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Ecosystèmes coralliens

Auteur: systemc
Rubrique: vivant

Niveau: tous

Les notions de récif et de récif corallien

Ce sont des constructions édifiées par des êtres vivants: Il existe des récifs d’algues corallinnacées (Amérique du Sud, Cap vert), de mollusques (coquilles sondées de vermets en Floride) ou de vers polychètes (serpulides), mais la plupart des récifs sont édifiés par des coraux hermatypiques (cnidaires : surtout scléractiniaires et hydrocoralliaires) qui possèdent des algues microscopiques symbiotiques ( les zooxanthelles). Ils constituent l’infrastructure de base de l’écosystème (cf. les arbres de la mangrove).
Ce sont des constructions solides et persistantes: Solides, car ils sont constitués par les parties dures du squelette. Persistantes, car ils résistent aux chocs après la mort des organismes (ex récifs de l’ère primaire, surélevés aériens); les interstices sont colmatés et soudés.
Ils possèdent une topographie positive: Ils sont construits depuis le fond marin sur un substrat générateur dur et peuvent, ou non, affleurer à la surface des océans; ils constituent une hantise pour les marins.
Ils ont un développement important: Parmi les plus grands récifs il faut citer La Grande Barrière Australienne, les récifs de Nouvelle Calédonie qui dépassent 2000 km de long et ceux de Mayotte
Ils sont capables de modifier les conditions écologiques du milieu: Ces modifications sont physiques, sur les mouvements de l’eau qu’ils arrêtent (houles, vagues), protégeant ainsi les littoraux. Ces modifications sont chimiques tant par l’utilisation des nutriments du milieu que par les déchets qu’ils produisent.

La distribution des récifs et ses facteurs

La distribution s’appréhende à différentes échelles spatiales.
Globalement les récifs sont répartis dans les zones où la température hivernale reste supérieure à 18°C.
Rôle de la température : la température optimale est 22-28°C; le rôle des grands courants chauds et froids est donc important. La température minimale est de 18°C ce qui entraîne une distribution asymétrique sur les côtes Est de l’Atlantique et du Pacifique plus froides que les côtes Ouest. Il existe des seuils de tolérance, aux températures basses et hautes, variables suivant les espèces; ils agissent probablement sur la nutrition et la reproduction.
Rôle de l’exondation : les coraux supportent mal les exondations donc il existe une relation étroite avec les marées. Mais là aussi il existe des différences entre les espèces, ainsi les coraux des Caraïbes sont rarement soumis à l’exondation et cette différence pourrait expliquer des différences de structures entre les récifs Indo-Pacifiques et ceux des Caraïbes. Des Basses Mers exceptionnelles peuvent avoir des effets catastrophiques
Rôle de la sédimentation : la variation spécifique très forte de la résistance (en rapport avec la sécrétion de mucus et les mouvements des cils) peut expliquer des zonations à l’échelle locale. Peu d’espèces sont localisées dans les zones turbides, sauf quelques espèces (Fungia, Trachyphyllia ...)
Rôle de l’hydrodynamisme : il est étudié à différentes échelles spatiales avec le rôle des vents, courants et vagues
Distribution bathymétrique
Avec la profondeur le nombre d’espèces coralliennes diminue.
Avec la profondeur le taux de recouvrement total diminue.
Avec la profondeur le taux de croissance des espèces coralliennes diminue en rapport avec la diminution de lumière beaucoup plus qu’avec celles de l’oxygène et de la température.
Elle est en relation avec la transparence de l’eau: la croissance est bonne jusqu’à une valeur de l’irradiance de 30 à 40 %, elle est maximum juste au-dessous de la surface de l’eau. Si l’irradiance est plus faible, certaines espèces comme Stylophora pistillata (Mer Rouge) peuvent se développer avec 1 % de lumière de surface; dans ce cas, ce sont alors de petites colonies et non des récifs

La répartition mondiale

Zone Indo-Pacifique
C’est la zone principale, avec une riche diversité. Elle comprend deux sous-régions:
La sous-région orientale comprend la Mer Rouge, l’Océan Indien occidental et l’Océan Indien Oriental.
La sous-région occidentale comprend le Pacifique tropical central avec la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie dont les récifs sont très riches et divers. La Grande Barrière Australienne représente à elle seule 200 000 Km2.
Le Pacifique Occidental avec ses nombreux archipels est aussi une zone à forte richesse, alors que le Pacifique oriental est nettement plus pauvre
Zone Atlantique
Elle ne représente que 1/20e de la zone Indo-Pacifique; la richesse et la diversité sont plus faibles; aucune espèce n’est commune aux deux zones.
Elle comprend principalement la région des Bermudes et les Caraïbes.
Les côtes du Brésil et de l’Afrique Occidentale sont pauvres en espèces et en individus.

