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L'alimentation en récifal



Rubrique : Animaux
Auteur : Clown974
Niveau : Confirmé

Depuis environ une dizaine d’années, l’alimentation des coraux, qu’ils soient symbiotiques ou non est devenu une habitude, voir une mode. Nous allons ici essayer de faire le point sur cette pratique, ses inconvénients et intérêts réels en NANO. Qu'il soit donc clair, l’accent va être mis sur les aspects liés à la gestion des PETITS VOLUMES.

1- Pourquoi nourrir un bac?

Un aquarium récifal étant un milieu fermé, tout apport exogène de matières organiques engendre une augmentation de la biomasse ou une forte pollution … Il convient donc de bien réfléchir avant d’entreprendre quoi que ce soit. En effet, un nano représente un volume d’eau relativement faible, la même quantité de nourriture peu donc engendrer une pollution mortelle là ou n’engendrerait qu’un léger trouble dans le bac de volume moyen.

L’estimation du risque de pollution et du degré de pollution maximale est donc une priorité pour votre nano :

Vous devez d’abord répondre à certaines questions :

  • Qui dois-je nourrir dans mon aquarium ? (symbiotiques/non symbiotiques)
  • Ces animaux ont-ils réellement besoin d’une alimentation exogène ? la lumière et la production endogène ne suffit-elle pas ? (exemple : le Goniopora…)
  • De quoi se nourrissent les animaux que je désire alimenter ? (micro pinocytose, captures de phyto ou zooplancton etc…)
  • Quand ces animaux se nourrissent-ils sur le récif ? (le jour, la nuit, en phase de transition ?)
  • Combien : Quel est la « dose » à apporter ?
  • Comment nourrir chacun des animaux pour les apports couvrent ses besoins ?

Seulement une fois ces éléments déterminés, vous pouvez envisager l’alimentation de VOTRE aquarium, celle-ci correspondra exactement à VOS besoins et ne sera pas un protocole reproductible sur l’aquarium lambda.

Quelques éléments de réponse pour vous aider dans vos choix :

Les animaux non symbiotiques doivent être nourris.

Les animaux symbiotiques à gros polypes ou des zones lagunaires doivent recevoir un complément alimentaire.

Les coraux symbiotiques à petits polypes se passent très bien d’une alimentation exogène.

En revanche, certains coraux durs, réputés difficiles (Heliofungia, Goniopora, Alveopora, …), nécessitent dans leur alimentation des nutriments difficiles à fournir comme les Acides Gras Poly-insaturés (AGP).

Les synthèses enzymatiques de nos animaux nécessitent la présence dans l’eau de mer de métaux précieux en doses infinitésimales comme l’or, l’argent mais aussi le cuivre…

Les coraux mous s’alimentent généralement plutôt de phytoplancton et par micro pinocytose,

Les coraux durs s’alimentent généralement plutôt de zooplancton voir d’animaux supérieurs (larves de poissons, d’invertébrés…)

La dose à apporter est virtuellement indéfinissable mais nous pouvons constater : Plus un aliment est proche de l’alimentation naturelle et plus il est consommé (exemple : le phytoplancton vivant peut difficilement polluer un bac puisque presque l’ensemble des invertébrés pourront s’en nourrir, certains par nécessité, d’autres par opportunisme). Inversement, plus cet aliment est synthétique, plus il sera polluant et facilement surdosable, pour les mêmes raisons…

Plus un aliment à une forte stabilité dans le milieu (c.a.d. plus il s’écoule de temps avant qu’il ne commence à se décomposer) et moins il est polluant.

Maintenant que vous savez ce dont vous avez besoin, allons chez le poissonnier du coin…

2- quelles nourritures pour qui, pour quoi?

Nous avons vu combien les besoins peuvent être différents dans un aquarium entre les différentes espèces maintenues, nous allons maintenant essayer de distribuer la nourriture pour en maximiser le bénéfice.

Dans la Nature, les « montées » de phytoplancton ont lieu du bas vers le haut, à la tombée de la nuit. La distribution de phyto ou d’un palliatif devrait donc se faire à l’extinction de la lumière principale (donc sous éclairage bleu) et l’aliment devrait « flotter » au moins 2 heures pour permettre aux animaux de s’en saisir.

Idéalement la filtration mécanique devrait se couper et engendrer l’accalmie nocturne naturelle.

De même, certains coraux, bien que pouvant bénéficier d’apport de zooplancton en journée restent fermés et ne s’ouvrent que la nuit (exemple : Tubastrea). Il est parfaitement possible de les habituer à s’ouvrir en journée mais c’est déconseillé :

Certains poissons viendraient « taquiner » les polypes et surtout, venir piquer la nourriture directement dans les polypes ! (Grande spécialité des zebrasoma…) C’est pourquoi, il est conseillé d’attendre l’extinction complète de la lumière… Pas de panique pour la distribution, les solutions arrivent !

Enfin, le plancton endogène à l’aquarium (décapodes, copépodes etc…) lui-même sera mieux à même de profiter d’une distribution nocturne puisqu’il pourra dès lors sortir s’alimenter sans risquer de se faire happer par un poisson, un corail en revanche… ne lui laissera que peu de chance.

