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Pourquoi pas un filtre externe ?



Rubrique : Matériel
Auteur : JLC
Niveau : Débutant

Introduction
Dans nos aquariums récifaux dont l'épuration repose très souvent sur la méthode berlinoise (et avec bonheur), le filtre externe souffre d’une très mauvaise réputation. Celle-ci est justement fondée car son fonctionnement, conçu pour les applications en eau douce, est inutilisable tel que dans nos aquariums récifaux. D’autre part son rôle n’est pas justifié dans une installation bénéficiant d’une décantation et d’un solide écumeur, ce qui jusqu’à présent était une règle d’or pour les mini récifs. Mais ce n'est plus vraiment une obligation dans les petits volumes peu producteurs de déchets, et cela remet au goût du jour les petits filtres externes.

La question est donc de réévaluer objectivement cette (mauvaise) opinion dans une configuration micro ou nano aquarium : Ce type d’équipement est-il définitivement à bannir ou peut-il jouer un rôle bénéfique dans un petit aquarium récifal ?

Rappel de son principe de fonctionnement
Le filtre externe a été conçu pour les aquariums servant à maintenir des poissons d’eau douce. C'est un circuit de passage d’eau dans une réserve de 2 à 3 litres contenant des masses filtrantes. Le débit est d'environ 300 à 600 litres/heure. L'eau est captée par une crosse munie d'une crépine placée près du fond (cela peut facilement être modifié). Une série de tamis retiennent les déjections des poissons, les débris végétaux, etc. L'eau retourne 'propre' dans l'aquarium par un déversoir. Au sein de ces masses filtrantes des opérations de chimiosynthèse effectuent l’épuration biologique qui permet d’assainir le milieu. Cette épuration biologique s’effectue strictement en zone aérobie, elle transforme ammonium, ammoniac et nitrites mais ne permet pas l’élimination des nitrates (CF les articles nanoZine sur le cycle de l'azote). Le résultat convient aux poissons sans être suffisant dans un aquarium récifal où les invertébrés sont très sensibles aux taux de nitrates au-delà de quelques milligrammes par litre.

Il faut retenir que le filtre externe est potentiellement une usine à nitrates si on l’utilise sans précautions (et même conformément au mode d'emploi ! :-). Il faut se placer dans une situation dans laquelle il est une aide et non pas un danger.

Utilisation récifale
Le filtre est vendu avec des masses filtrantes qui sont parfaites pour héberger des colonies bactériennes, jettez-les ! Il faut revoir complètement ce schéma et prévoir une utilisation strictement mécanique. Pour cela, on retire les masses filtrantes de l’appareil pour les remplacer simplement par très peu de mousse de perlon (ouate filtrante). Il faut en mettre vraiment peu et prévoir de la changer souvent, au moins une fois par semaine. Cette ouate retient les particules en suspension dans l’eau, les bonnes (la faune pélagique phyto et zooplancton) comme les mauvaises (le reste :-).

Ce n’est pas si mal, mais si son fonctionnement se limitait à cette utilisation l’intérêt du filtre externe serait très limité devant celui, par exemple, d’un écumeur. Voici quelques autres avantages qui plaident en sa faveur.

1. Il est pratique d’utiliser le filtre externe pour placer aussi une poche de charbon actif, voire ponctuellement une résine de traitement anti-phosphates. Dans ce cas la poche de charbon actif peut être laissé un peu plus longtemps, un mois par exemple. Cette poche est placée après le perlon pour ne pas être colmatée rapidement par les déchets.

