Alerte sur les récifs coralliens
Auteur: Systemc
Rubrique: vivant
Niveau: tous
Créés au cours d'une évolution de plus de 50 millions d'années, les récifs coralliens constituent l'un des systèmes les plus riches et les plus complexes de la biodiversité. Les naturalistes ont dénombré plus de 800 espèces de coraux et 4000 espèces de poissons vivant sur les récifs mondiaux. Ce sont des milieux extrêmement productifs et d'une grande richesse biologique. La productivité des récifs coralliens fait vivre un ensemble très riche d'espèces interdépendantes, qui représente la principale source de nourriture et de ressources vitales pour de nombreuses communautés insulaires et côtières depuis l'aube de l'humanité.
Dégradés par la pollution, la pêche intensive et le réchauffement de la planète, les récifs coralliens dépérissent à un rythme préoccupant.
Les différents experts en biologie marine ont estimé que 25% des récifs coralliens dans le monde ont déjà été détruit par l'activité humaine dans les dernières décennies.
Au rythme actuel, au moins encore 50% de ces chatoyantes forets sous-marines vont disparaitre d'ici un demi-siècle. Cette destruction aura des conséquences immédiates sur la vie de 500 millions de personnes en Asie du Sud-est et du Sud, en Afrique de l'est et aux Caraïbes. Les récifs coralliens sont une part importante du revenu des populations côtières et un récif sain fournit plusieurs tonnes de denrées alimentaires par kilomètre carré, représentant une source alimentaire vitale.
Les habitants du littoral ont besoin de leurs récifs pour développer la peche, attirer les touristes, protéger les cotes de l'érosion et des tempêtes.
Aux iles Vierges britanniques, dans la mer des Antilles, le tourisme représente 45% des revenus et plus de la moitié des emplois. En Malaisie, Vietnam, en Indonésie et aux Philippines, la pèche intensive a eu des effets désastreux. Le prélèvement massif d'espèces de poissons végétariens a entrainé une prolifération d'algues. Elles ont envahi certains récifs coralliens et les ont dominés. De plus, la pèche à l'explosif a gravement endommagé les coraux en Afrique de l'est. Tout comme la pèche au cyanure qui facilite la prise des poissons tropicaux en les rendant lents et maladroits, et qui détruit les coraux et de nombreux autres animaux du récif. Même si ces types de pêches ont diminué, elles perdurent encore dans certaines zones géographiques.
Mais la pêche intensive est loin d'être la seule cause du déclin de nombreux récifs coralliens. Ils souffrent aussi des pollutions industrielles, de l'étouffement par les sédiments que charrient les fleuves suite au déboisement ou encore de la diffusion des engrais agricoles.
Le réchauffement climatique joue aussi un rôle de plus en plus préoccupant. Fragiles, les coraux sont très sensibles aux variations de température. En 1998, El Nino, ce phénomène climatique périodique propre au Pacifique a entrainé une augmentation inhabituelle et anormale de la température des eaux tropicales. L'Afrique, le Pacifique, l'Indonésie et les Philippines ont été affectés. Le réseau mondial de surveillance des réseaux maritimes estime qu'en 1998 El Nino a détruit 15% des coraux du total mondial.
Dans l'Océan Indien, aux Maldives, au Sri-Lanka et sur les cotes ouest de l'Inde, il a eu un effet dévastateur sur les récifs déjà dégradés par l'apport de sédiments, la pollution dus à l'industrie et au déboisement qui eutrophisent les milieux récifaux.
Si comme on s'y attend, aux nuisances connues s'ajoute le réchauffement climatique, les récifs coralliens auront disparu dans 30 ou 50 ans.
Différentes causes de dégradation des récifs
Réchauffement climatique
La Grande Barrière de corail australienne pourrait perdre 95% de ces coraux vers 2050 si la température océanique croit de 1,5°C dans les décennies à venir, ce qui entrainerait des retentissements socio-économiques profonds et des impacts économiques importants.