Principaux types de récifs et formation
La classification morphologique est due à Darwin: Récifs frangeants, Récifs barrières, Récifs Plate-forme, Atolls
Les récifs frangeants bordent une terre émergée. Ils sont assez étroits et récents. Ils peuvent être séparés de la côte par un chenal d’embarcation (appelé improprement " lagon " dans certaines îles).
Les récifs barrières sont plus larges et plus éloignés de la côte. Ils sont séparés de la côte par un lagon qui peut être large de plusieurs milles et atteindre une profondeur de plusieurs dizaines de mètres. Des îlots sableux portant une végétation caractéristique peuvent se constituer sur une barrière. Ils sont interrompus au niveau de passes, qui correspondent à des rivières anciennes.
Les récifs plate-forme ou banc récifal sont des édifices en pleine mer.
Les atolls sont de grands récifs annulaires, situés au large, enserrant un lagon central. La partie émergée peut porter des accumulations sédimentaires, avec une végétation caractéristique (cocotiers).
Les larves coralliennes se fixent sur fond dur (rocheux ou déjà madréporaires). Les survivantes, en nombre variable, déclenchent l'initiation de la colonisation du sous-sol (substrat) avec toute une faune associée. Cette phase se déroule en eaux peu profondes, pour une croissance rapide des squelettes des coraux et des algues calcaires pour cimenter. Les matériaux détritiques viennent colmater les interstices (foraminifères, mollusques, piquants oursins, débris coralliens). L’ensemble est en perpétuel remaniement.
Géomorphologie et peuplements caractéristiques
Les différentes catégories de récifs présentent des zones homologues, dues à l’action des facteurs géomorphologiques dominants. Cette zonation est la plus complexe dans les atolls et les récifs barrières; elle comporte depuis le large une succession de biotopes hébergeant des flores et faunes caractéristiques :
-Le glacis correspond à une pente modérée en avant du récif, entre 30 et 50 m de profondeur, recouverte de coraux et de débris.
-La pente externe a une forte déclivité, elle est soumise à un fort hydrodynamisme. Sa partie supérieure comporte une alternance de crêtes ou éperons et de sillons couverts de blocs et débris. C’est une zone riche en coraux et algues calcaires.
-La crête récifale ou front est l’étroite zone de passage au platier; elle est souvent dominée par algues lithothamniées.
-Le platier externe est plus horizontal, encore soumis à un fort hydrodynamisme; les coraux y sont florissants.
-Le platier interne fait suite à la levée récifale détritique qui correspond à une zone de débris ou blocs, parfois importants, arrachés à la pente externe; il est horizontal; très variable (platier à alignements transversaux, compact, à madréporaires, à pâtés dispersés, à microatolls, à herbiers, ...); il peut porter des formations construites et/ou des débris sédimentaires.
-La pente interne a une déclivité qui raccorde le platier au lagon; elle est plus abritée; elle comporte moins de formations construites et elle est constituée surtout de débris coralliens grossiers puis fins.
-Le lagon est formé de sédiments meubles où on peut observer un gradient de sédiments d’origine terrigène en se rapprochant de la côte. Les formations coralliennes se répartissent en pâtés ou en pinacles coralliens; par ailleurs on peut trouver des dalles, correspondant à des récifs anciens.
-Les faciès variés peuvent héberger des herbiers, des champs de tumuli, des buissons de madréporaires,....
-Les passes sont des interruptions dans un récif; elles permettent la sortie des eaux du lagon et sont soumises à de forts courants (8 nœuds). Les peuplements d’espèces pélagiques y sont riches et quelques espèces benthiques (gorgones) s’accrochent sur leur substrat .
Fonctionnement des récifs
Comme les autres écosystèmes, le fonctionnement des récifs est basé sur des chaînes trophiques complexes.
