de se déplacer, piquant tous les coraux sur leur passage. Pour cette raison, les Anémones sont peu recommandées dans les bacs fortement peuplés d’Alcyonaires et Scléractinaires. Cependant, si l’on souhaite tout de même maintenir une anémone, l'Entacmea quadricolor est probablement la plus appropriée au bac récifal.

Entacmea quadricolor

Réduire au maximum la probabilité de chute d’une bouture :

Il est toujours possible qu’un corail soit trop incliné et finisse par tomber sur un autre, cela ayant pour conséquence la brûlure de l’un des deux. La partie brûlée pouvant s’infecter et par conséquent s’étendre à la totalité de la colonie. Ceci est particulièrement ennuyeux pour les coraux SPS, ces derniers étant souvent vendus (ou échangés) sans être fixés sur une pierre. Par conséquent, en plaçant ces coraux sur une pierre vivante, il est important d’employer de la colle époxy spéciale eau de mer pour les tenir en place jusqu'à ce qu'elles encroûtent le point de colle et la pierre. Pour se faire, brosser à l’aide d’une brosse à dent par exemple la base du corail ainsi que l’endroit où il sera fixé, cela permet d’enlever les sédiments et d’assurer une meilleure fixation. Cependant ces colles spéciales sont relativement cher, j'utilise pour ma part de la super-glue en gel, pratique si l'on ne peut pas sortir la pierre de l'eau. Une alternative est d'utiliser des élastiques ou des colliers plastique auto bloquant pour ancrer les colonies d'une façon moins permanente.

Préférence en lumière :

Avant de placer un corail dans un endroit particulier, il est nécessaire de prendre en considération ses exigences au niveau de l’éclairage. En effet, si par la suite on doit le déplacer, celui-ci doit se réadapter à ces nouvelles conditions, de ce fait il lui faudra du temps pour recommencer à se développer. Par conséquent, le placement devrait être choisi judicieusement afin de ne pas empêcher la croissance du corail en le déplaçant constamment d'un endroit à l'autre.

Il existe plusieurs types de système d'éclairage qui peuvent être employés pour les Coraux :

Éclairage fluorescent :

L'éclairage fluorescent reste une méthode de choix pour la plupart des récifalistes, en particulier ceux qui maintiennent principalement des coraux mous et des LPS. Heureusement, même pour l'éclairage fluorescent il existe maintenant beaucoup de choix. En plus des tubes à haute production (VHO et HO), on trouve également de disponible aussi bien des lampes fluocompactes que les fameux tubes T5. Toutes ces ampoules diffèrent par la quantité de lumière qu'elles produisent. Pour la majorité des bacs logeant des coraux mous et des LPS, l’éclairage fluorescent fournira toute la lumière nécessaire pour satisfaire aux besoins des animaux et pour leur permettre de prospérer et de se développer. Le but devrait être d'obtenir un ratio compris entre 1 et 2 watts par litre d'eau.

Cependant, même avec l'éclairage fluorescent, il faut prendre des précautions en plaçant les animaux sous un nouveau type d'éclairage. En effet, la plupart des sources lumineuses que nous utilisons contiennent des UV. Pour cette raison, il est préférable d'acclimater lentement de nouveaux coraux à la lumière artificielle. Si les coraux ne sont pas acclimatés lentement, il peut se produire un blanchiment ou des brûlures avec les conséquences que cela implique. C'est en particulier le cas avec les tubes « bleus » que nous employons, aussi bien qu'avec la majorité des lampes aux iodures métalliques (HQI).

Pour l’acclimatation, placer le corail au tiers inférieur du bac pour au moins un mois. Après cette période d'un mois d'acclimatation, le déplacer graduellement jusqu'à son endroit final désiré sur une période de deux mois. Cette méthode peut paraître extrême mais souvent vitale pour des coraux tels les SPS, en effet leurs tissus très fins sont sensibles à une lumière agressive. Il en est de même avec des coraux tels Symphyllia, Favia,Trachyphyllia, Catalaphyllia, aussi bien que tous les autres coraux qui contiennent une grande quantité de colorant vert clair dans leurs tissus. En les plaçant immédiatement trop en hauteur, ils blanchissent et meurent très rapidement, le type de zooxanthelles les peuplant ayant une photoadaptivité moindre.