La Grande Barrière est le récif le plus grand du monde, s'étendant sur 2300km le long de la cote nord-est australienne. Composée d'environ 2900 récifs isolés les uns des autres et approximativement de 900 iles, la Grande Barrière abrite plus de 1500 espèces de poissons et 400 de coraux, ce qui en fait un des écosystèmes les plus important de la planète. Les scientifiques la considèrent comme le plus grand organisme vivant de la terre et le seul etre vivant visible de l'espace.
Bien que la Grande Barrière soit un des récifs les plus sains au monde, les récifs coralliens sont particulièrement de fragiles écosystèmes, notamment à cause de leur sensibilité à la température ambiante de l'eau. Quand la physiologie des coraux est stressée, ils peuvent perdre leur algue symbiotique, évènement connu sous le nom de blanchiment du corail. Les coraux peuvent se remettre d'un blanchiment temporaire, mais prolongé, le blanchiment peut provoquer des dommages irréversibles allant jusqu'à la mort.
En 1998, l'année d'El Nino, la température de surface des eaux tropicales ont atteint des records historiques et les coraux autour du globe n'ont jamais autant souffert. 48% des coraux de l'Océan Indien occidental ont souffert du blanchissement, tandis que 16% du total mondial sont morts fin 1998. En 2002, 60 à 90% des récifs sur les 284 000 km2 de la Grande barrière ont souffert du blanchissement et bien que la plupart des écosystèmes coralliens récupèrent jusqu'à un certain degré, il est certain que des températures plus élevées dans le futur puissent avoir un impact néfaste durable et irréversible.
Une augmentation de la fréquence des attaques de blanchissement corallien peut etre considérée comme l'un des premiers effets tangibles du réchauffement global. Le problème est que, passé le seuil de blanchissement, les récifs coralliens ne puissent plus se régénérer.
Acidité des océans
Si il est vraisemblable que l'élévation de la température de l'eau ait le plus grand impact sur les récifs dans le futur, il y a d'autres facteurs qui affecteront la santé des coraux tels que les changements du niveau des mers, l'augmentation de la fréquence et de la force des tempêtes, les variations des précipitations, l'érosion des littoraux et l'acidification des océans.
L'acidification des océans est un souci majeur qui aura un impact direct sur le processus de formation du corail. En effet le corail et d'autres organismes marins utilisent les ions carbonates libres dans l'eau de mer pour construire leurs squelettes calcaire. Avec la monté des taux de dioxyde de carbone, les océans en absorbent plus, entrainant une acidification croissante de leurs eaux entrainant un affaiblissement de la concentration d'ions carbonates. Cette baisse ralenti la formation des squelettes des coraux et des organismes marins, les rendant plus vulnérables aux prédateurs et aux conditions environnementales. En septembre 2005, une équipe de scientifiques a estimé que vers 2100, la concentration de carbonates disponibles pour les organismes marins pourrait chuter de 60%. Dans les eaux de surface, d'où part l'acidification avant d'atteindre les couches inférieures, il se pourrait qu'il y ait trop peu de carbonates pour permettre aux organismes de constituer normalement leur squelette dès 2050. Une concentration de CO2 atmosphérique de 500ppm est la limite extrême pour les récifs coralliens. Au delà, les récifs coralliens pourraient ne plus exister. La concentration actuelle de CO2 dans l'atmosphère se tient autour de 380ppm, mais au rythme actuel d'acidification, la concentration pourrait atteindre 450ppm vers 2050. La plus grande partie de l'Océan Pacifique deviendra inhospitalière aux coraux au fur et à mesure que la concentration en carbonates diminuera.
Autres facteurs aggravants
Les cyclones jouent un rôle clé dans l'édification des iles coralliennes. Le dérèglement climatique du au réchauffement mondial a entrainé une augmentation de leur fréquence et de leur ampleur. Les cyclones entrainent une destruction des récifs par les houles et une forte sédimentation terrigène au débouché des rivières. Leur rôle est important dans les Mascareignes et sur la côte de Madagascar.