Les producteurs comprennent des groupes benthiques ( principalement les coraux et leurs zooxanthelles, les herbiers, les macro-algues et le microphytobenthos), mais aussi des groupes pélagiques comme le phytoplancton
Les herbivores sont les consommateurs primaires; ils comprennent de nombreux mollusques, oursins et poissons.
Les consommateurs secondaires comprennent des organismes filtreurs comme des vers polychètes, des échinodermes,...des détritivores comme des crustacés ou des holothuries, enfin des carnivores comme des poissons ou des échinodermes (Acanthaster)
La structure des récifs dépend de phénomènes antagonistes de construction et de destruction.
Les constructions et le métabolisme
Le corail est un polype vivant dans une coupe rigide composée de carbonate de calcium (calcite ou aragonite) qu'il sécrète lui-même. Tout comme ses frères et sœurs les méduses, les anémones, les pennes de mer et les millépores, il appartient à l'embranchement des cnidaires, dont le mode d'organisation est le plus simple de tous les animaux multicellulaires. Le polype possède un corps cylindrique et une bouche entourée d'un anneau de tentacules. En fait, à quelques différences près, il s'agit d'une anémone miniature.
Les coraux peuvent être solitaires (une seule coupe, un seul polype) ou coloniaux. Dans ce dernier cas, les coupes, contenant chacune un polype, se soudent les unes aux autres pour former une colonie qui comprend des milliers d'individus et peut s'étendre sur quelques mètres. Dans ce condominium sous-marin, les locataires bénéficient de plusieurs avantages écologiques en matière de protection, d'alimentation, de reproduction, de stabilité génétique et de respiration.
Les coraux hermatypiques qui sont ceux qui construisent les récifs contiennent des algues unicellulaires, les zooxanthelles, à des densités de l’ordre de 1 millions de cellules par cm2. Ces algues ont besoin de lumière pour la photosynthèse. Elles utilisent alors le gaz carbonique dissous dans l’eau de mer, l’azote et le phosphore minéral pour fabriquer de la matière organique qui sera utilisée par le polype. En déplaçant l’équilibre des carbonates, elles facilitent la précipitation du carbonate de calcium, base du squelette des coraux
Les zooxanthelles éliminent rapidement l ’anhydride carbonique produit par le métabolisme des coraux et qui dissous le carbonate de calcium. Ainsi les zooxanthelles augmentent la production de calcaire qui peut-être dix fois supérieure à celles des coraux démunis d'algues.
Les cellules ectodermiques de la région basale du polype produisent des filaments chitineux extrêmement fins qui garnissent les vides situés entre le polype et le squelette. Les cristaux de calcaire croissent dans cette zone, dans une solution sursaturée en ions calcium de consistance gélatineuse .
Les remaniements
Les remaniements sont permanents dans les constructions coralliennes, surtout dans les zones sédimentaires (bioturbation), par action d’enfouissement et/ou de nutrition d’organismes psammivores comme les holothuries. Les quantités de sédiment superficiel remaniées sont très importantes et contribuent à la circulation de l’oxygène et des nutriments.
La destruction par les cyclones
Les récifs coralliens subissent de plein fouet la houle cyclonique. Le glacis et la pente externe sont particulièrement touchés. Les massifs coralliens brisés de la zone 0-30 m dévalent la pente en détruisant tout sur leur passage. C'est ainsi, qu'après les cyclones de 1983 en Polynésie Française, plus de 80 % des coraux de l'extérieur de l'atoll de Tikehau ont été détruits (Harmelin-Vivien & Stoddart, 1985).
La bioérosion
C'est l'ensemble des actions menées par des organismes marins (appelés microforeurs, macroforeurs et brouteurs) qui provoquent la dégradation du récif corallien.
L'érosion peut être d’origine biologique, physique ou chimique et ces facteurs agissent souvent en interaction, car des coraux fragilisés par une érosion d’origine biologique seront plus sensibles aux autres facteurs réciproquement.