Symphyllia


Favia
Éclairage au HQI :

Dans les aquariums utilisant l'éclairage au HQI, il est suggéré d’utiliser le même système d’acclimatation que décrit plus haut, avec quelques particularités. Pour les coraux qui contiennent beaucoup de zooxanthelles (les algues symbiotiques vivant dans les tissus du corail), remarqué par leur coloration tirant sur le brun ou vert foncé, en plus de commencer par les placer dans le tiers inférieur du bac, il peut également s’avérer nécessaire de placer une grille au maillage fin au-dessus du corail (grille de filtre sous sable, maille de fibre de verre, etc...). Cela est parfois nécessaire pour empêcher aux coraux de subir un choc dû à la surproduction d'oxygène par les zooxanthelles placées trop vite sous une forte intensité lumimeuse (Delbeek et Jailli, 1994). La grille de criblage doit être maintenue au-dessus des coraux pendant deux à trois semaines pour leur permettre de s’acclimater graduellement. Une fois enlevé, les coraux peuvent continuer à être acclimatés comme décrit plus haut. Cette technique de criblage est également utile pour les bacs peu profonds (40 cm de hauteur ou moins) où il est difficile d'éloigner un corail du spot HQI. En outre, pendant cette période d’acclimatation, un cycle d’éclairage court doit être employé pour réduire le choc des coraux. La méthode idéale, mais rarement utilisée, serait d’allumer le HQI 6 heures par jour pendant la première semaine puis d’ajouter graduellement une heure chaque semaine jusqu’à atteindre le cycle normal à savoir 10-12 heures.

Concernant le placement des coraux dans le bac une fois acclimatés, la règle générale est que plus la couleur du corail est claire, plus il doit être placé près des sources lumineuses. Ainsi, des coraux comme le Seriatopora hystrix ou le Pocillopora verrucosa devraient être placés plus haut dans le bac que d’autres aux couleurs brunes. La raison à cela est que la couleur claire indique que des colorants dans le tissu ont été produits pour protéger le corail contre les UV, rayons présents dans les profondeurs plus faibles (Delbeek et jailli, 1994). Une fois qu'un corail a été acclimaté à cette source lumineuse et commence à se développer, les bouts de croissance seront habituellement d'une couleur plus claire que la colonie originale elle-même.

Seriatopora hystrix

Seriatopora pistilla

Pocillopora verrucosa


Cette règle se tient également pour les coraux mous. Les colonies de coraux mous aux couleurs vives comme le Sarcophyton elegance (couleur jaune), les coraux vert clair comme certaines espèces de Sinularia et les colonies blanches propre au Xenia semblent préférer un éclairage plus puissant que les coraux de couleur brun ou beige. Si l'éclairage est insatisfaisant pour ces coraux brillamment colorés, la couleur vive va s’estomper progressivement avec le temps. Par conséquent, un bon indicateur pour savoir si un corail a été placé à un endroit approprié et sous éclairage proportionné, c’est voir comment sa couleur varie depuis l’introduction dans le bac. Si l'éclairage est idéal et le corail acclimaté correctement, il est même possible de mettre en évidence avec le temps des couleurs encore plus vive que dans son milieu d’origine. Ceci est le résultat de la lumière UV présente dans nos bacs récifaux par rapport au milieu naturel, pour compenser, le corail produit une pigmentation accentuée.

Sarcophyton elegance

Sinularia

Xenia

Sous éclairage HQI, beaucoup de coraux peuvent être maintenus au fond du bac. C’est le cas des espèces des Actinodiscus, des Fungias, Herpolithas, les coraux cerveau comme le Favia, Favites, et Symphyllia qui prospèrent aussi bien dans le tiers inférieur du bac que plus haut. Michael Paletta a même remarqué que des coraux tels le Catalaphyllia et le corail bulle Plerogyra étaient mieux épanouis sous éclairage HQI une fois placés plus bas et aux extrémités du bac.

Actinodiscus

Fungia

Herpolitha

Favites

Mouvement de l'eau :

Le dernier facteur à prendre en compte pour le placement du Corail est le mouvement de l'eau. La plupart des coraux ont très peu de moyen pour se « nettoyer », ils doivent donc compter sur un fort brassage de l'eau. C'est pourquoi les pompes spécialement adaptées aux aquariums récifaux (par exemple les Powerheads, Tunze ou Marea, je vous invite à lire cet article) ou certaines autres sources de mouvement de l'eau sont si essentielles dans nos bacs. Sans brassage conséquent, des sédiments peuvent se déposer sur les coraux, les affaiblir et provoquer une formation d’algues finissant par les étouffer, il en est de même du mucus secrété par les coraux eux même. Cependant, il faut savoir que tous les coraux n’ont pas les mêmes exigences en terme de mouvement de l’eau, certains nécessitant d’un très fort brassage alors que d’autres ne sont épanouis qu’avec un faible brassage.

