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Comment préparer les animaux au transport

Rubrique : Technique
Auteur : JLC
Niveau : Débutant

Avertissement : Ces quelques conseils sont acceptables pour un amateur désirant faire un déménagement ou un échange mais sont insuffisants pour un usage plus professionnel.

Isolation thermique
Nos animaux tropicaux supportent très mal les variations rapides de température ainsi que les valeurs qui s’écartent de leur standard. Aussi des précautions sont impérativement prises pour que les valeurs maximale de 28° et minimale de 18° ne soient pas franchies sous peine de perte des animaux. Il est, bien entendu, idéal de faire le transport dans un véhicule climatisé et cela pendant les saisons et périodes météo les plus clémentes. S’il est parfois possible de planifier ce déplacement il faut avouer que c’est rarement le cas. Il faut alors mettre en place des solutions palliatives et cela en fonction des conditions climatiques. D’autre part le transport en soute d’avion nécessite toujours de bonnes précautions : Exposition au soleil lors du chargement et au froid dans la soute pendant le voyage. La forte chaleur est très mal supportée car elle influe sur le métabolisme et aussi la quantité de gaz dissous dans l’eau, en particulier l’oxygène, et cela peut conduire à une asphyxie des animaux.

Le grand conteneur
Les meilleurs conteneurs sont ceux utilisés par les professionnels mais à défaut une glacière type ‘camping’, ou de transport de biberons pour bébés, en polystyrène convient très bien. Le conteneur est recouvert, ou non, de tissus ou de plastique dur, ce qui peut être utile si on désire renforcer la résistance aux chocs : Voyage en soute d’avion par exemple. Les animaux ne sont généralement pas placés directement dans la glacière, à l’exception des grandes pièces de corail, mais conditionnés dans de plus petits récipients.

Le petit conteneur individuel
Les sacs en polyéthylène transparent, que votre revendeur peut vous fournir mais qui sont également disponible en VPC, ont l’avantage de la souplesse et s’adaptent facilement à la place disponible dans le grand conteneur. Ils autorisent aussi de recourir au gonflage à l’oxygène. En revanche ils sont assez fragiles et les pots en plastique ou en verre hermétiques conviennent aussi bien pour les coraux et petits invertébrés. Attention avec les coraux durs coupant et les poissons chirurgiens qui peuvent percer les sacs plastiques avec leur scalpel. Dans le cas d’utilisation de pots il faut un nettoyage parfait avant l’utilisation. Lors d’un transport aérien la pression externe varie et il faut prévoir que les récipients étanches acceptent ces variations.
Julian Sprung signale une méthode de transport des coraux durs en sacs maintenus simplement humides mais il ne faut pas prendre le risque que le corail ne sèche de trop. Cela est certainement possible avec les coraux du platier récifal confrontés régulièrement aux marées basses. Cette technique est également possible avec les pierres vivantes ou les grandes pièces de coraux fixés sur des pierres pour limiter le volume d'eau à transporter.
Ces petits conteneurs sont des systèmes fermés, c'est-à-dire des récipients clos de manière étanche. C’est la solution la plus simple à mettre en œuvre. Sachez que des systèmes de transport ouverts, avec diffuseurs d’air ou d’oxygène, voire un chauffage, alimentés par batterie, sont aussi possibles mais pour un amateur ce sont des solutions plus adaptées au stockage provisoire pendant une réfection de l'aquarium qu’au transport.

La chaleur massique
L’air du conteneur est un bon isolant mais a une très mauvaise 'chaleur massique' aussi il faut essayer d'améliorer cela en augmentant la ‘masse’ mise à température pour augmenter le temps pendant lequel elle sera acceptable. Le plus simple est d’utiliser des conteneurs individuels de grande capacité qui augmentent naturellement la quantité d’eau. L’eau prélevée dans l’aquarium peut alors être importante. Il faut prévoir son remplacement partiel pour pallier à la baisse de niveau dans l'aquarium. Une autre bonne pratique consiste à mettre des poches remplies de gel conservant la température (ou liquide eutectique). Les poches sont mises précisément à la température de l’eau de l’aquarium au bain-marie avant leur utilisation (ne pas chercher à chauffer même de quelques degrés, cela peut avoir un effet inverse à celui espéré). A défaut de ces poches de simples bouteilles d’eau conviennent mais il est alors préférable d’avoir des conteneurs individuels de plus grand volume.

Climatisation
Dans le cas d’un transport assez long en voiture non climatisée il peut être utile de disposer soit d’un refroidisseur Peltier, soit d’un petit radiateur, pour remettre une poche de gel à la bonne température. Des poches chauffantes contenant de l’acétate de sodium permettent aussi de restituer de la chaleur sur une simple pression. Cela peut être utile si on prévoit un abaissement très important de la température. L’utilisation sans risque n’est cependant pas facile car l’élévation locale de température atteint 50°. Il est vraiment préférable de bien isoler thermiquement plutôt que d’essayer de climatiser le conteneur.