Rôles des Corallinales dans les écosystèmes coralliens

Les Corallinales désignent un ordre d’algues rouges (Rhodophyta) comptant au moins deux familles : les Sporolithacées et les Corallinacées, et plus de 700 espèces.
Ces algues se caractérisent par un thalle "dur" , cette rigidité est dûe à des dépôts calcaires dans la paroi interne des cellules. Chez les Corallinacées on reconnait des formes entièrement calcifiées, que l'on qualifie d' 'encroûtantes' ou 'non-articulées' que l'on oppose aux formes 'articulées' chez lesquelles la calcification est interrompue plus ou moins régulièrement le long du thalle laissant apparaitre des zones souples (articulations). Les Sporolithacées montrent des formes exclusivement encroûtantes.
On utilise communément le terme anglosaxon 'corallines' pour parler des formes encroûtantes des Corallinales
Lorsque les parois sont totalement imprégnées de calcaire, les algues forment une masse entièrement calcifiée, pouvant être une croûte compacte à la surface lisse, ou au contraire verruqueuse, voire branchue. Il s'agit des formes 'encroûtantes' d’aspect «pierreux ».Lorsque qu’il existe des zones non calcifiées, le thalle est formé d'une succession de segments calcifiés (articles) et de segments souples (articulations) conférant à l'ensemble un aspect robuste mais flexible. Il s'agit généralement de formes ramifiés et articulées.Dans les clés d'identification des Corallinales, on oppose généralement les formes encroûtantes aux formes articulées. En revanche, ce critère morphologique ne permet pas de constituer des groupes monophylétiques, c'est à dire que toutes les Corallinales encroûtantes ne descendent pas directement d'un même ancêtre commun. L'état de caractère "encroûtant" a pu apparaître plusieurs fois lors de l'histoire évolutive des Corallinales.
Les Corallinales sont exclusivement marines. Elles sont présentes dans tous les océans et peuvent atteindre des records de profondeur pour les macroalgues (-262m aux Bahamas). Elles recouvrent le plus souvent l’ensemble des subtrats rocheux. Certaines Corallinales sont épiphytes (elles grandissent sur d’autres algues ou sur des phanérogames marines : par exemple en Méditerrannée les feuilles des Posidonies sont tachetées de rose), d'autres épizoïques (fixées sur les coquilles des mollusques), voire d'autres endolithiques (forant les substrats calcaires) ou parasites dans d'autres Corallinales.On distingue également des formes libres tels que les rhodolithes (nodules compacts libres) ou le maërl (nodules branchus) formant des accumulations d'algues rouges calcaires vivant librement sur les fonds meubles infralittoraux; le maërl constitue des "bancs" auxquels est associé le développement de toute une macroflore et une macrofaune.Les Corallinales encroûtantes sont très diversifiées dans les eaux tropicales. Elles y jouent un important rôle de bioconstructeur des récifs coralliens (cf. paragraphe suivant).Le thalle des Corallinales varie en général du rose au rouge, mais prend aussi parfois des nuances mauve, bleu-gris, gris-vert, voire jaune. Chez une même espèce la couleur peut varier en fonction de l'exposition à la lumière. En zone profonde, ou dans les habitats peu éclairés les couleurs sont généralement foncées, alors qu'en plein exposition solaire les thalles prennent des couleurs jaune -orangé en raison de la forte proportion de caraténoides photo-protectants.


Les algues marines rouges calcifiées encroûtantes (ou non-articulées) appartenant aux Corallinacées et Sporolithacées jouent un rôle fondamental dans le fonctionnement et l’évolution de l’écosystème corallien. Elles participent avec les coraux hermatypiques (coraux à symbiontes) à la construction de l’édifice corallien. Les Corallinales apportent la matière première calcaire (le ciment) et structurent l'ensemble du récif; ceci est tout particulièrement visible dans les zones de fort hydrodynamisme où les coraux auront tendance à être moins développés voire cassés. Les Corallinales peuvent représenter jusqu'à plus de 40% de la biomasse des récifs.De plus, les Corallinales forment des assemblages plurigénériques caractéristiques d’un type d’environnement récifal. En raison de la trame calcaire, les Corallinales fossilisent très bien. Elles constituent de ce fait un groupe d’intérêt particulier pour l’étude des archives sédimentaires et sont considérées comme de bons indicateurs pour la reconstitution des paléoclimats et paléoenvironnements. Ce sont d'excellents marqueurs stratigraphiques de l'ère Quaternaire.Les Corallinales sont en quelque sorte les témoins de l'évolution des récifs.
Les Corallinales stockent du carbone à la fois par les activités de photosynthèse et part les processus de calcification du thalle. A l’échelle de la planète et plus particulièrement des océans, les formations d'algues calcaires représentent un des plus grands stockages de carbone dans la biosphère.
D'autres rôles peuvent être encore attribués aux Corallinales : en premier lieu elles offrent à un ensemble d'organismes brouteurs, commes les poissons perroquets, les oursins, les patelles, les polyplacophores (mollusques) un support nutritif.
- elles favorisent et conditionnent certaines étapes du développement d'organismes marins (larves de mollusques, oursins, coraux),
- elles consitutent pour diverses espèces fixées un substrat d'accrochage leur permettant alors de se développer,
- elles abritent dans les microanfactuosités du thalle une communauté d'invertébrés libres (crustacés, mollusques..),
- enfin leur squelette calcaire abrite souvent une microflore et microfaune d'espèces perforantes ou endolithes.
La diversité, la richesse et le développement des communautés biologiques récifales (algues, poissons, mollusques, …) sont donc intimement liés aux Corallinales.

Cet article est tirée en partie de :
Bigot L, Chabanet P, Charpy L, Conand C, Quod J-P, Tessier E (2000) CDROM : "Suivi des Récifs Coralliens" PRE-COI/UE
Merci à Sabine pour ses superbes photos.

La photographie d'aquarium: de belles photos pour tous! (2/3)

Rubrique : Vivant

Auteur:Kactusficus
Niveau : Tous

Deuxième partie: Réglages avancés * Revue de détails du matériel et des accessoires.


2ème épisode… Nous poursuivrons dans l’étude des réglages généraux, et nous passons en revue le matériel … Je sens que certains sont déçus, d’autres découragés et le reste impatients de savoir enfin quelles seront les recommandations spécifiques à la photo aquariophile. Courage, patience, je vous promet qu’au troisième et dernier épisode, nous nous consacrerons uniquement à la technique aquario ! La route est longue, et ces pages techniques rébarbatives, mais elles sont la clé pour avoir une idée précise de ce à quoi nous nous réfèrerons lorsque nous évoquerons plus tard les spécificités de la photo d’aquarium.