2. Il reste encore un grand volume de disponible et, à l’instar des gaz rares, l’aquariophile désire occuper l’espace disponible. Le filtre sert alors de réserve pour des débris de coraux, diverses pierres poreuses, des zéolithes, grande quantité de charbon actif,… L’objectif de l'amateur étant de réaliser une dénitratation en zone hypoxique. Cela reste actuellement assez expérimental et aucun protocole, simple et sûr à mettre en oeuvre n'est déterminé. Pour ma part je ne pense pas que cela soit facilement atteignable pour un débutant ne maîtrisant pas encore le 'cycle de l'azote', et la meilleure place pour une action des PV reste l’aquarium lui-même. Le volume utile du filtre ne permettra qu’une action forcément limitée (si jamais il y a une action). En fait si vous faites cela je conseille de placer que des débris corallien en excluant tout autre substrat. Il faudra également nettoyer ces pierres (au moins une fois par semaine :-) avec l’eau de l’aquarium pour éviter toute accumulation de déchets ou de sédiments et cela en essayant de préserver la vie de petits organismes capturés par le filtre. En appliquant cette règle vous réduisez les risques d’une mésaventure et vous y trouverez même un intérêt.

3. Dans un volume très réduit, le débit du filtre, même modeste, est aussi une aide au brassage.

4. Le volume global d'eau, donc l'inertie de l'aquarium, est augmenté ce qui va dans le bon sens.

5. La pompe de refoulement n'est pas immergée, ce qui ne provoque pas un échauffement de l'eau. Il est même envisageable d'utiliser le circuit externe pour assurer le refroidissement de l'aquarium, et aussi placer la résistance chauffante dans le corps du filtre. (Pour rappel : Une des principales difficultés de l'aquarium de petit volume est la maîtrise de la température). Le filtre externe se transforme ainsi en climatiseur.

6. Avec nos aquariums de très petit volume un autre avantage du filtre externe est manifeste : Il nous force à faire des changements d’eau significatifs, et cela : C’est vraiment une très bonne chose !

Conclusion
Comme l’écumeur, le filtre externe est un complément mécanique à l'épuration biologique de l'aquarium récifal basée sur les pierres vivantes.

Il reste à déculpabiliser les utilisateurs de filtre externe dans une configuration micro ou nano récif. Car, même si ce n’est qu’un auxiliaire non indispensable, surtout si l’installation comporte un bon écumeur ou une décantation, il peut s’avérer utile. Ne serait-ce que pour y placer du charbon actif, faire un changement régulier d’eau, … ou y placer une résistance de chauffage.

Il faut quand même changer ses habitudes lorsque l’on vient de l’aquariophilie d’eau douce et pensez à changer les masses filtrantes le plus souvent possible pour ne pas démarrer une action bactérienne excessivement nitrifiante. (PS : N'oubliez pas de préparer votre ouate synthétique en la lavant à l'eau très chaude avant utilisation pour la débarrasser des produits de fabrication). Il est aussi possible de s'inspirer des règles de circulation de l'eau dans les installations comportant une décantation en réalisant une surverse pour capter l'eau de surface. 27-L propose une aussi solution ingénieuse sur son site http://nanorecif.over-blog.com/ permettant de camoufler totalement le circuit d'eau.

Il faut être conscient que, même correctement utilisé, ce type de filtre n’est pas suffisant pour une épuration de l’eau de l'aquarium récifal qui reste avant tout basée sur la méthode berlinoise.


27-L Expérience personnelle:
Le filtre externe m'apporte:
* un brassage supplémentaire avec un impact thermique limité
* un volume de 10% en plus 3l /27l
* un support bactérien additionnel
* un refuge obscure
J'ai choisi de remplir les premiers étages composant le filtre de billes de micromex (JBL) donné comme ayant une action dénitrifiante comme les PV.Cette zone est aujourd'hui le royaume des vers polychetes et des amphipodes.
Les étages suivants sont remplis de zeolite plus comme support bactérien additionnel aux PV que pour son pouvoir d'adsorption dont je soumettrai son action en milieu salin à interrogation dans un prochain nanoZine.
Je n'entretient pas ce filtre car je n'y constate pas de sédimentation (il est soumis à un passage de 300*le voulume/heure) et je ne veux pas perturber la microfaune qui s'y est établie.
En conclusion son action épuratrice n'est pas prouvée au constat pret que la sortie du circuit ou il y a juste une pompe connait des poussées d'algues celle du filtre n'en a jamais connu.
27-L

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