Conservation du taux d’oxygène
Une autre préoccupation lors du transport des poissons est la conservation du taux d’oxygène et la réduction du taux de gaz carbonique. Pour cela les poissons sont placés dans des sacs remplis que partiellement et contenant une partie importante d’air. L’agitation et le stress augmentent la respiration et pour réduire cet effet le sac est rapidement placé dans l’obscurité pour tenter de calmer l’animal.
Pour augmenter la surface de contact air/eau il est possible de ranger le sac à l’horizontal dans le conteneur isotherme de transport. L’agitation de la surface pendant le transport suffit généralement aux échanges gazeux.
L’élévation de la température réduit aussi les concentrations d’oxygène aussi des précautions supplémentaires sont prises lors des fortes chaleurs et pour ne pas dépasser la limite des 28°. Cette dernière remarque est bien entendu valable avec les invertébrés. Il est même préférable d’abaisser légèrement et progressivement, de deux ou trois degrés, la température habituelle de conservation des animaux, ce qui ralentit leur métabolisme. En revanche le retour à la température normale pendant la phase d’acclimatation risque de déclencher naturellement un abaissement du pH (par augmentation du taux de CO2) et même l’apparition d’ammoniac excessivement toxique. Le réchauffage de l’eau de transport tient compte de ce paramètre et il est préférable, dans le cas d’un voyage très long où l’on suspecte une pollution par déjections, d’opérer un échange partiel d’eau pour remonter progressivement la température et non pas un simple bain-marie.
Il faut noter que l’abaissement du taux d’oxygène et du pH lié à l’augmentation du taux de CO2 se produisent rapidement, pratiquement dès la première heure du transport.
Les professionnels utilisent des solutions tampons pour limiter les effets d’abaissement du pH, éventuellement des zéolithes comme régulateur de l’ammoniac ou encore de l’eau oxygénée pour l’amélioration de la concentration d’oxygène, je déconseille l'emploi de ces méthodes à l’amateur.

Gonflage du sac à l’oxygène
C’est une bonne solution en prévision d’un transport d’un poisson de grande taille pendant une longue période. Votre revendeur peut certainement vous aider pour le gonflage des sacs à l'oxygène. Des locations de bonbonnes sont aussi possibles dans les magasins de bricolage [poste à souder] ou de matériel médical. L’utilisation d’oxygène n’a pas de contre-indication avec les poissons, en revanche elle n’est pas mise en oeuvre dans le cas de transport d'invertébrés, en particulier de coraux.

Limitation de la population
Chaque sac ne contient qu’un animal pour réduire les risques d’agression mais aussi individualiser les besoins. Ainsi les moindres consommateurs ne sont pas pénalisés par un appauvrissement du milieu par un animal plus gourmant en ressources. Cela offre aussi la possibilité d’une capacité optimale faite pour chaque animal. D’une manière générale : Plus le volume alloué par animal est grand, meilleures sont les chances de réussite.

Sevrage et soins
Les déjections des animaux produisent des quantités d’ammoniac et d’ammonium pouvant être importantes. Les animaux sont donc sevrés 48H avant le conditionnement (plus aucune distribution de nourriture) afin de réduire une production rapidement toxique dans un si petit volume. Autres soins, pour garantir les meilleures conditions, une bonne propreté est essentielle : les coraux sont au maximum débarrassés de leur mucus avant le transport, les pierres débarrassées des sédiments, etc.

Chocs
Il faut éviter les chocs entre pierres, coraux, animaux. Un peu de mousse de perlon (ouate filtrante blanche) non tassée permet de caler les pierres et coraux. C’est aussi un moyen d’assurer une accroche possible aux invertébrés comme les crevettes, et cela sans aucun danger, ce qui n’est pas le cas si on place une petite pierre qui risque d’infliger des blessures aux animaux lors des mouvements et secousses du transport. Ce support est également complètement neutre, ce qui n’est pas le cas des végétaux qui, en se dégradant, risquent de provoquer une pollution de l’eau et n’apportent aucun bénéfice (pas de production de O2 en l’absence de photosynthèse).
Les coraux durs de petites tailles sont particulièrement fragiles, la solution consiste à les faire voyager piqués dans un morceau de polystyrène. Comme le polystyrène flotte à la surface de l’eau, les coraux voyagent ‘la tête en bas’ mais sans aucun inconvénient. Selon Peter Wilkens et Julian Sprung cette méthode peut être appliquée aux Xenia qui supportent assez mal les voyages.

Les chocs seront minimisés par un emballage individuel de chaque sac ou pot pour atténuer les vibrations (et cela améliore aussi la protection thermique) : ‘Chips’ en polystyrène, papier journal, papier ‘bulle’, etc. En aucun cas les sachets ou pots ne doivent pouvoir bouger dans le conteneur isotherme.

Agressions
L’idéal est d’individualiser le transport et pour cela de disposer d’un conteneur par animal ou plante. Si cela n’est pas possible, il faut regrouper les animaux par famille ne risquant pas de s’agresser. Les coraux notamment se livrent des combats chimiques et il ne faut pas tenter d’en placer deux, d’espèces différentes, dans le même sac. Les animaux peuvent également se livrer des combats physiques, exacerbés par la petitesse du territoire et les collisions répétées (même lorsqu’il s’agit de couple habituellement paisible, crevettes Stenopus par exemple).
En revanche le fait d’être enfermé dans un petit volume n’affecte en rien la survie des animaux.

Spécial échinodermes
Les échinodermes (oursins, étoiles de mer) risquent de mourir s’ils sont exposés à l’air. Il faut donc les capturer et les relâcher sous l'eau dans l’aquarium mais aussi les maintenir immergés pendant toute la durée du transport. Pour cela le sac servant au transport des échinodermes sera complètement rempli d’eau, toute bulle d'air chassée.

Pour finir
A la fin du transport, tout ce petit monde doit retourner dans l’aquarium. La technique est décrite dans le nanoZine de décembre : Une procédure d'acclimatation rapide en 4 étapes

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