Maintenant que vous êtes à l’aise avec les réglages techniques, vous avez peut être noté que certaines images manquent encore d’un petit quelque chose pour être vraiment bien, techniquement parlant. Certains paramètres avancés permettent de décider plus précisément de l’orientation esthétique de l’image que l’on souhaite réaliser.


La "mesure Spot"

Le choix de la « mesure Spot » est un recours très précieux en cas de contrastes de lumière trop forts entre le sujet principal et son environnement.

Le boîtier gère en général l’exposition (sauf si vous êtes en mode Manuel, comme nous l’avons vu la dernière fois). C’est une bonne chose en photo aquario, car le temps de réaction se doit d’être extrêmement court dans la plupart des cas. Peu de sujets ont en effet l’immobilité nécessaire pour se prêter à un réglage manuel minutieux. Par défaut, la mesure de l’exposition se calcule sur toute la surface du capteur. L’appareil va détecter les différentes zones du sujet, les ombres et les lumières, et faire une « moyenne », une mesure multizones ou ponderée, selon les choix, afin d’exposer au mieux.

Cependant, en cas de sujet fortement contrasté, comme c’est souvent le cas en aquario, avec les fortes luminosités de la rampe d’éclairage et l’ombre des surplombs rocheux, le résultat risque d’être décevant, le sujet principal paraîtra souvent sous exposé. C’est le cas notamment avec les poissons, dont les yeux ressortent souvent noirs, sans expressivité. Cela peut être le cas aussi si un animal est caché sous un surplomb rocheux, et que le reste de l’environnement est beaucoup plus exposé à la lumière que lui. Il faudrait donc faire en sorte de mieux exposer cette zone précise, quitte à ce que l’environnement alentour paraisse légèrement surexposé, ce qui n’est pas si grave, tant que l’attention est attirée sur un sujet principal lui-même expressif et bien mis en valeur. Là donc intervient la « mesure Spot ». Cette fonction, accessible quasiment sur tous les APN, permet de mesurer l’exposition sur une zone d’exposition très restreinte, au centre du viseur. Il suffit de sélectionner cette fonction, puis de viser la zone à mesurer, avec le collimateur central dans le viseur. Engager l’obturateur à mi-course pour garder la mesure, et composer son cadrage : une fois la mesure prise, elle ne se déréglera pas, même si l’on décentre le sujet du cadrage, à condition de ne pas relâcher d’obturateur engagé à mi-course. Déclencher la prise de l’image.

La mesure Spot est surtout valable dans les cas d’images présentant un sujet principal dans son environnement, elle sera moins utile en macro ou en plan très large, où il vaut mieux faire jouer les calculs de pondération du capteur, en ce cas.

Exemples:
(EX1) Mesure multizones par défaut
(EX2) Même image prise avec la mesure spot. Notez la différence d’exposition sur le sujet principal.


La compensation manuelle de l’exposition : les IL

Les IL ou Indices de Lumination est la somme des logarithmes du temps de pose, de la sensibilité ISO et de l’ouverture. Plus simplement, ils permettent eux aussi de jouer avec l’exposition de l’image, en proposant une exposition plus « sur mesure » que le réglage basique. Ils se règlent de tiers en tiers, dans le négatif comme dans le positif, 0 correspondant à l’image exposée sans correction.
Aller vers les « + » surexpose l’image, tout comme les « - » la sous-expose.
Nous partons du principe que les capteurs numériques ont tendance en général à surexposer légèrement les sujets, ce qui a pour conséquence d’écraser un peu les teintes, de les délaver. Cela peut être assez frustrant si l’on a comme sujets préférés les coraux multicolores et les poissons bariolés !
On peut donc demander, par le biais des fameux IL, de sous-exposer légèrement l’image, par rapport à ce que le capteur, lui, comme réglages de référence, afin de densifier et booster les couleurs.
A l’inverse, les amateurs d’images évanescentes et pastel pourront demander à l’appareil de surexposer légèrement l’image.
Un réglage de +/- 1/3 (0,3) à +/- 2/3 (0,7) est bien suffisant pour déjà voir une nette différence dans l’exposition, c’est à vous de le peaufiner jusqu’à obtenir l’effet souhaité.