Concernant les poissons, à part ceux qui sont réputés pour avoir des mœurs nocturnes, la majorité s’alimente en journée, tout au long de la journée : une distribution en trois fois serait idéale…

Vous allez me répondre qu’il y a une vie après l’aquariophilie et vous avez raison, alors voici quelques solutions…

Le phytoplancton en suspension (liquide) à température ambiante (donc vivant ou conditionné) peut être distribué par une pompe doseuse (voir bricolage sur le site Nanorécif France).

Les aliments congelés peuvent être distribués à partir d’un distributeur réfrigéré (2°C), de fabrication allemande et disponible en France chez Abris sous roche.

Dans les deux cas, couplé à un programmateur à la minute, vous pouvez juste faire le plein une fois par jour…

Dans l’autre cas, une pipette et un peu de patience sont les bienvenus.

3- Produire ou acheter l'alimentation ?

Arrive alors l’étape pénible au portefeuille… qui va imposer quelques choix.

Nous pouvons distribuer :

  1. De la nourriture vivante mais qu’il faudra alors acheter une fortune ou produire…
  2. De la nourriture vivante morte qu’il faudra alors acheter (un œil au lieu des deux) et surtout correctement conservée.
  3. Un substitut constitué de nourritures vivantes congelées, lyophilisées, déshydratées… qui ne posera pas de problème particulier de conservation ni de prix mais en revanche, la plus polluante et la moins qualitative des trois solutions.
Nous allons reprendre à l’envers ces propositions, de manière à constater combien la difficulté est proportionnelle à la qualité du produit.

Les substituts du marché :

En faire le listing serait aussi rébarbatif qu’inefficace, nous présenterons donc un exemple seulement par type :

Alimentation par micro pinocytose : un produit semble faire la quasi unanimité : Marine Deluxe de chez H&S. Personnellement je n’ai jamais réussi à polluer mes bacs avec, je n’en ai jamais abusé non plus…

I- Les produits déshydratés :

  • Le phyto : exemple : Phytoplan (two little fishies, distribué par aquarium system) : La composition à l’air intéressante (phytoplancton séché par atomisation) mais le taux de fibre (19% !) est difficilement compatible avec du phyto, des laminaires réduit en poudre, plus probablement…
Règle n°1 : contrairement à ce qu’indique l’étiquette, un mélange manuel à l’eau est totalement insuffisant : la taille des particules que nous recherchons nécessite l’utilisation d’un mixeur >3000tours/min pour permettre une bonne suspension des particules.

Règle n°2 : quitte à dépenser du fric pour du phyto, autant s’offrir le top : la poudre de spiruline ou de chlorella (à 100%) est disponible chez Natesis.com.
  • Le zoo : exemple zooplan (two little fishies, distribuer par aquarium system) : problème dentique aux phyto, forte perte de valeurs énergétiques, rancissement des AGP, etc.
II- Les produits vivants tués en solution :
  • le phyto : Exemple : Instant Algale de reed mariculture : http://www.instantalgae.com (à commander sur internet) : la compo est exceptionnelle, le résultat exceptionnel, la conservation est possible au congélateur après reconditionnement. Bref, la meilleure solution pour qui n’a pas envie de se faire ch…à produire lui-même le phyto.
Seul inconvénient mais de taille : prix d’achat et de transport prohibitifs : Solution idéale pour un achat groupé.
  • Le zoo : Exemple microplan de chez Preis. La plupart de ces produits ne sont pas du zooplancton mais un substitut de très bonne qualité, en l’occurrence des levures et un enrichissement leur permettant de retrouver une partie de la valeur nutritionnelle idéale. Ces compléments sont très polluants mais sont l'idéal pour la culture de zooplancton de taille supérieur comme les rotifères par exemple.
III- Les produits vivants :

  • Le Phyto : exemple : produits de chez Marine life : parfait, idéal, prohibitif pour un usage régulier.
  • Culture maison : au moins trois cylindro-coniques (bouteille vivalo 20 litres par exemple) Une grosse pompe à air, une solution d’engrais pour phyto (disponible chez aquaculture Supply), un densimètre à culture (idem), de la lumière, de l’eau de mer neuve, une température stable etc… Ce système à peu d’intérêt hormis pour celui qui voudrait ensuite produire des rotifères pour l’élevage de larves de poissons.
  • Le Zoo : exemple : produits de chez http://www.copepod.com/ ou de Marine life : parfait, idéal, prohibitif…
  • Culture maison : Si vous avez déjà l’équipement pour réaliser vos algues vous-même ou avez claqué votre salaire pour acheter de l’Instant algae, il ne vous manque plus que : Trois à 9 cylindro-coniques, de la lumière, de 3 à 9 thermo plongeurs (B. Plicatilis se développe mieux à 28°C et B. Rotundiformis à 30°C quant aux mysis et copépodes, cela dépend beaucoup de l’espèce).
  • Enfin, la même société allemande distribuée par Abris sous roche qui propose des distributeurs réfrigérés, propose aussi des réacteurs à plancton, permettant la culture d’algues, de rotifères et même d’artémias pour un tarif assez intéressant. Ces équipements mériteraient d’être essayés si vous en avez la place.

Vous constaterez que cet article ne vous propose pas de solution : c’est le but ! Nous espérons simplement vous guider dans vos choix de manière à vous simplifier l’aquariophilie, progresser sans se lasser de trop de contraintes.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

http://www.animals-superstars.com/photo-10838.html