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Un joyau exotique : les Tridacnas dans l'aquarium récifal

Rubrique: animaux
Auteur: System c
Niveau: tous



On trouve les bénitiers dans tout l'océan Indo-Pacifique et la mer Rouge.
Les spécimens couramment proposés dans le commerce aquariophile vivent en eau peu profonde sous un ensoleillement maximal entre la surface et vingt mètres de profondeur.
Ces coquillages bivalves appartiennent au genre Tridacna, qui comprend sept espèces réparties en deux genres, Hippopus ( H.hippopus et H.porcellanus) et Tridacna ( T.crocea, T.derasa, T.gigas, T.maxima, T.squamosa).
Leur raréfaction dans le milieu naturel a rendu leur protection par la Convention de Washington nécessaire. Toutes les espèces sont maintenant soumises à des autorisations CITES comme les coraux durs.


Signes distinctifs des bénitiers

Particularités physiologiques

Les Tridacnas possèdent une coquille en carbonate de calcium pour protéger leurs organes internes constituée de deux parties symétriques reliées par un ligament caoutchouteux et des muscles adducteurs chargés de leur fermeture et ouverture.
Les coquilles ont un orifice dans la partie inférieur par lequel passe le pied et le byssus. Le pied sert au positionnement temporaire, le temps que le bénitier choisisse une oientation favorable.
Le byssus désigne un ensemble comprenant une glande dite byssale et le lien qu'elle sécrète. Ce lien est constitué de filaments liquides qui durcissent au contact de l'eau en formant une attache très résistante.
Ce lien peut etre coupé à ras de son support avec un outil tres tranchant en prenant la précaution de ne pas endommager la glande bysalle, sans quoi l'animal dépérirait.
Leur durée de vie est relativement élevée, de dix à cinquante ans pour les especes de petite et moyenne tailles. Tridacna gigas, le bénitier géant, peut dépasser une centaine d'années.

Mode alimentaire

Les Tridacnas sont les seuls coquillages qui hébergent des algues unicellulaires, les zooxanthelles qui sont situées sur le manteau du bénitier.
La relation entre l'animal et ces algues est symbiotique: les zooxanthelles synthétisent à partir de l'énergie lumineuse des glucides et protides permettant aux bénitiers de vivre dans des zones très pauvres en nutriments. Cette symbiose permet de satisfaire la majorité des besoins alimentaires du bénitier.
Les Tridacnas sont aussi des filtreurs : ils pompent dans l'eau des éléments organiques dissous.
L'eau aspirée est dirigés par les cils à travers les branchies, puis les nutriments retenus sont envoyés vers la bouche et passent dans l'estomac ou une partie de la digestion est effectuée. Ensuite le contenu stomacal arrive dans l'intestin et les résidus sont transformés en fèces et expulsés.

Leur reproduction en milieu naturel

Les Tridacnas sont hermaphrodites simultanés. Leur maturité sexuelle se passe en deux étapes distinctes. Ils deviennent d'abord males reproductifs et élaborent des gamètes d'une couleur laiteuses, puis quand ils atteignent la maturité sexuelle complète, ils sont capables de produirent des ovocytes de consistance granuleuse. C'est quand ils atteignent leur taille adulte, une à deux années plus tard qu'ils produisent les gamètes femelles.
Quand ces conditions sont réunies, la reproduction se déroule de façon succinte: les gamètes males sont lachées en premier, ensuite un message biochimique alerte les autres bénitiers du voisinage du phénomène, ce qui déclenche leurs pontes. Environ une heure apres les ovocytes sont à leur tour expulsées. L'influence de la lune, des marées, des courants ou l'instint de survie du bénitier sont des facteurs qui peuvent déclencher une ponte.
En aquarium, meme si elles sont rares, les pontes peuvent arriver. Dans ce cas, les gamètes libérées en milieu clos peuvent rapidement devenir toxiques, et dans cette situation un changement d'eau massif associé à une filtration sur charbon peuvent sauver les habitants de l'aquarium.



L'achat et l'acclimatation

Les bénitiers étant sensible aux changements de qualité d'eau et au stress du transport, il faut veiller à acheter un animal en bonne santé pour qu'il puisse s'acclimater à une nouvelle vie dans votre aquarium.
Les conditions de stockage chez votre détaillant, qui inclut la qualité de l'eau et de la lumiere doivent etre adéquats.
Le coquillage que vous allez acquérir ne doit pas présenter de baillement au niveau du syphon ce qui révèle un état de faiblesse. Le manteau ne doit pas montrer de blanchissement ou d'éclaircissement prononçé, caractéristiques qui indiquent un rejet de ces zooxanthelles.
Un bon test pour vérifier la santé d'un bénitier: intercaler votre main entre la source de lumiere et la surface de l'eau: celui-ci doit réagir à l'ombre provoqué en se refermant rapidement, si ce n'est pas le cas évitez de l'acheter.
Une fois votre joyaux soigneseument sélectionné et si votre aquarium est aux normes récifales, son acclimatation ne posera pas de difficultés particulieres.