Réglage de l’autofocus : choisir ses collimateurs

L'autre réglage primordial, après l’exposition, c’est la mise au point. Une photo pourra être parfaitement exposée, si la mise au point est bâclée et ne met pas en valeur précisément le sujet de votre image, tel que vous aviez envie de le montrer, alors l’image est ratée.
L’autofocus est l’outil permettant de gérer automatiquement la mise au point. Il se base sur un certains nombre de collimateurs pour mettre au point le sujet, selon la composition de l’image. Les autofocus « intelligents » sont capables de voir un sujet qui bouge, pour le suivre, et décident d’eux-mêmes ce qui semble être prioritaire dans le cadre.
Il existe cependant plusieurs modes de réglages permettant de guider au mieux l’autofocus, et éviter ainsi de rater sa mise au point automatique.
Tout d’abord, l’autofocus peut se régler selon un groupe de collimateurs. Cela peut être utile si l’on veut déterminer avec plus de précision la zone à prendre en compte dans la gestion de la mise au point, plutôt que de lui donner de la latitude sur toute la zone du capteur, au risque qu’il se trompe de cible. L’on choisira le groupe le plus approprié au sujet à photographier (se référer au mode d’emploi de son APN pour savoir où trouver ce genre de réglage précisément, et le nombre de choix possible, variable selon les boîtiers).
Ensuite, l’on peut choisir de ne prendre qu’un collimateur unique, afin de signifier à l’autofocus que l’on exclue toute les autres zones de la mise au point éventuelle. Cela vaut si l’on veut mettre en valeur un sujet très précis, noyé dans une foule d’autres détails que l’autofocus pourrait avoir envie de prendre en compte… Par exemple, un polype de corail parmi mille autres ! Seul ce point précis (et ceux qui seront à l’exacte même distance de l’objectif que lui) sera net et parfaitement défini sur l’image. Ce collimateur unique peut être déplacé dans le viseur (voir son manuel d’APN pour voir quelles sont les possibilités du boîtier), afin de pouvoir composer son image le plus précisément possible. On compose son image, puis l’on sélectionne le collimateur le plus approprié.
Si la rapidité du sujet ne permet pas de prendre son temps à composer et sélectionner le collimateur le plus adéquat, alors on fera la mise au point avec le collimateur central, en appuyant à mi-course sur l’obturateur, puis sans relâcher, on fera rapidement la composition de son image, avant d’appuyer totalement sur l’obturateur. Cette méthode est assez rapide, mais elle manque quand même de grande précision, puisque le mouvement opéré pour composer son cadrage aura sans doute fait bougé un peu les distances de mise au point. A noter que pour compenser cela, et dans la mesure des possibilités de l’exposition, on pourra toujours augmenter un peu la profondeur de champ, afin de pallier à la mise au point légèrement défaillante (là, vous avez tout compris, car vous vous souvenez parfaitement de ce paragraphe abordée en première partie ! ;) ).

Le choix du collimateur unique, allié à un autofocus intelligent, qui suit les mouvements du sujet mouvant, est le meilleur choix pour prendre une photo bien nette d’un poisson très remuant, par exemple. Le défaut du point unique est, par essence, sa zone très réduite, qui rend très « challenging » la prise de vue nette d’une zone très petite et très mouvante (par exemple, faire la mise au point sur l’œil du poisson nageur…)

Exercice : réglez l’appareil en collimateur unique, et entraînez vous d’abord sur des sujets plutôt immobiles, puis sur des sujets mobiles de plus en plus rapides. Il faut obtenir la mise au point parfaite, où la zone agrandie à 100% sera vraiment nette (par exemple, sur l’œil d’une crevette, on doit pouvoir discerner les milliers de facettes qui composent l’œil)


La mise au point manuelle

Si vous en avez la possibilité, la mise au point manuelle est toujours intéressante à exploiter, lorsque l’on est en quête de précision. En effet, si l’on a précisément choisi son cadrage, il se peut que le collimateur le plus proche proposé par l’autofocus ne soit pas vraiment situé sur le point exact sur lequel vous souhaitez faire la mise au point. D’autre part, si ce point est suffisamment petit pour devoir être extrêmement précis (macro), faire la mise au point en décadrant, et en tenant l’obturateur appuyé à mi-course, puis déclencher l’obturation après remise au cadre peut avoir fait bougé de quelques millimètres la distance du boîtier, et la mise au point ne sera plus aussi précise et nette. Il vous faudra donc mettre de préférence l’appareil en mode de mise au point manuelle, puis régler avec précision celle-ci à l’aide de la bague de l’objectif. Vous gagnerez cette petite netteté supplémentaire qui fait toute la différence. Mais attention de ne pas trembler ni bouger !


B – Les choix du matériel : lequel, et pour quel résultat ?


Cette rubrique n’abordera pas les questions de choix de l’APN, car les boîtiers évoluant sans cesse, une proposition de sélection serait obsolète quelques mois plus tard… Cependant, quel que soit le choix de départ en ce qui concerne l’APN, compact, bridge ou reflex, les options matérielles restent intéressantes à savoir pour tous (sauf le point sur les objectifs, qui intéressera seuls les détenteurs de reflex).