La déforestation dramatique des bassins versants, essentiellement pour l'agriculture, entraine une importante sédimentation sur les récifs dans certaines zones géographiques du globe. Ces apports induisent une dégradation des récifs frangeants par étouffement des coraux, augmentation de la turbidité et diminution de la lumière.
Les pollutions domestiques, agricoles et industrielles provoquent divers types de nuisance, dont l'enrichissement artificiel des eaux côtières en nutriments, qui induit une eutrophisation défavorable aux coraux. Ces phénomènes affectent essentiellement les zones de concentration urbaine.
Les risques de pollution accidentelle par les hydrocarbures ne sont pas négligeables, notamment dans le canal du Mozambique. Les mangroves sont très sensibles aux marées noires et sont en général détruites.
L'urbanisation côtière et l'aménagement du littoral (ports, aéroports, routes, remblais gagnés sur la mer) sont souvent réalisés au détriment des récifs coralliens et des mangroves. Les travaux se traduisent par d'importants rejets terrigènes qui étouffent les milieux environnants.
Les effets chroniques provoqués par une mauvaise gestion des effluents générés par l'industrie, l'agriculture, et divers polluants ménagers sont très préoccupants. Le ruissellement régulier de substances chimiques et de sédiments provenant de décharges mal gérées ou d'eaux usées mal traitées produisent des effets écologiques significatifs.
La dégradation et la perte des écosystèmes coralliens auront vraisemblablement une large répercution sur le monde économique. Des millions de personnes vivent autour des récifs dont ils tirent leur subsistance quotidienne. Si les récifs coralliens sont détruits à l'avenir, on verra des vagues de sinistrés écologiques en quete d'assistance.
De plus les récifs jouent un role important en protégeant les cotes de l'action des vagues, de l'érosion, des effets de tempètes. Par exemple la Polynésie française a des marées de faible amplitude grace à la protection de sa barrière corallienne. Si le récif se dégrade et que le corail croule, les structures en bord de mer courront un risque. Par ailleurs en brisant l'action des vagues, ils créent des zones post-récifale de calme agissant en obstacle infranchissable pour les bancs de poissons pélagiques, réduisant ainsi le risque de prédation des espèces récifales proies.
L'Australie pourrait etre le meilleur exemple impliqué dans les conséquences potentielles dues à la mortalité de ses récifs. Bien que l'Australie soit parmi les nations les plus développées au monde, la perte de sa Grande Barrière pourrait se traduire par un fort impact négatif dans son économie.
Chaque année 1,8 million de touristes visitent le site, dépensant plusieurs millions de dollars. Les activités induites par l'environnement (plongée, navigation de plaisance, séjours sur site) génèrent un revenu supérieur à celui du secteur commercial ou de la peche de plaisance.
Le tourisme a incité le gouvernement australien à préserver le récif. Il a récemment interdit toute activité d'extraction sur 1/3 du parc marin de la Grande Barrière, la rendant ainsi la plus grande réserve marine protégée du monde. Cette protection est aussi bénéfique à la peche industrielle, puisque la réserve redevient une nursery qui va repeupler le récif entier.
Les récifs coralliens constituent non seulement une richesse écologique et biologique immense, ils ont également une valeur économique non négligeable qui peut contribuer aux développement des pays pauvres. Ainsi la recherche qui met en lumière la valeur des récifs constitue un mécanisme d'une importance vitale pouvant inciter à la protection des ressources marines par la promotion et l'appui de campagnes de sensibilisation, le renforcement des institutions, le controle de la pollution et la gestion des programmes de conservation.
Les récifs coralliens du monde entier sont soumis à des pressions tellement intenses qu'ils sont gravement menacés à l'heure actuelle et que, si rien n'est fait pour enrayer leur dégradation, ils pourraient disparaitre au cours du 21ème siècle.
1 commentaire:
Ce document sur les coraux m'a bien aidé pour exposé de science.très interressant et bien fait! merci
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