Le bac de référence

L'aquarium idéal pour acueillir un bénitier est de type récifal ou il trouve les conditions satisfesantes de qualité d'eau et de lumiere.
Les parametres doivent etre rigouresement surveillés et stabilisés dans des conditions optimales, en particulier l'alcalinité à l'aide de RAH/RAC ou de solutions bi-composants pour obtenir un taux de calcium entre 420 et 480 mg/l et un KH de 8-10. Ces éléments sont déterminants pour sa bonne santé.
Calcium et carbonnates lui sont indispensables pour sa croissance. Une densité comprise entre 1023 et 1028 et une température de 25 à 29°c lui convienne bien. Les bénitiers supportent des taux de nitrates plus élevés que les SPS, cependant des taux bas sont souhaitables.
Pour l'éclairage, point crucial, le HQI est une des clés de sa maintenance. Un watt par litre est le minimum pour leur bien-etre. Des températures de couleur au alentour de 10000K sont appréciés par les Tridacnas. Les tubes T5, en quantité suffisante, donnent aussi de bons résultats.
Un bon brassage est nécessaire pour la santé générale du bac, il faut seulement veiller que le flux des pompes ne soit en aucun cas dirigés directement sur eux.


Les ennemis des bénitiers

Dans le milieu naturel, les poissons perroquets et les grands labres se nourissent souvent de bénitiers.
En aquarium, le plus connus des prédateurs est un escargot minuscule de 2 à 8 mm de la famille des Pyramidellidés comme Tathrella sp et Pyrgiscus sp. Ils doivent etre recherchés sur la coquille et éliminés. Les grands vers polychètes comme Eunice et Nereis sont capables de perforer la coquille ou de pénétrer par le syphon pour les dévorer par l'intérieur. Les petits vers polychètes sont inoffensifs.
Certains Centropyges, poissons -anges et poissons -ballons comme Canthigaster valentini peuvent picorer à répétition le manteau du bénitier, conduisant au stress et à la mort de celui-ci.





Les trois espèces de Tridacnas les plus fréquemment proposé dans le commerce aquariophile

Tridacna crocea:
Habitat: dans toute la zone Indo-Pacifique tropicale depuis la mer d'Andaman jusqu'à la Nouvelle-Calédonie et les iles Fidji. Ils vivent à faible profondeur, souvent à moins de 5 metres, à l'intérieur de lagons et au bord de la pente externe.
Taille: maximum 20 cm
Coloration: chaque spécimen est différent avec des couleurs violacées, bleu électriques à turquoise.
Les motifs peuvent etre bigarrés avec des taches orangées.
Biologie: ils sont toujours enserrés dans la roche du récif ou dans la partie morte des Porites.
Le mouvement des coquilles et les sécrétions de l'animal permettent d'agrandir la cavité au fur et à mesure de la croissance. Sur un meme site, il n'est pas rare de trouver plusieurs dizaines d'individus sur un seul metre carré.
Maintenance: proches de la surface, ils ont donc besoin de beaucoup de lumiere pour se développer correctement. L'eau est la plus limpide possible pour limiter l'absorption de la lumiere.

Tridacna maxima:
Habitat: depuis la mer Rouge jusqu'aux iles Fidji et Vanuatu ainsi que vde Taiwan jusqu'au sud de Madagascar et la Grande Barriere de Corail australienne, aussi bien dans les lagons que sur les cretes récifales et le début de la pente externe jusqu'à 10 metres de profondeur.
Taille: jusqu'à 35 cm
Coloration: tres variable. Le bleu, le vert, l'orange et le marron sont le plus fréquents avec presque toujours des yeux noirs sur le bord du manteau. Les couleurs intenses sont plutot mates avec des motifs tachetés ou striés mais également presque unies.
Biologie: comme les T.crocea, les coquilles sont profondément enfouis dans une cavité rocheuse.
Le bord de la coquille qui dépasse est parfois colonisé par d'autres espèces comme Pocillopora damicornis.
Maintenance: l'espece est un peu moins exigente en lumiere que T.crocea. Il faut cependant placer le bénitier à l'horizontale pour que le manteau reçoive la meme quantité de lumiere sur toute sa surface.

Tridacna squamosa:
Habitat: depuis la mer Rouge jusqu'aux iles Fidgi. Il n'est cependant pas présent dans le Golfe du Bengale. Il se rencontre dans les lagons et les parties abritées de la pente externe jusqu'à 15 metres.
Taille: jusqu'à 40 cm.
Coloration: très variée avec des couleurs pastel, vert, nacré, beige, orange ou brun. Les motifs sont le plus souvent tachetés ou striés avec une symétrie et une régularité surprenante.
Biologie: contrairement aux deux espèces précédentes, celle-ci n'est pas enchassée dans la roche. Elle est seulement fixée par son byssus à la roche ou à un squelette de corail. Elle ne vit donc que dans les endroits abrités. Les écailles très développées sur toute la surface externe de la coquille lui offrent une certaine stabilité sur le substrat sableux.
Maintenance: moins exigeant que T.crocea et T.maxima, on le place plutot au fond du bac en lui offrant une stabilité suffisante pour qu'il ne bascule pas lorsqu'il se referme brusquement. Brassage modéré et eau parfaitement limpide.


Photos de bénitiers en milieu naturel: (photographies de Jlc)
Les photographies ont été prises les 10 et 11 avril 2007 sur l'ile de Koh Rang (à proximité de Koh chong), Golfe du Siam, Thailande, profondeur entre 1 et 13 mètres.
Un grand merci à Jlc pour le pret de ses magnifiques photos:
http://microrecif.ovh.org/milieu.htm

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Contrairement à ce qui est écrit partout, les bénitiers ne sont pas les seuls coquillages à héberger des zooxanthelles. Voir par exemple l'article de Maruyama et al, Molecular Phylogeny of Zooxanthellate Bivalves, The Biological Bulletin, 1998, Vol 195, Issue 1 70-77.

Noctiluca