Choix de l’objectif

Macro ou grand angle ? Focale fixe ou zoom ? Ces questions déterminent de prime abord l’orientation artistique d’une image. Cependant, comme nous l’avons vu auparavant, au-delà du choix artistique, il y aura également un choix financier à faire…
L’objectif standard est souvent un zoom d’une focale moyenne, allant du 35mm au 135mm. Cela peut être un objectif à focale fixe, par exemple 50mm, ou un zoom couvrant plusieurs plages focales. C’est l’objectif de référence pour tous les usages classiques, portraits, reportages… En aquario, ce sera l’objectif des scènes de vie, des compositions un peu larges…. Toujours utile.

L’objectif grand angle couvre le plages focales en dessous de 35mm, soit donc par exemple un objectif fixe de 18mm, ou un zoom 17/70mm (démarre à 17mm en grand angle pour finir en focale standard). Le grand angle couvre un angle de cadrage beaucoup plus large que la focale standard, comme si le champ de vision était élargi. Du coup, l’image obtenue possède un effet panoramique très agréable à l’oeil. C’est l’objectif idéal pour les paysages, les vues d’ensemble. Il peut être utilisé en aquario pour les vues d’ensemble de bacs, mais son usage ne limité.

Le téléobjectif couvre les focales importantes, de 135 à 400mm, voire plus. Objectifs demandant de très grandes distances minimales de mise au point, il est inutile en photo aquario, mais est la référence des photographes naturalistes qui ne peuvent pas approcher leurs sujets de près (photographie de faune sauvage), et par dérivation, des paparazzis !

L’objectif macro, enfin, est un objectif à focale fixe (60, 80, 100, 150 ou 180 le plus souvent), possédant la particularité de pouvoir faire, malgré une focale relativement haute, une mise au point à distance très réduite, de l’ordre de quelques dizaines de centimètres au pire, ce qui permet de prendre des images de très gros plans. A noter que plus la focale est haute, plus la distance de mise au point minimale est grande.

Focale fixe ou zoom ? L’objectif à focale fixe est souvent plus qualitatif que le zoom, du point de vue de la qualité des lentilles utilisées, mais surtout de l’ouverture minimale, souvent plus large que les zooms. Le principal défaut est que, par essence, il ne zoome pas, ne permettant pas de se rapprocher du sujet.
Le zoom, lui, permet plus de latitude pour le cadrage, puisqu’il permet de sélectionner des plages focales différentes, mais le prix d’un zoom bien lumineux est souvent élevé. Les zooms « moyen de gamme » que proposent les constructeurs en pack avec leur boîtier sont souvent de l’ordre de f :3,5/5,6, ce qui n’est pas optimal, et risque de poser problème en cas de luminosité restreinte.
L’idéal est un zoom à ouverture fixe f :2,8 par exemple (l’option « zoom stabilisé », en plus, serait un must), mais les prix s’envolent…

Marque propriétaire ou « générique » ? Les gammes de prix ne sont pas du tout les mêmes, on va parfois du simple au triple en passant d’une marque générique à la marque propriétaire. Cependant, le prix réduit n’est pas forcement synonyme de mauvaise qualité, et même les pros n’hésitent plus à varier leur gamme d’objectifs avec des optiques de marque généraliste. Les progrès ont été considérables, et l’amateur même éclairé n’y verra que peu de différences, selon les optiques choisies. Nous vous conseillons de toujours vous referez à un guide spécialisé lorsque vous réfléchissez à l’achat d’une optique, pour connaître les bancs test de chaque choix, et trouver la bonne affaire. Sigma par exemple est souvent une des marques généralistes que l’on compare le plus fréquemment avec les marques propriétaires, et la qualité de ses piqués n’a souvent que très peu à envier à ces dernières.
En complément d’optique, vous pouvez vous diriger vers des bague allonges, des bagues d’inversions ou des bonnettes, qui permettent toutes de transformer un objectif standard en objectif macro, soit en rapprochant la distance de mise au point minimale, soit en ajoutant un pouvoir grossissant à l’optique. Ces compléments sont bien moins chers que les objectifs macro dédiés, et sont un bon compromis pour démarrer macrophotographie.


