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Une brêve histoire du récif

Rubrique : Vivant
Auteur : JLC
Niveau : Débutant

L’établissement, la construction d’un récif par les coraux hermatypiques puis son évolution nous aide à appréhender les différentes zones récifales pour tenter de reconstituer le plus fidèlement possible ‘un morceau de nature’ dans nos aquariums récifaux.

Naissance du récif fringeant
L’histoire d'un nouveau récif commence par une naissance, plus précisément de nombreuses naissances, lors de la reproduction sexuée des coraux. Nous savons que celle-ci à lieu une fois par an c’est un évènement remarquable. Les œufs fécondés deviennent des larves : Les planula. Les coraux sont en effet à cette étape de leur existence des organismes vivant en eau libre. Cette errance, au hasard des courants marins, permet l’essaimage de la colonie. Elle prend fin lors de la métamorphose adulte et transformation en polype. Les planula doivent avoir à ce moment un site propice pour se fixer. Il est indispensable qu'elles rencontrent par chance un substrat solide et correctement exposé pour survivre. Ce peut être le cas d’une épave, c'est plus surement celui de côtes rocheuses. Sur ce terrain propice commence un nouvel établissement de la colonie. Son développement se fait alors principalement par la croissance et le bourgeonnement asexué, celui observé en aquarium. Le jeune récif corallien, composé de multiples espèces, commence donc à croitre et recouvrir la roche en bordure de côte. Les colonies coralliennes forment un récif fringeant ou frangeant (cad en frange de la côte). Avec la maturité, la formation, composée de multiples variétés, présente la forme d'un tombant, appelé externe, orienté vers la mer libre. La croissance du récif se poursuit lentement vers le large, elle est finalement interrompue par la profondeur qui empêche les coraux hermatypiques de croitre par un manque de lumière. La lumière, via les zooxanthelles symbiotiques, est en effet une ressource trophique indispensable à la calcification. Ce type de récif frangeant s'observe actuellement en Mer Rouge.

Le platier
Le récif fringeant se développe donc jusqu'à la surface de l'eau, et les différentes colonies coralliennes commencent leur conquête du territoire vers le large. Tant que la profondeur d'eau permet le développement des espèces zooxanthellés, la croissance du récif se poursuit. L'épaisseur de la ceinture de corail augmente peu à peu jusqu'à constituer un platier. Le platier forme ainsi le sommet de la barrière corallienne. Son point le plus haut atteint souvent le niveau de basse mer et se retrouve même parfois à l’air libre. Le ressac alors qu’il recouvre la crête récifale, n’atteint plus les zones plus éloignées qui sont asséchées sous un ensoleillement intense. Le platier est un milieu proche des flaques laissées par la marée sur nos côtes. Ces conditions, très rudes, ainsi qu’un appauvrissement des ressources planctoniques, font que les colonies de coraux les plus anciennes, même exposées à la lumière solaire, finissent par mourir et se désagrègent. Cette érosion laisse place à un lagon, espace entre la côte et la barrière de corail vivante.

Le lagon
Le lagon est ainsi une sorte de lac au fond sableux, constitué d’aragonite, conséquence de la désagrégation des coraux morts, et de calcite due aux débris d'autres animaux (mollusques). Les squelettes des coraux continuent leur érosion et la profondeur du lagon témoigne de son ancienneté. Le biotope est ici très différent du tombant externe et de celui du platier. Ce lieu, plus calme, bien exposé au rayonnement solaire, est propice aux organismes incapables de résister à l’hydrodynamisme du ressac et aux conditions extrêmes du platier. Des passes se forment pour relier le lac interne et la mer libre. Ces passes sont soumises à des courants de marée pouvant être assez violents. Ces passes permettent la communication entre le lagon et la mer libre, elles contribuent activement aux échanges entre ces deux mondes. Par exemple : Les poissons juvéniles profitent d’un milieu adapté à leur croissance. Les algues, essentiellement les herbiers de phanérogames, se développent et sont favorables à l’expansion d’une faune particulière. Ces herbiers sont aussi prolongés par des mangroves (forêts de palétuviers) essentielles à la reproduction de multiples espèces.

L’atoll
L’atoll est un cas particulier d’érosion d’une île, généralement d’origine volcanique, propice à la constitution d’un récif fringeant. L’érosion fait que l’île s’enfonce progressivement dans l’océan. Le corail est alors poussé à se développer vers la surface pour compenser l’enfoncement de l’ile. Lorsque la croissance des colonies coralliennes suffit à balancer l’érosion, un lagon de très grande taille se forme et donne cette forme caractéristique d'iles comme les Maldives.

De multiples niches écologiques
Le récif est un biotope remarquable au sein desquels la vie s’épanouie sous de multiples formes. Bien que pour chaque organisme la survie soit individuelle, l’ensemble des espèces atteint une incroyable biodiversité où chacun à un rôle à jouer. Il y a un biotope récifal global composé de multiples niches où les interactions et échanges sont nécessaires et réciproques. Ces multiples zones aux caractéristiques spécifiques sont soumises à différentes conditions physiques : Forces et amplitudes des marées, du ressac, de l’ensoleillement, de la température, de la nature du fond, etc. Un lagon possède un tombant interne (coté de la barrière de corail orienté vers la côte) dont les coraux les plus fragiles et graciles sont les hôtes. Des plots de corail éparses dans le lagon, le tombant externe, le platier, l’herbier de phanérogames, la mangrove sont autant de biotopes, ou plutôt de ‘niches écologiques’. Les espèces animales et végétales, s’adaptent et modèlent ainsi autant de petits écosystèmes dont nous devons nous inspirer dans la réalisation de nos aquariums récifaux. Car, même si la plupart des organismes possèdent une aptitude d’adaptation, il est assez raisonnable de reproduire les caractéristiques écologiques d’un de ces micro habitats pour conserver dans de bonnes conditions les espèces typiques d’un milieu.

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