Courants forts : Le premier groupe de coraux exige un fort mouvement de l'eau, ces derniers proviennent habituellement des secteurs où l'action des vagues est la plus grande. Ces coraux ont habituellement de petits polypes, ils sont en général encroûtants et forment de grandes colonies (Veron, 1986). Entrent dans cette catégorie des coraux tels le Porites, Turbinaria, Symphyllia, et l'Acropora entre autres. Il est donc nécessaire pour ces coraux provenant des pentes récifales externes de leur fournir un brassage important.

Porites porites

Turbinaria reniformis

Acroporas Acropora millepora

Courants modérés : Le second groupe de coraux exige un courant modéré, ces derniers proviennent des lagunes et des récifs arrière où le courant est de moindre intensité, subissant même l’action des marées. Il convient de leur fournir un brassage proportionné pour qu’ils puissent prospérer. La plupart de ces coraux ont de grands polypes et se présentent sous forme de grandes colonies. On retrouve les coraux tels les espèces de Clavularia, Goniopora, Sarcophyton, Lobophyton et Fungia. Un autre groupe de coraux nécessite un mouvement de l’eau plus modéré de l'eau, il inclut les coraux mous tels le Sinularia, Nephtea, Cladiella, les espèces des Zoanthidés, et Euphyllia elegance.

Clavularia

Goniopora

Sarcophyton

Lobophyton

Nephtea

Cladiella

Euphyllia elegance

Zoanthus

Courants à faible intensité : Le dernier groupe nécessite toujours de recevoir les mouvements de l'eau, mais cela dans une moindre mesure. Ce groupe inclut en autres les espèces d'Actinodiscus, de Rhodactis et Plerogyra.

Rhodactis

Dans la plupart des cas, la différence entre le succès et l'échec avec un spécimen de corail particulier tient souvent du résultat de l’avoir déplacé de plusieurs centimètres par rapport au mouvement de l'eau. En général, fort est de constater qu’un animal ne prospère pas dû au brassage trop faible plutôt que trop fort.

Conclusion :

Sans compter les trois aspects du placement du Corail décrits ci-dessus, beaucoup d'autres facteurs doivent être pris en compte. Le but de Michael Paletta, cependant, était de fournir les orientations et les facteurs principaux à considérer plutôt que les conditions réelles de maintenance pour chaque espèce de corail. Il tient à préciser deux règles qui sont généralement vérifiées :

- Les Coraux n’apprécient pas d’être souvent déplacés et ont besoin d’un certain temps pour s’acclimater à de nouvelles conditions.

- Si un corail ne prospère pas dans un endroit après deux semaines, alors il y a de fortes chances qu’il meurt à moins de le déplacer.

En finalité, c'est en observant simplement nos animaux et en leur offrant des conditions de maintenance idéales, qu'il sera plus aisé de leur trouver un endroit idéal pour leur épanouissement.
Et plus les récifalistes observent et apprennent comment employer ces systèmes correctement et faire cohabiter leurs coraux dans un volume réduit, plus ils apprécieront la complexité et la fragilité d'un récif corallien.

FIN DE LA DEUXIEME PARTIE

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Références :

Ates, R. 1989. "Aggressive behaviour in corals". Freshwater and Marine Aquarium 12(8):104-105,107,110,112.

Paletta, M. 1990. "Coral aggression in reef aquaria". SeaScope 7 (Winter):1-2.

Sheppard, C.R.C. 1979. "Interspecific aggression between reef corals with reference to their distribution". Mar. Ecol. Prog. Ser. 1:237-247.

Origine des textes :

"Placement of Corals in the Reef Tank" Michael Paletta, Author, Marine Biotechnology Consultant

"Stocking the Reef Aquarium: Coral Compatibility" J. Charles Delbeek B.Ed M.Sc., Sept/Oct. 1990 Aquarium Fish Magazine

Remerciements :

27-L, jlc, coyote, ironik, s0nik42, system c, fredb, tipedu94, nikau, membres de France Nanorecif pour leurs fabuleuses photos, merci à vous !

Liens :

http://www.faquamer.net/index.php?nt=Probl%E8me&t=theme&id=29
http://www.nanoreef.co.uk/index.php
http://www.peteducation.com/article.cfm?cls=16&cat=1990&articleid=2954
http://www.reefs.org/library/talklog/g_davidson_042797.html
http://www2.hawaii.edu/~delbeek/reefaq6.html