Choix de l'usage du flash

La question du flash divise vraiment les gens, il serait peut être plus approprié de classer son étude parmi les choix esthétiques encore plus que techniques. En effet, c’est selon le rendu que vous souhaitez avoir que vous allez décider si vous voulez mettre en route le flash ou pas.
Il peut aussi être un choix à faire pour certaines situations seulement. Avec un flash, vous pouvez vous permettre une vitesse bien plus grande. Le flash est donc quasi-obligatoire pour capturer les mouvements des poissons vifs. Il sera aussi recommandé pour éclairer l’œil d’un animal, qui fait souvent bien noir et terne sans flash (cela dépend en fait de la couleur des yeux de l’animal !). Il est aussi apprécié pour faire très nettement des détails vraiment macro, comme des écailles ou autre partie anatomique qui brillera bien mieux avec le flash. Par contre, le flash éclairant un corail de face écrasera ses couleurs, surtout sur les SPS, et rend le rendu très inesthétique.

En fait, il ne faudrait pas parler « du » flash, mais « des moyens d’éclairer » au flash. Le flash incorporé dans le boîtier est le plus souvent inutilisable. En mode macro, l’angle qu’il fa
it avec l’objectif, sur une courte distance de mise au point, ne permet pas de l’utiliser, car l’objectif est alors sur la trajectoire du flash, et le masque. En plan plus général, il est aussi d’un secours très relatif, car il fera des reflets très disgracieux sur les vitres, gâchant la scène cadrée.
Il faut donc un flash indépendant, déclenché par infra rouge sur commande de l’appareil photo (c’est un flash TTL). En macro, il sera positionné tout à côté de l’objectif (ou en zénithal, au dessus du bac), avec un bras articulé, afin de pouvoir éclairé le sujet sans que l’objectif ait une incidence sur la trajectoire de la lumière. En plan large, il pourra être positionné sur le dessus du bac, par le moyen d’un pied girafe par exemple (nous en parlerons sur le paragraphe suivant), pour éclairer le bac de façon zénithale, en complément beaucoup plus intense que la rampe d’éclairage du bac.
Pour la macro, on pourra également faire appel au flash annulaire, qui se fixe à l’extrémité de l’objectif, comme un anneau de lumière, mais, s’il est très performant, il ne permet pas de modeler la lumière, et donne un résultat très plat, très « clinique ».
Le must en photo aquario est d’avoir a disposition une kit de flashes TTL adaptables sur une bague annulaire mais entièrement modulables quand à leur positionnement, et qui peuvent aussi être mis en série autour ou au dessus du bac, et commandés en infra rouge. Ces kits, que toutes les grandes marques font maintenant, sont d’un prix relativement élevé, mais l’investissement en vaut le coup, si vous décider de vous lancer dans la macrophotographie de façon sérieuse, car ils sont extrêmement modulables et peuvent s’adapter à toute sorte de situation ou toute idée créative.


  • Choix de l’usage du trépied

    Enfin, nous aborderons la question du trépied… Encombrant mais si pratique, le trépied est un accessoire à posséder, pour tous les amateurs qui souhaitent avancer en photographie. Certes, il entrave la liberté de mouvement, et interdit la spontanéité de composition… mais il peut aussi se révéler d’une aide précieuse, voir être indispensable à certaines photos qui demandent de réduire la vitesse d’obturation. Il sera alors la seule solution pour conserver une belle netteté.
    Mais le trépied sera votre meilleur allié pour trois sortes d’images :
    • Pour obtenir un détail macro bien net, car en permettant d’abaisser la vitesse, vous pouvez ainsi optimiser la profondeur de champ, ce qui est très utile pour els sujets vraiment microscopiques, où chaque millimètre compte.
    • Pour les photos sous tubes actiniques, le trepied est indispensable. Il permet d’optimiser la vitesse de prise de vue afin de mettre en valeur la lumière et les fluorescences.
    • Enfin, le pied sera très utile en cas d’attente prolongée pour saisir un animal furtif. Se caler sur pied, cadrer et attendre que l’animal se montre, cela permet de se concentrer sur le viseur, et les réglages !
    Une autre sorte de pied photo, plus professionnel, peut rendre de fiers services. Il s’agit du pied dit « Girafe », à cause de sa longue tige déportée en coude. Un peu cher, il est cependant un article très intéressant pour la photo créative et les plus rigoureux d’entre nous. Il permet de fixer un flash à son extrémité, et à le maintenir sur le bac, ou autour, selon un angle plus ou moins zénithal. Malgré l’usage du flash, les effets de lumière sur le sujet paraîtront plus que plus naturels, et il permet de déboucher toute sorte d’ombre, surtout en angle difficile, afin d’optimiser l’exposition.

    Après cet exposé des matériels et accessoires, nous voici arrivés à la fin de cette seconde partie, et vous devez vous demander quand arriveront enfin les conseils strictement liés à l’aquariophilie… Patience, vous saurez le fin mot de l’histoire le mois prochain…


    En attendant, bon entraînement !

    Comme toujours je me tiens à votre disposition sur le forum pour répondre aux éventuelles interrogations.

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